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37^ème édition Jazz à Vienne :

Ce qu'il s'est passé le samedi 8 juillet 2017

Le croquis de François Robin

Trombone Shorty

Voir le blog de François Robin

Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane

Sur la scène de Cybèle

Magic 85

Que de monde sur la scène de Cybèle. Trente cinq musiciens et chanteurs composent ce band de l'école de musique Music 85 d'Oullins sous la direction de Stéphane Martinan. Habituellement cette formation excelle dans le funk et le R'& B, ce midi elle a décidé de nous surprendre avec un répertoire "latin groove".

Et ça commence après l'intro avec un Smells like a teen spirit  de Nirvana à la sauce caraïbe, original. Suivront des tubes du genre comme Quisaz Quisaz Quisaz ; Whatever Lola wants ou encore un And I love her des Beatles revisité. On trouvera aussi un intrus : Misirlou de la B.O. de Pulp Fiction, "mais comme on l'aime bien et qu'on avait envie de le jouer, on le fait...", la série latine s'arrête avec Mambo 85. La transition se fait avec Soul Sacrifice de Santana.

Le band revient à ses premières amours avec des bons gros It's a man's man's man's world puis Spoonfull avant de finir sur un Back on the street again.

Avec ça on passe un excellent moment parfait pour entamer la longue journée qui s'annonce.

Au crédit de la formation la paire de chanteurs Julien et Hélène qui servent au mieux et avec conviction leurs morceaux et surtout la belle ambiance décontractée qui règne au sein du groupe et qui rejaillit sur la musique.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

Banana Soul

Encore une belle surprise à Cybèle. Banana Soul est une toute jeune formation qui a été programmée au dernier moment suite à une défection. Bachir N'Dyae, le bassiste qui anime les jam sessions du lundi soir au Labo Music Bar a réunit une équipe de fidèles : Jeannot à la guitare ; Shan à la batterie et Joël au clavier. Et surtout la ravissante et radieuse Elina Jones à la voix. Cette formation reprend majoritairement des tubes de la Motown et pas n'importe lesquels : Fever ; Cry to me ; Street Life avec quelques petites surprises dans l'arrangement ; What a wonderful world sur un tempo tout doux quasi langoureux ; une ballade Am I the woman (dans la version de Beth Hart) ; Autumn leaves sur un arrangement de leur cru, façon funky, encore une surprise, alors qu'on pensait connaître toutes les facettes de ce tube. Final sur I feel good du Maître James Brown qui achève de mettre le feu.

Ce nouveau groupe va faire parler de lui à Lyon et bien au delà une fois les premiers défauts de jeunesse corrigés.

Pascal Derathé & photos Nathalie Jamais

Seth XVI

Une drôle de proposition que celle de Seth XVI, chanteur, guitariste, sampleur, ambianceur. Il nous propose un set assez éloigné de ce que l'on pourrait appeler du jazz (même avec beaucoup d'ouverture d'esprit ) hormis la caution du saxophoniste Jules Daubail sur un morceau. De la bonne pop-variété. Passons.

Pascal Derathé & photos Nathalie Jamais

ArbaA experimental Chaâbi

Le lotar ou loutar est un luth piriforme à manche court du Maroc, il se distingue du oud par sa caisse taillée dans une  pièce de bois et sa table faite d'une peau tendue. En fonction de sa taille il dispose de trois ou quatre cordes. C'est un instrument populaire parmi les bardes amazighs ("Hommes libres") du Maroc.
Mohamed Rouicha (1950-2012) l'a modernisé et popularisé. Voici ce que nous explique en quelques mots Léo Fabre-Cartier l'un des deux compositeurs du groupe avant le concert.

Et le concert débute. Une musique orientalisante, lancinante, faite de répétitions et d'envolées aux percussions et au violon. Les claviers viennent en renfort. C'est chaud, ça prend aux tripes et le public est très rapidement magnétisé par cette musique d'origine et d'inspiration berbère.

Trois Marocains ont fait le déplacement pour présenter ce projet qui a été créé à Fez l'année passée et qui a reçu un bel accueil du public marocain, gage d'authenticité si l'on peut dire en parlant de création.

En dix ans de Cybèle je n'ai entendu que très peu de fois un public aussi enthousiaste et réclamer aussi fort un rappel à l'issue des fatidiques quarante-cinq minutes du set.

Pascal Derathé & photos Nathalie Jamais

(Saïd Idrissi-Oudghiri: percussions ; Benoît Black: sax, compositions ; Clément Black: batterie, compositions ; Léo Fabre-Cartier: lotar, compositions ; Mohammed Khadri: violon oriental ; François Rème: claviers ; Mathieu Picard: batterie)

Swing Brosse System

La petite famille musicienne continue à se produire et nous de voir grandir ses enfants ... qui n'en sont plus maintenant.

Désormais à part Odenson (au trombone ) et le père, Bernard (à la guitare), les trois autres échangent la basse et chacun revient à son instrument de prédilection Rachel au sax alto, Esther à la clarinette et Sacha à la contrebasse. En plus les deux filles chantent et scatent et plutôt bien!

Côté musique c'est très manouche avec des tubes de Django très enlevés mais aussi un It don't mean a thing où Rachel se lâche bien au scat.

Autant dire que le public très très nombreux leur a réservé un accueil des plus chaleureux.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

Pour le fun notre première photo du Swing Brosse System, le 23 avril 2011 à Couleur Jazz (Génissieux)

Elsi Etna & Ewerton Oliveira

Là-haut, au Théâtre Antique le volcan Shorty est en éruption et déverse des échos d'un public en liesse qui se réverbèrent sur les immeubles de Cybèle, ici au Kiosque ce n'est que calme et douceur. Elsi Etna, que ce nom semble ce soir de peu d'à propos, se love dans les notes d'Ewerton Oliveira et nous distille ses ballades en créole. Les mélodies sont tour à tour caraïbes ou brésiliennes ou une fusion des deux. Nouveauté, Elsi s'accompagne avec une jolie maîtrise d'un udu, ce qui donne du relief à l'ensemble.

Le public est soudé à l'harmonie tranquille qui se dégage de ce set.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

Les Improvisations Picturales

Pendant le festival de Jazz à Vienne du 29 juin au 13 juillet 2017, SOLOSARY organise, en partenariat avec Jazz à Vienne, les Improvisations Picturales de Jazz les jeudis, vendredis, samedis et dimanches au pied de la Scène de Cybèle pendant le set de 16h00.

Les Improvisations Picturales de Jazz, c'est un concept :

• deux peintres,
• deux toiles de 0,80m x 0,80m,
• de la peinture acrylique... et le jazz.

Neuf après-midi, durant le Festival de Jazz à Vienne, pendant lesquels deux peintres différents sont invités par SOLOSARY à réaliser la performance d'improviser, en public et dans l'esprit du jazz, une toile en lien avec la musique exécutée sur la scène de Cybèle.

Les Improvisations Picturales de Jazz, c'est un objectif artistique et culturel :
Permettre au public de regarder la musique, de voir les sensations, les sentiments par elle provoqués, appliqués sur une toile, comme un miroir que lui tend le peintre...
...et de prolonger l'éphémère d'un son déjà disparu en exaltant sa mémoire...

Dans les rues de Vienne : Lettres sur Cour

Sandrine Marchetti, Loïs Le Van, Les yeux de Berthe

Lettre sur cours ouverte

En compagnie du poète Jaccottet

De la pianiste Sandrine Marchetti

Du chanteur Loïs Le Van

Arpèges et mobylettes

Improvisations contre vent et

Cloches de dix-neuf heures

Berthe ne sait pas mentir

Loïs le Van non plus

La poésie s'incarne et nous habite

Les mots se marient aux notes

Donner les mots,  pas si facile

Et pourtant regards qui s'essaient

Le parler chanter en mots sublimés

Mots vécus mots d'un temps originel

Des chiens aboient

La poésie se cogne à la vie

Je voudrais qu'elle déborde dans la rue

Esquisse de sourires le piano déploie ses mystères

La voix contenue si sincère cache une grande puissance

Pas besoin de pousser pour être présent

Comme les mots

Le regard se perd à l'horizon

Soutenu par la musique

Qui en dit long sur leur puissance

Leur révolution

sur leur désir d'amour

Mots fiction plutôt qu'absence de mots

Feu ininterrompu entre voix et piano est matière à poème

Compositions exquises au plus près des mots

Un dialogue où l'écoute est force et les regards de frais feuillages

Qui tissent

Gommer la différence entre fiction et réalité

Voilà ce qu'aimerait le poète

Les deux s'engagent dans une longue suite

De la vie à trépas

Des souvenirs qui ressurgissent à la fraicheur du présent

La lumière franchit les mots

Mots rempart contre la mort

Où, à part en poésie, y a-t-il rémission de nos peines

Un insecte rouge court sur le piano

La voix monte en vocalises

Les hirondelles tournent

Une femme tape le rythme avec le pied

La vie s'invite quand on sait la voir

Le poète par l'entremise du chanteur et de la pianiste

Discute avec la mort

S'essayer à une deuxième voix

La voix du poète en appelle une autre

Celle de notre propre imaginaire

La voix de Loïs le Van nous hisse

Plus haut que nous même

Le piano de Sandrine Marchetti nous soulève

Les mots du poète doublés par la musique

Sont au cœur de la ville et de ce festival une respiration

Essentielle

Là est le sens

Là est la vie

À proximité de la mort

Que la langue dompte

La musique nous protège de sa morsure

Laurent Brun & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

Au Théâtre Antique en soirée

Juan Rozoff

36°C mesurés et 150°C ressentis ( oui aucune objectivité n'est requise à Jazz-Rhone-Alpes.com);
la canicule est tombée sur le théâtre antique alors que la soirée Funk s'annonce et ne manquera pas de mettre le feu: Caramba Que calor !
Samedi soir oblige, le Théâtre Antique est plein comme un œuf d'autant plus que cette soirée "hommage à Prince" est assez fédératrice même si notre homme n'est jamais venu Vienne.

Et ça commence par Juan Rozoff surnommé le petit Prince Français.
...euh désolé mais je n'en avais jamais entendu parler, il faut dire que le Monsieur mène une carrière discrète il a cinquante et un ans et trois albums à son actif en vingt-cinq ans de carrière on peut parler ici d'une pression artistique ...légère !
- Costume léopard
- le groove du Prince
- la voix nasillarde du  kid de Minneapolis
- l'entrée à l'américaine pour faire monter la sauce doucement
- et même le chauffeur de salle est là (ça y est ça leur reprend: faites du bruit !)
L'illusion est éphémère mais le groove efficace.

Le groupe est cohérent, les morceaux sont tantôt en anglais tantôt en français, des compositions et de reprise du prince; il osera même Girls and boys l'insolent.
L'exercice pourrait tourner à la pâle copie s'il n'y avait pas l'humour et le second degré en effet Juan Rozoff tout en prouvant son professionnalisme garde beaucoup de recul sur sa performance.
Il est le plus authentique quand il chante en français sur un bon groove une chanson comme: J'ai envie de te ...
On peut regretter qu'il ne soit pas plus connu comme d'autres groupes français de la même génération et sur le même registre qui ont eu une notoriété fugitive comme par exemple "Peter and the electro Kitsch band" qui avait même enregistré à 20 ans dans les studios de Prince son album en 92 avec le tube très passager Dad laisse moi conduire la Cad.
Juan Rozoff a proposé un bel hommage à Prince depuis la culture française, avec beaucoup efficacité et de sincérité.
Le public l'a bien compris et lui, a bien montré qu'il était aux anges d'être sur cette scène: "51 ans que j'attends ça!"

 Merci Jazz à Vienne!

Jean-Marc Aguirre & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

Trombone Shorty & Orleans Avenue

En 2010, HBO sortait une de ces meilleures séries : Treme. Dès le premier épisode, le ton était donné : Kermit Ruffins, Allen Toussaint, le Rebirth Brass Band, Dr John, Luis Armstrong -pour ne citer qu'eux- composeront la playlist extraordinaire de la série. Mais les apparitions de ces icônes de la Nouvelle Orléans, Nola pour les intimes, ne se cantonnent pas à la bande son puisque plusieurs de ces artistes se retrouveront face à la caméra, jouant leur propre rôle. C'est comme ça que j'ai découvert Troy Andrews, aka Trombone Shorty. L'année d'après, il enflammait la scène de Vienne pendant la All-Night derrière les pointures Al Jarreau et Gilberto Gil. Je m'en rappelle comme si c'était hier ; et c'était explosif !

L'enfant prodige du trombone brandi fièrement son héritage et revient en force pour un nouveau moment d'anthologie. L'ouverture se fait sur Backatown, sur une échelle du groove de 1 à 10 ? 12, au moins.
En deux morceaux, il avait retourné entièrement le théâtre, ces "Craziest Things" que tu nous fais Troy ! Tout est impeccable, y compris les pas de dance de BK Jackson et Dan Oestreicher (sax ténor et sax baryton). Le dernier album en date "Parking Lot Symphony" est très présent dans le set mais comme à son habitude, Andrews revisite ses plus grands succès comme ceux de ses idoles (Damn, le medley James Brown !)
Le point d'orgue est atteint sur une version ultra punchy de Where It At ? et la transition improbable sur Give it Away des Red Hot, rappé par un Oestreicher déjanté qui jure avec son image de premier de la classe. Tout droit sorti d'un mème internet, lunettes rondes façon Harry Potter sur le nez et chemise hawaïenne multicolore, il balance ses meilleurs moves et rap tout ce qu'il a. Complètement décalé et furieusement efficace, tout comme le riff de Tom's Diner incrusté, l'air de rien, un peu plus tard entre deux morceaux. Sur la même échelle du groove, on est monté à 20.
En guise de rappel, Trombone Shorty prouve une fois de plus sa générosité et revient sur scène avec Odenson Laurent (Swing Brosse System, vu au kiosque un peu plus tôt), jeune tromboniste talentueux de Romans-sur-Isère et grand fan d'Andrews qui aura le plaisir d'enflammer le théâtre aux côtés du Orleans Avenue. Ces deux-là s'étaient déjà rencontrés il y a quelques années, et Troy lui avait alors dit "maintenant tu peux porter mon nom mais il faudra juste penser à me laisser quelques concerts."

Claire Jalmain & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

Larry Graham & Graham Central Station

Graham, pour quelques grammes de graal

Le programme était  "princier" pour cette grosse soirée funk dédiée à la mémoire du kid de Minneapolis. Trop peut-être. Avec trois prestations à l'affiche, la nuit fût longue et pour le moins inégale. Après avoir retrouvé avec bonheur le trop confidentiel Juan Rozoff  qui a joyeusement confirmé, même un quart de siècle après son heure de gloire, qu'il était bien l'un des vrais "princes" du funk français, la tornade Trombone Shorty a fait gros effet avec son "supafunkrock" tellurique. Tellement d'effet sur un public chauffé à blanc que la partie, ou plutôt la party, s'annonçait délicate pour le king de la soirée, Larry Graham et son Graham Central Station. A déjà minuit passé, il fallait de solides arguments pour maintenir la flamme et ce fut visiblement très difficile.

Arrivant par surprise des gradins en fendant la foule jusqu'à la scène, le légendaire bassiste tout de blanc vêtu et toujours plume au chapeau, rejoint son groupe restreint à cinq musiciens, soit deux claviers, un batteur, un guitariste et une chanteuse (une brailleuse en zone rouge dans ses aigus stridents) aux percussions électroniques (funk box), mais sans cuivres. Dans le blanc généralisé des tenues, le pourpre des chemises satinées fait un clin d'œil évident à Prince, disparu l'an dernier et dont Larry Graham fut à la fois le mentor, l'ami très proche et le bassiste à la fin des années 90, redonnant du lustre à cette gloire des seventies qui débuta en 67 avec Sly & The Family Stone.

D'emblée, on sent que la machine a du mal à s'ébrouer, le répertoire semblant cahotique et mal huilé. Comme pour ce funk acoustique où trois guitares assises en front-line font un flop total. Et ce ne sont pas les featurings de Jeanne Added puis de Marco Prince qui vont sauver la mise. Si la présence de la (toute) petite demoiselle qu'on connait dans un autre répertoire paraît bien incongrue ici, elle n'aura pourtant pas ménagé son énergie dans cette courte et quasi seule apparition. En vain, on aurait dit un sketch de Florence Foresti se déhanchant dans une boum datée. Le I want U sonne forcément très eighties mais ça rame sec pour accrocher la foule. Larry Graham tente bien de rebooster le public en évoquant le concert de Sly& the Family Stone à Woodstock, mais on en est à des années-lumière.

Certes, l'inventeur du fameux "slap" n'a rien perdu de sa superbe dans ce jeu particulier de frappe sur son instrument, mais tant d'excellents bassistes s'y sont frottés depuis que l'effet n'est plus autant spectaculaire. La présence du bien nommé Marco "Prince", leader de F.F.F qui enchaînera en version "passable" One Life et (go) Crazy ne relancera pas mieux la groove machine définitivement grippée, même si l'incontournable Purple Rain fait naturellement son petit effet, notamment lors du solo du guitariste Wilton Rabb. Mais pas de regain de frénésie du côté du public invité au final à grimper sur la scène et se mêler au groupe. Vous avez dit "party" ? Trop tard, on est parti...

Michel Clavel & photos Jazz-Rhone-Alpes.com