37ème édition Jazz à Vienne :

Ce qu'il s'est passé le lundi 10 juillet 2017

 

 

f-robin-110x110 Le croquis et la chronique de François Robin

 

Le Hichem Khalfa Quartet. La générosité de l'ombre. (Vu à Cybèle le  dimanche 9 juillet 2017)

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Lorsqu'en 1459 - six ans après qu'il eut pris Constantinople - Mehmed II "Fatih" ordonne la construction de son nouveau palais, il choisit le site de l'acropole de l'ancienne ville grecque de Byzance Voir la suite . . .

 

Voir le blog de François Robin

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daniel-peyreplane-110x110 Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane

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Sur la scène de Cybèle

Mystere Swing Big Band de Saint-Priest

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Cette formation bien installée dans le paysage rhodanien avance tranquillement sur son chemin du Swing.
Ce midi c'est Sinatra, Count Basie, Ellington et d'autres icônes du genre qui sont au menu.
Une petite section rythmique et une vraie section de soufflants (cinq sax, quatre trombones et quatre trompettes) sont à l'œuvre pour faire sonner et pousser des titres intemporels.
Il faut aussi compter avec le chanteur et animateur du set Daniel Béguin.
Le tout sous la direction éclairée  de Michel  Rodriguez.
Ce Mystere Swing Big Band n'en n'est plus un depuis longtemps et il ronronne bien.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com


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Olivier Truchot & Célia Kaméni

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Quel tandem inattendu : lui pianiste chevronné, rodé à tous les styles, rieur, expansif ; elle, élancée, lumineuse, réservée. Ils arrivent ensemble et s'installent pour la balance. Pas de tour de chauffe, ils sont "dedans" tout de suite. La magie de la voix superbe de Célia Kaméni opère dès les premières secondes. Elle est dans la retenue et la sensibilité. Olivier Truchot joue et sourit d'aise car il sait que la synergie s'installe. Quelques menus réglages et l'affaire est dans le sac. Jusque là il fait beau.

Le set commence à l'heure (16h00), le ciel s'est chargé. Deux ou trois morceaux. On prend le tapis volant. ... et c'est l'apocalypse. Festival de parapluies. Les milliers de litres d'eau se déversent sur Cybèle, le vent la transporte à l'horizontale. 16h20, fin inopinée du concert, les éléments ont vaincu les muses. Et le ballet des techniciens qui s'affairent pour protéger le matériel, les installations ; les agents de sécurité qui font évacuer le site.

Aux dires des techniciens présents à Cybèle depuis sept ans c'est une première que cet orage d'une telle intensité.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

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La&Ca

Concert annulé suite aux intempéries qui ont plus que mouillé la scène.

 

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EYM trio

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On n'y croyait plus mais la pluie s'étant calmée, les techniciens de Cybèle ont tout fait pour permettre à EYM Trio  de pouvoir jouer. Bien sûr ça s'est fait en mode "roots" comme ils disent. Moins de micros, moins de retours, pas de piano à queue, les musiciens bien resserrés, comme pour se mettre au chaud. Mais ce qui importait aux musiciens c'était de jouer ici ,à Cybèle, devant un public de connaisseurs.

La météo annonce encore un orage avant la fin théorique du concert alors on l'avance d'un quart d'heure.

Et c'est parti pour le trio EYM : Elie Dufour (clavier) Yann Phayphet (contrebasse) et Marc Michel (batterie) qui vient présenter son nouveau projet "Khamsin". Les trois débutent le set avec un thème calme pour poser l'ambiance. Ce trio fonctionne depuis plusieurs années alors la route est dégagée et la vitesse de croisière est vite atteinte. Et puis arrive subrepticement, sans être annoncé, l'accordéoniste Marian Badoï pour lancer Le lours de Kuala Lumpur. Puis c'est au tour du oudiste Mohamed Abozekry  de venir prendre sa place. Changement d'atmosphère, cela se balkanise notamment avec Le vent des Carpathes. Avec Möbius strip arrive un troisième invité, surprise celui-là, Quinn Oulton, jeune saxophoniste londonien, réputé outre-Manche. C'est bien là l'esprit de cette formation : l'ouverture aux autres musiciens et au monde. EYM a créé un pont avec l'Inde, les liens se resserrent et d'autres horizons se profilent.

Mais il est temps de se quitter, cela se fait en évoquant Bengaluru, une cité indienne qui a reçu le trio à plusieurs reprises.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

 

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Lisavril

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Au début je me disais que c'était une drôle d'idée que de programmer le set de Lisavril sur la scène du Kiosque. Cela commence "très chanson française réaliste" comme on en faisait au siècle dernier. Et puis progressivement les choses se mettent en place et sur scène et dans ma tête. Mais bon sang c'est bien sûr ! C'est notre blues à nous! Cette façon de décrire les gens, les choses, avec humour, un doigt de décapant et de gouaille, un peu de gauloiserie coquine.Et puis la musique se met en place, ça commence à swinguer. Et au final Lisavril avec ses compositions, ses pastiches nous aura fait passer un délicieux moment dans une autre dimension que celle attendue à Cybèle, mais si proche.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

(Lisa Favre: voix ; Nicolas Grandgirard: guitare, chœurs ;  Xavier Nunez Lizama: contrebasse, chœurs ; Vincent Bouas: batterie, chœurs)

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Tim O'Connor

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Changement de paysage pour ce dernier set de la soirée à Cybèle. Direction l'Irlande avec le guitariste-chanteur troubadour Tim O'Connor accompagné du violoniste Benjamin Lallement. On passe à du folk "irish". La Guinness n'est pas à la carte du bar dommage!

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

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Aux abords de Cybèle

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Parapluie sur pattes

 

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Au Théâtre Antique en soirée

Lianne La Havas

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"C'est en ouvrant ma fenêtre ou en passant ma porte que je trouve l'inspiration."
Michel Tournier, Journal extime


Un petit moment de bonheur.
Seule avec sa guitare face à des centaines de personnes, Lianne La Havas nous offre une promenade qui laisse passer le temps. Son timbre chaud gorgée de soul nous éveille, ses doigts jouent le bercement, ses fins de phrases s'envolent. La jeune chanteuse entraîne notre écoute d'un jeu extime.
Comme si elle montrait à tous ce qui doit être livré à peu, elle partage le monde qui nous entoure. Ses vacillements du dedans au dehors, ses passages du sensible aux envolées lyriques sont des sauts par où l'extérieur fait brèche dans l'intime.

Soutenue par Prince, comme Janelle Monae et Judith Hill, cette jeune femme de vingt-six ans est née dans le Sud de Londres. Son deuxième album "Blood" lui permet de chanter ses racines, grecques par son père et jamaïquaines par sa mère, elle se joue des inflexions de voix comme des passages d'une culture à l'autre. Mais c'est avec  bien moins de "réverbe", dans le style de son premier opus Is Your Love Big Enough qu'elle convainc peu à peu le public ce soir.

Pourtant, au moment des adieux, le dépouillement du délice narcissique de l'exhibition disparaît : pour une photo elle entraîne la foule à crier et à lever les bras, elle se retourne, dos au public, ça mitraille...

Valérie Lagarde & photos Marion Tisserand

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Mary J. Blige

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J'attendais la soirée d'hier avec autant d'impatience que ma première boom. Quand la programmation du festival est sortie, je savais que Mary J. Blige -MJB pour les intimes- ça serait ma soirée "minikeums génération", mon "90's revival", ma "teenager party". Je ressortais ma meilleure mixtape de l'époque (en version digitale ci-dessous), qui constituait en une série de cassettes au son douteux à force de réenregistrements, où TLC, En Vogue, Ace of Base, P.Diddy, Blackstreet et Nirvana se battent parmi tant d'autres pour le plus grand nombre de replays (j'y ai tué quelques crayons HB). Comme beaucoup de mes congénères de la génération Y -les "millennials" comme on dit aux states- cette nostalgie des années 90, pogs inclus, est ancrée en moi comme le mulet dans les années 80.


(Ma plus belle playlist de soirée 90s, fonctionne aussi dans la voiture pendant les bouchons.)

Au début des années 90, Sean "P.Diddy" Combs propulse Mary J. au sommet où elle s'impose très vite comme LA nouvelle figure féminine du New Jack Swing, (style musical fusion du hip-hop, du R&B et de la soul) alors représenté par Guy, Bobby Brown, Janet Jackson ou encore Whitney Houston.

Succès fulgurant, drogue, alcool, Grammys et dépression, en quelques années à peine, Miss Blige a tout d'une véritable superstar à l'américaine. En 95, trois ans après la sortie de son premier album, elle partage l'affiche avec Queen Latifah, Aaliya, TLC ou encore Monica pour le single Freedom, thème du film "Panther" et dont la bande originale recueillera un franc succès. En dix ans, elle devient inéluctablement la "Queen of Hip-Hop Soul" et contribue à l'avènement du genre en y gravant l'empreinte de sa voix chaude et soul.

Cette année, et après 26 ans de carrière, elle décroche enfin son étoile sur le Hollywood Walk of Fame aux côtés de Snoop Dogg et Ice-T. Pour ma part, j'ai des souvenirs de hit machine qui passait le clip de I'm Goin Down ; puis celui de Family Affair, qui a fait entrer Mary J. Blige dans le classement de la semaine en 2001, surclassant Yannick Noah mais largement dépassée par les L5, Lorie et Les Lofteurs. Elle réitère l'exploit avec Be Without You en 2006, mais Le Papa Pingouin est tellement indétrônable que même Zucchero arrive en seconde place... C'est donc cette même génération Hit Machine qui est là ce soir pour acclamer celle qu'ils ont un jour relayée à la 14ème place du Top Single R&B. Plus de trente nominations aux Grammy Awards plus tard, la Queen Mary vient fouler le sol Rhônalpin de ses talons aiguilles (22 cm), pour le plus grand plaisir de ces fans inconditionnels du R&B bercés à la sauce Skyrock.

Le début du concert se fera en grande(s) pompe(s) sur Love Yourself, qui ouvre aussi son dernier opus "Strength Of A Woman". Longues tresses blondes, lunettes de soleil sur le nez et veste léopard sur le dos, la star tant attendue fait son entrée sur quelques pas de danse signature dont elle seule a le secret, histoire de bien asseoir sa position de reine du hip-hop. Ne manque que le fameux "Go Mary" que ses fans ont l'habitude de scander pendant ses breaks pour l'encourager.

Pour ceux qui ne sont pas habitués, petit cours de rattrapage express en "3 Gifs, 3 Moves" :

Le Broken Robot
Broken robot

Mary's Kick
Mary's kick

La Grenouille
La grenouille

(Bonus.
Parce que si moi je danse comme ça, je finis direct en cellule de dégrisement !)

Malgré les soucis techniques de pannes de micro et de retours mal réglés, le show se met en place autour des tubes de la star : The One, Love No Limit, Don't Mind, I Can Love You, etc. Il faut dire qu'avec ses treize albums studios et pléthore de collaborations, le répertoire est large et les spéculations sur la setlist fusent autour de moi. Soudain, Mary disparaît dans les loges en laissant les rennes du théâtre aux excellents musiciens sur scène (Big up à Messieurs Rexsell Hardy Jr à la batterie et Robert "JJ" Smith à la basse !) et à ses choristes (Ashley Washington, Elizabeth Komba et Sharon Bennett).

Comme l'avait déjà fait son homologue Chaka Khan (voir ici) avant elle, la diva fera un retour en scène fracassant sur My Life dans une nouvelle tenue dont les cuissardes et le mini short ne manqueront pas d'émoustiller le public. Si MJB n'est pas avare de commentaires sur ses chansons, elle l'est encore moins sur sa vie privée et n'hésite pas à étaler ses déboires judiciaires et sentimentaux sur un plateau d'argent. On se croirait sur le compte twitter de Perez Hilton, les commentaires en moins, et je suis ravie d'apprendre que son mari l'a trompée et qu'elle n'a pas suffisamment blindé son contrat de mariage pour ne pas lui refiler un copeck. Douée la Mary, elle a su s'attirer la sympathie de six mille personnes pour son interprétation pour le moins... vivide -jeté de micro inclus- de Set Me Free, une ode aux amours déchus qui ne mâche pas ses mots. Libérée, délivrée ! Ironiquement, elle enchaine peu après avec No More Drama, succès de 2001 sur l'album éponyme et dont le sample mythique du générique des "feux de l'amour" colle parfaitement au mood de la soirée. L'interprétation se veut à fleur de peau (j'hésite entre ses talons qui lui faisaient mal aux pieds ou une poussière dans les yeux) mais bon sang, quelle intensité !


(Je suis obligée, c'était indescriptible...)

Elle ne manquera pas non plus de reprendre en solo l'hymne One qu'elle avait réenregistré en 2005 avec U2 pour son album "Breakthrough" suite à la réception positive du public à une performance live avec Bono. Séquence émotion garantie ! Mais la Queen ne pouvait évidemment pas quitter la scène sans offrir à ses fans un Family Affair bien senti en conclusion de ce bon gros show et de saluer tout le monde avec un "Merci France ! Bonjour !" en laissant les dernières notes à ses musiciens et le soin d'éteindre les spots dans une mise en scène qui fait écho à l'ouverture du concert.

And that's a wrap ! Mary, ce soir tu as ravi l'ado qui sommeille en moi et fait rire aux éclats l'adulte qui gère le reste. Pour ce qui est du public français, va savoir, peut-être auras-tu bientôt la chance de passer devant Jul dans les charts...

Claire Jalmain & photos Marion Tisserand

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Au Club de Minuit/Au JazzMix

Yacine Boularès "Ajoyo"

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Existe-t-il une société idéale ? Platon l'a affirmé, Montaigne s'est interrogé, Rousseau l'a imaginé, Marx l'a inventé.

En vain.

Ce n'est pas notre société moderne, empêtrée dans le tout sécuritaire, qui viendra en faire la preuve. Les cerbères qui gardent le jardin de Cybèle seraient prêts à vous molester pour un couteau suisse que vous avez négligemment oublié au fond de votre sac. Ce n'est pas non plus le pseudo modèle du nouveau président de la République qui prétend bannir les contraires en politique qui apportera paix et concorde. Yacine Boularès, en philosophe éclairé et en musicien accompli, s'interroge lui aussi sur cette société idéale. Non pas en théoricien éloigné de la pratique. Il est à la fois "croyant et pratiquant". La philosophie en actes. La musique comme vecteur de paix. La musique avant tout. La musique comme prétexte à la fête et à la transe. Hier soir, nous étions en Afrique noire, en Afrique du nord, nous voguions sur les pas de Fela Kuti.

Avec "Ajoyo", Yacine Boularès tient là un des meilleurs groupes de musique de transe, de danse de toute la galaxie jazz réunie, aussi solide que Sixun en son temps. Groove et feeling sont comme des secondes natures chez chacun des musiciens. Il y a là une société idéale dans le sens où les individus donnent naissance à un groupe, qui explose littéralement sur scène, jouant savamment de toutes les nuances qu'il peut utiliser pour nous émouvoir, joie communicative, rythmes hypnotiques, combinaisons des sons et des forces, mélodies entêtantes. Ce groupe, uni, dialogue et donne à chacun un espace pour improviser, un espace d'expression, pour appréhender plus que sa personnalité musicale, son identité, comme le plait à le dire Yacine Boulares (cf l'entretien plus bas). Il y a de la densité groupale, il y a de la méditation individuelle et des prouesses inégalées (les envolées du saxophoniste au son si chatoyant, la voix magnifique de la chanteuse qui s'en sert aussi comme d'un instrument en proposant des secondes voix, le travail colossal du guitariste, sorte de syncrétisme entre jazz et musique africaine, une section rythmique parfaite avec de merveilleux solos, la présence indispensable du pianiste.

Si la joie et la fête sont marquées, remarquables, le propos de Yacine Boularès et de la chanteuse Sarah Elisabeth Charles reste avant tout de magnifier la vie et de la rendre plus humaine, plus habitable, avec la place pour chacun pour s'affirmer sans chercher à gommer les différences. Apprendre de l'autre pour apprendre sur soi. Comme ces détours qu'il fait par d'autres cultures africaines, pour mieux découvrir la sienne. Un peu comme Bernard Lubat qui joue avec le gratin du jazz américain avant de découvrir que dans son village des Landes les anciens jouent une forme de blues. Claude Levi Strauss, dans les conclusions de son travail d'ethnologue, rappelle que toute société évolue au contact d'autres, que chaque progrès n'a pu être réalisé que par emprunt à la culture d'autrui. Yacine Boularès en a fait un  principe, pour notre plus grand bonheur. Ce merveilleux musicien a quelque chose d'essentiel à nous apporter, la possibilité, à son écoute, de nous retrouver nous aussi. Avec, en prime, à son contact, le lyrisme à nos oreilles et le goût de la transe.

Laurent Brun & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

 

Rencontre avec Yacine Boularès, propos recueillis par Laurent Brun

Laurent Brun : J'ai découvert votre musique sur France Culture. Je me suis empressé d'acheter le disque, "Abu Sadiya". Je n'avais pas entendu depuis longtemps quelque chose d'aussi poétique, fait de dépouillement, de sensibilité extrême, de discours frais et enthousiasmant. J'ai découvert votre jeu de saxophone. Que pouvez-vous dire sur votre approche de la musique, qui me semble être à  la croisée de plusieurs chemins, du côté des mélodistes mais aussi du côté free, libéré de la mélodie ?
Yacine Boularès : J'ai commencé mon parcours en étant très influencé par Coltrane, et notamment par l'album Crescent qui a pour moi la même valeur que Love Supreme, un album qui véhicule beaucoup plus que de la musique, qui fait passer un message très spirituel. Ça a été ma première influence, bien avant que je sois musicien. A l'adolescence déjà. Et puis est venu ensuite l'apprentissage plus formel. Après mes études littéraires et philosophiques, je me suis mis au saxophone. J'ai démarré dans un conservatoire d'arrondissement à Paris auprès d'André Villéger, qui insistait beaucoup sur l'aspect mélodique, sur le fait qu'entendre une mélodie avant de la jouer est une nécessité. Je suis ensuite entré au conservatoire national dans la classe de Ricardo del Fra où j'ai été exposé à une musique plus libre, à plus de musique improvisée, plus d'avant-garde, ce qui a considérablement ouvert mes oreilles et mon horizon. Après ces deux ans, j'ai eu l'envie d'aller aux sources du jazz, d'aller apprendre à New York à la New School avec une bourse d'étude. Là j'ai appris auprès de mes idoles : Chris Cheek, Jean Michel Pilc, Donny Mac Caslin, tous ces musiciens que j'écoute depuis longtemps et qui font la scène contemporaine du jazz new yorkais. Le modèle pour le disque Abu Sadiya, c'est beaucoup le saxophoniste Marc Turner, à travers son groupe Fly, en trio avec Jeff Ballard et Larry Grenadier, dans lequel il est difficile de faire la distinction entre les mélodies écrites et l'improvisation. C'est un album avec une trame de composition qui ouvre de temps en temps des espaces d'improvisation là où on ne les attend pas. Cela sort du canevas thème impro thème comme dans le jazz plus formel.

L.B. La philosophie joue un rôle dans votre devenir musicien ou dans votre musique tout simplement
Y.B. Mon envie de jouer est née de mes études de philosophie. J'écoutais du jazz depuis longtemps. J'étais en master et je faisais des recherches sur le discours musical. Rien ne me satisfaisait réellement. De cette insatisfaction est née mon envie de mettre la philo de côté pour pratiquer. De mes lectures est venue le désir de mettre la pensée de côté. Ce qui me reste de mes études c'est une structure intellectuelle et conceptuelle, ce qui m'a permis d'aller à l'essentiel, à "mon essentiel",  pour rattraper le temps car j'ai commencé tard la musique. Par contre je ne pense pas être un de ces musiciens qui savent tout faire, j'ai plutôt essayé de trouver ma voie le plus vite possible et de la développer. Je me définis plutôt comme un musicien analytique, plutôt que synthétique.

L.B. quand on joue, on n'est plus dans la pensée ?
Y.B. La pensée est préparatoire, elle est dans la pratique quotidienne de l'instrument, on développe des concepts, on pense énormément en dehors du moment musical, par contre quand je suis dans le moment musical, les pensées sont parasites. Celui-ci doit être un moment de transe, d'oubli, pour être en communion avec autre chose que soi-même, avec les autres musiciens, avec quelque chose qui nous dépasse, la musique elle-même. La pensée existe dans la musique, elle est très importante mais pas dans le moment musical.

L.B. quelle est l'importance de la légende d'Abu Sadiya chez vous ?
Y.B. La légende d'Abu Sadiya m'inspire depuis des années. Le disque en est le résultat. Quand j'ai cherché les concepts et les esthétiques qui forment mon discours musical, le Stembeli, cette musique de transe, et l'histoire d'Abu Sadiya en font partie. J'ai entendu l'histoire de ce personnage du folklore tunisien à travers mon père. J'ai commencé à lire sur cette légende, je me suis mis à écouter le Stembeli, à rencontrer des musiciens qui le jouent, et à former un discours musical sur cette légende. Dans mon précédent disque, Ajoyo, j'avais déjà écrit une chanson qui en faisait référence. Ce qui reste de mes recherches c'est une découverte de la transe, en jouant avec des musiciens africains, en dialoguant avec Vincent Ségal aussi. C'est un musicien qui a une capacité d'entrer en transe quasi automatiquement, quand il joue de la musique baroque ou brésilienne, du jazz ou du Stembeli. C'est une sorte de sorcier !

L.B. comment définiriez-vous la transe ?
Y.B. La transe c'est une absence de soi, J'étudiais il y a quelque année avec Fabrizio Cassol. Il me disait « l'égo est un obstacle. Il faut trouver des solutions pour le dépasser. Pour n'être qu'un vecteur.  Car la musique existe avant et après toi, elle ne fait que passer par toi ». Arriver à un moment de transe, c'est arriver à ce moment où on est ce vecteur, et rien d'autre. Ça passe par l'oubli de soi. Ça passe par une empathie pour tout ce qui nous entoure. C'est complexe, mais je pense que c'est essentiellement ça.

L.B. Sur le disque vous évoquez votre nouvelle reconnaissance en arrivant aux Etats-Unis, vous n'êtes plus un musicien tunisien à New York, comme vous pouviez l'être à Paris, mais un artiste du Tout monde (comme aurait dit Edouard Glissant). Souffriez-vous à Paris d'une reconnaissance partielle, faite de représentations et d'a priori étouffants et sclérosants? 
Y.B.  On est dans des sociétés difficilement comparables, la nôtre et celle de New York (je ne veux pas dire américaine). Ce que j'ai ressenti depuis mon enfance, c'est que l'étranger en France cherche à s'assimiler. J'avais un père tunisien, une mère française et très tôt j'ai compris la nécessité d'être plus français que tous les français. Parce que je porte un nom d'ailleurs. Parce qu'on vient d'ailleurs. Parce que c'est l'idéal républicain. On s'assimile et c'est une belle chose mais qui écrase un petit peu et qui ne laisse pas respirer les héritages culturels, émotionnels, sachant que c'est un héritage assez lourd. L'héritage tunisien est peut-être moins lourd que d'autres dans le sens où la décolonisation a été assez pacifique. Mes ancêtres l'ont vécu et je le porte aussi en moi d'une certaine manière. En arrivant à New York, j'ai senti la légèreté de vivre sans cette histoire. Du coup, d'être exposé à la curiosité de musiciens ou de gens que je rencontrais au quotidien « la Tunisie qu'est-ce que c'est, qu'est-ce qu'on joue comme musique, qu'est-ce qu'on mange, qu'est-ce qu'on pense » une curiosité qu'il n'y a pas en France. Ici, oui on sait que la Tunisie c'est de l'autre côté de la méditerranée, c'est l'ancienne colonie, c'est la plage, le couscous, la danse du ventre. On a l'impression d'en savoir beaucoup mais en fait on n'en sait rien. C'est comme un voisin à qui on dit bonjour tous les jours mais avec qui on n'a jamais eu une conversation de plus de deux minutes. Il y a des différences fondamentales entre les deux lieux mais à New York il y a une fraicheur, un regard frais sur ce que je peux être, du coup une liberté pour l'explorer. Ça libère la musique et ça libère la possibilité de reconstituer une identité fragmentée.

L.B. On se prépare différemment avant un concert, quand on joue dans un petit club ou sur la scène de Jazz à Vienne ?
Y.B. Jazz à Vienne, j'en entends parler depuis toujours, c'est peut-être le plus grand festival de jazz en France. Cela représente beaucoup pour moi. C'est la première fois que je joue sous mon nom dans un festival majeur en France. Je le fais régulièrement partout dans le monde, au Japon, en Chine, dans le monde arabe, en Côte d'Ivoire, aux Etats-Unis. J'ai la chance d'avoir une carrière jeune mais florissante. J'ai quand même grandi en France et j'ai l'impression que jouer dans un festival comme Jazz à Vienne est une étape. C'est une première et je pense que c'est un super public aussi. J'entends parler de Jazz à Vienne comme d'un festival assez rare.


L.B. Ce soir, que présentez-vous ?
Y.B. Je viens avec mon projet précédent, Ajoyo. Un projet plus africain, subsaharien. Influencé par mes rencontres à New York, notamment avec des musiciens camerounais et ivoiriens. J'ai écrit la musique. J'ai écrit certaines chansons, deux textes sont proposés par Sarah Elisabeth Charles, la chanteuse du groupe. Il y a une collaboration entre nous. On travaille beaucoup autour de la question de l'identité. Elle est haïtienne américaine, métisse. Etre métisse aux Etats-Unis pose question dans un pays qui revendique actuellement sa blancheur et qui cherche à revenir en arrière, notamment sur les droits sociaux des noirs américains. On parle de discrimination. On s'interroge. On n'accuse pas. Notamment sur le ressort de la personne qui discrimine. On essaie un peu d'être dans l'empathie et d'interroger le bourreau. Savoir ce qui motive tant de haine à l'encontre de l'autre, du différent. Ce sont des paroles très humanistes. Il y a quelques textes qui portent sur la légèreté de la danse, l'hommage aux danseurs (un texte est un hommage à Fella Kuti). Il y a des sujets aussi plus léger, plus "entertainement", où on veut fêter et célébrer la vie.
Chez moi, la place des arts est centrale. Je lis beaucoup, je suis très sensible à la littérature, à la peinture également. Je suis fan de peinture impressionniste française et anglaise, un grand fan de Turner. C'est un continuum, ce sont d'autres vecteurs qui laissent passer le beau de manière différente mais qui pour moi me modèlent et me construisent autant que d'écouter un disque ou que de voir un concert.

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La galerie de photos de Jazz-Rhone-Alpes.com

Les concerts du lundi 10 juillet 2017 à Vienne


Mystere Swing Big Band de Saint-Priest ; Olivier Truchot & Célia Kaméni ; EYM trio ; Lisavril ; Tim O'Connor ; Lianne La Havas ; Mary J. Blige ; Yacine Boularès Ajoyo Feat Sarah E. Charles

 

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