37ème édition Jazz à Vienne :
Ce qu'il s'est passé le vendredi 7 juillet 2017
Le croquis et la chronique de François Robin
Angélique Kidjo & Roberto Fonseca . Cousines et descendances.
Angélique Kidjo & Roberto Fonseca . Cousines et descendances.
On a beau savoir qu'Afrique et Amérique étaient jadis rassemblées sur une même Pangée, on peut légitimement s'étonner que la Béninoise Angélique Kidjo puisse réincarner la Cubaine Célia Cruz. Voir la suite . . .
Voir le blog de François Robin
Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane
Sur la scène de Cybèle
Ecoles de musique de Chasse-sur-Rhône et d'Oullins
Les deux écoles de musique de Chasse-sur-Rhône et Oullins se sont associées pour rendre un hommage à un album du groupe de rap marseillais IAM "L'école du micro d'argent" publié il y a vingt ans. Vingt ans déjà!
Chaque école présente trois chansons : les invités d'Oullins ont l'honneur de commencer avec Libère mon imagination ; Dangereux et Bouger la tête. Puis celle de Chasse : L'empire du côté obscur ou les références à la saga "la guerre des étoiles" sont patentes ; Petit frère et Né sous la même étoile.
La formation d'Oullins est réduite et les musiciens très jeunes, le batteur a dix ans ! Du côté de Chasse c'est plutôt pléthorique avec rien moins que trois rappeurs dont une jeune fille.
Avec le recul on retient les paroles qui n'ont pas pris une ride et c'est surprenant de les voir reprises par des musiciens et rappeurs dont aucun n'a l'âge de l'album.
Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com
(Damien Gomez, Sébastien Martinan: direction)
2PM 4tet
Où l'on retrouve une jeune formation bien habituée désormais à la scène de Cybèle. Le 2PM4tet c'est une rencontre d'élèves du conservatoire de Villefranche-sur-Saône. Jeunes mais déjà talentueux. Depuis l'année passée ici-même le quartet s'est transformé en quintet avec l'arrivée de Jules Regard, très jeune tromboniste prometteur. Provisoirement deux musicens assurent l'intérim de deux titulaires en déplacement. Marion Veillet Guillem est au piano et Adrien Bernet à la batterie. Les deux frères Perrot Cléobule et Héliodore sont par contre bien là, respectivement à la trompette et à la contrebasse. Ils nous interprètent avec un bel entrain de jolies pages du répertoire bop : du Lee Morgan (Ceora ; Yes I can, no you can't), du Benny Golson (Are you real) ou encore le célèbre tube Moanin'.
Le public est scotché par leur maturité précoce et se rend bien compte du travail réalisé pour en arriver à ce niveau.
Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com
(Marion Veillet Guillem: piano ; Cléobule Perrot: trompette ; Héliodore Perrot: contrebasse ; Adrien Bernet: batterie)
Foehn Trio
Encore une chouette découverte que ce nouveau Foehn Trio. Le leader, compositeur et pianiste du groupe a bien écouté ses "anciens" à commencer par Esbjorn Swenson et Tigran Amasyan et d'autres. Au travers de la restitution de leur album "Magnesie", produit par André Manoukian, qui s'avère être aussi un découvreur de talents, ils nous promènent dans de jolis paysages acoustiques. Les mélodies accrochent bien les oreilles, les arrangements sont subtils. Une réussite à faire connaitre autour de soi.
Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com
(Christophe Waldner: piano, compositions ; Cyril Billot: contrebasse ; Kevin Borqué: batterie)
The Bongo Hop
En prélude à la soirée cubaine au Théâtre Antique, Bongo Hop! nous transporte dans la salsa colombienne. Etienne Sevet le trompettiste et leader a constitué un groupe franco colombien animée par la pétulante chanteuse Paola Barreto qui s'y connait en "chauffage de salle" en dépit de la canicule qui s'installe.
Il faisait trop chaud pour danser ... mais presque.
Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com
(Etienne Sevet: trompette ; Mario Vargas Raigosa: congas ; Gregory Boudras: batterie ; Olivier Granger: sax ; Paola Barreto: voix, percussions ; Paul Charnay: claviers)
Yaya Five
Les festivals sont des lieux de rencontre. Au festival de Fareins (Ain), chaque année Cédric Perrot organise le dimanche matin des rencontres de jeunes musiciens sous l'appellation "Junior jam". L'exercice a du succès et nombreux sont les jeunes musiciens d'horizon différents. Le groupe de ce soir est la réunion d'élèves d'écoles de musique de Villefranche-sur-Saône et de Meyzieux qui se sont découverts à Fareins. Bien leur a pris puisqu'ils ont été lauréat du tremplin Junior Jam de Fareins en novembre dernier. On les retrouve donc fort logiquement ce soir au Kiosque de Cybèle. Entre temps ils ont bossé un répertoire pour tenir la distance du set. Et ça le fait. Comme le 2PM4tet vu plus tôt dans l'après-midi on apprécie la maturité et la tenue de l'ensemble.
Le public est ravi d'entendre ou de réentendre ces standards intemporels comme Take Five ; Stompin'at the Savoy ; My Funny Valentine ; etc., un intrus se glisse dans le lot Strasbourg St-Denis de Roy Hargrove.
Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com
(Simon Beyou: sax ; Owein Moulin: basse ; Clara Di Borgo: piano ; Julien Ducruet: batterie ; marie-Lou Moulin: sax alto)
CMD Jazz Trio
(Yves Morel: trombone, accordéon ; Maxime Combarieu: orgue ; Jean-Marc Duménil: batterie)
Aux Musaïques
TRI4TH "Silent anime meets jazz"
On avait hâte de retrouver les quatre trublions japonais qui nous avaient filé une belle claque il y a deux soir au théâtre de Vienne. DIrection le musée gallo-romain de Saint-Romain en Gal pour une autre prestation, toute différente cette fois-ci. Il s'agit d'un ciné concert où ils improvisent sur des dessins animés japonais. Fort heureusement les rares textes sont sous-titrés en anglais alors on n'est pas complètement perdu.
Changement d'atmosphère, les quatre sont appliqués, les yeux rivés sur l'écran et créent une bande son originale en live. C'est toujours fascinant de voir la cohésion qu'un groupe peut avoir dans ce genre d'exercice sous les yeux et les oreilles du public, sans filet.
Et le résultat est enthousiasmant.
Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com
(Yusuke Orita: trompette ; Junnosuke Fujita: sax ténor ; Daisuke Takeuchi: piano ; Kohei Morita: contrebasse électrique ; Takao Ito: batterie)
Les quatre films d'animation prêtés par le National Film Center, The National Museum of Modern Art, Tokyo
- "The Lump"（1929, Yasuji Murata）
- "The routing of Tengu"（1934, Noburo Ofuji)
- "The Golden Flower"（1929, Noburo Ofuji）
- "Sankich and Osayo A Genroku Romance" （1929, Mitsuyo Seo)
Les Improvisations Picturales
Pendant le festival de Jazz à Vienne du 29 juin au 13 juillet 2017, SOLOSARY organise, en partenariat avec Jazz à Vienne, les Improvisations Picturales de Jazz les jeudis, vendredis, samedis et dimanches au pied de la Scène de Cybèle pendant le set de 16h00.
Les Improvisations Picturales de Jazz, c'est un concept :
- deux peintres,
- deux toiles de 0,80m x 0,80m,
- de la peinture acrylique... et le jazz.
Neuf après-midi, durant le Festival de Jazz à Vienne, pendant lesquels deux peintres différents sont invités par SOLOSARY à réaliser la performance d'improviser, en public et dans l'esprit du jazz, une toile en lien avec la musique exécutée sur la scène de Cybèle.
Les Improvisations Picturales de Jazz, c'est un objectif artistique et culturel :
Permettre au public de regarder la musique, de voir les sensations, les sentiments par elle provoqués, appliqués sur une toile, comme un miroir que lui tend le peintre...
...et de prolonger l'éphémère d'un son déjà disparu en exaltant sa mémoire...
Canicule à Cybèle
Au Théâtre Antique en soirée
Angelique Kidjo's Tribute to Celia Cruz
Pour l'hommage rendu par la terre d'Afrique à sa lointaine cousine cubaine, "la señora" Angélique Kidjo avait mis les petits plats dans les grands en cette soirée caniculaire dans un théâtre antique archi-comble et toujours propice aux rencontres épicées. Un "band" d'anthologie où, à l'image du triple 7 de sa date de passage à vienne, percussions et cuivres se déclinaient en trio : trois percussionnistes dont un batteur, un percussionniste sénégalais ainsi que l'un des nouveaux maîtres de la percussion cubaine Pedrito Martinez tout juste époustouflant et trois cuivres de feu dignes des grandes soirées de "la Reina de la Salsa" la divine Celia.
La musique, l'intensité, toute la folie latine étaient naturellement au rendez-vous avec bien-sûr au sommet, coiffant le tout, là-haut "la" voix d'Angélique Kidjo, Celia d'un soir, immense, énorme, puissante comme jamais et volcanique à souhait cultivant généreusement les passerelles entre Afrique et Cuba, passant de l'une à l'autre avec une égale virtuosité et un même bonheur. Un début de soirée torride donc à l'issu duquel la diva africaine devenue pour un temps véritable "reine de la salsa" confia un public désormais incandescent à la folie virtuose d'un Roberto Fonseca phénoménal.
Denis Bouteillon & photos Nathalie Jamais
Roberto Fonseca
Angélique Kidjo nous a transporté à Cuba pour son hommage à Celia Cruz en première partie. Roberto Fonseca nous y installe pour la tournée d'ABUC (Cuba à l'envers) qui retrace l'épopée musicale de son île. Il est richement accompagné par trois cuivres ; deux saxophones (Javier Zalba Suarez et Jimmy Funky Jenks) et une trompette (Matthew Lee Simon). Ramses Rodriguez assure la batterie tandis que Adel Gonzalez Gomez est aux percussion et Yandy Martinez Gonzalez à la basse électrique. Enfin Abraham Aristilde chante et accompagne occasionnellement aux percussions.
Des bracelets plein les bras, nœud pap et coiffé d'un havana, Roberto entame l'intro du premier morceau rejoint par Adel Gonzalez Gomez qui fera une magistrale démonstration de ses talents, les yeux au ciel avec un sourire communicatif.
Ensuite Family, un boogaloo donne la part belle à la batterie et au clavier puis nous offre un beau solo de trompette. La musique évoque les racines afro-cubaines et la dynamique puissante qu'elle dégage fait ressortir la résonance des ancêtres.
Contradanza Del Espíritu est plus cool sur un rythme classique. Roberto y égrène ses notes en douceur, chante, accélère le tempo puis revient à une cadence plus soft. Très cool.
Il demande une ovation pour accueillir la jeune Daymé Arocena "petite mais jolie" qui vient danser, chanter Negra caridad et le public est conquis par son énergie et ses qualités vocales.
Il accueille ensuite un membre du Buena Vista Social Club au sein duquel il accompagnait Ruben Gonzalez puis Ibrahim Ferrer. C'est la légende Eliades Ochoa qui arrive avec sa guitare à huit cordes pour nous délivrer des messages d'amour et de paix au fil de ses chansons : En la unión está la fuerza, dame tu mano ven. On sent la force de l'union de tous les musiciens qui fusionnent leur énergie dans ce morceau. Il assure toujours et nous transporte dans l'époque du BVSC. Puis un autre message dédié à la NASA : A la luna yo me voy. Il nous offre ainsi un beau voyage mais il nous faudra redescendre pour les vacances.
Pour introduire le morceau suivant, Roberto nous explique que pour lui il n'y a pas de bonne ou de mauvaise musique et que la musique électronique peut tout aussi bien se marier au jazz. Afro mambo (le clip est superbe) est entonné par Abraham Aristilde qui chante avec prestance accompagné de Daymé qui revient pieds nus. Ils enflamment le public qui danse et reprend le refrain. C'est une véritable explosion de cuivres, percussions et piano, un feu d'artifice musical suivi par Tierra Santa qui prolonge l'hommage à Cuba.
Un rappel explosif avec Asere Molina Bonco, toujours chanté par Abraham Aristilde termine en beauté cette soirée cubaine.
Chérif Méflah & photos Nathalie Jamais
(Roberto Fonseca: piano, claviers, voix ; Eliades Ochoa: voix, guitare ; Daymé Arocena, Ucha: voix ; Javier Zalba: sax, flûte, clavier ; Jimmy Jenks: sax ; Matthew Simon: trompette ; Ramses "Dinamite" Rodriguez: batterie ; Adel Gonzalez: percussions ; Yandy Martinez: basses ; Ariel Gustavo Vigo Muniz: sax)
Au JazzMix
BCUC feat. Jowee Omicil
Soweto, township au sud-ouest de Johannesburg, les bus de la ligne T1, emplis de touristes, affluent en direction de l'est où des milliers de touristes s'en viennent visiter le musée Nelson Mandela. Quelques arrêts plus tôt, au niveau du parc Thokoza, de la musique sort probablement du container qui abrite la FoodZone, ce fastfood qui est le mothership de BCUC (abréviation de Bantu Continua Uhuru Consciousness) et où Luja, percussionniste du groupe y cuisine des plats traditionnels entre deux morceaux.
Moins connus que Mandela mais eux aussi bruyants et engagés, ces sept extraterrestres de la musique se sont emparés des rythmes tribaux, de la violence primitive du rap sesotho, de la mysticité de la trance goa, du groove de l'afrobeat, de l'énergie post-punk et du tourbillon psychédélique qui avaient déjà séduit les groupes de zamrock. Cette mouvance zambienne des années 70, passée presque inaperçue de ce côté du globe, est pourtant un joyau du rock, aux origines profondément blues et psychédéliques, et marquée par la crise économique et la disparition de ses membres par l'épidémie de Sida des années 80. Pour les intéressés, je ne peux que conseiller l'unique album "Black Power" de The Peace, joyau de 1975 dont l'unique pressage d'origine en circulation se vend aujourd'hui à 1052,28€ (avis aux heureux donateurs qui pourraient m'aider à mettre la main dessus...).
Pour en revenir à BCUC, le mélange d'influences est explosif et leur son unique, indescriptible, transcendantal.
Alors que le premier morceau commence dans le théâtre bondé, les cris de Jovi résonnent au plus profond des entrailles de chaque spectateur. C'est envoûtant, dérangeant aussi. La première fois, j'ai l'impression que je vais tomber de mon siège, je ne sais pas si je dois me protéger ou partir en courant, j'ai envie de me rouler en boule sous un strapontin. Puis je réalise que je suis à un concert et que c'est la musique qui s'est immiscée dans mes veines et qui me donne la chair de poule. Et ce regard, cette violence dans chaque phrase, chaque percussion, opposée à la volupté de la voix de Kgomotso qui viens me prendre dans ses bras comme une mère qui rassure son enfant. Difficile d'imaginer qu'ils chantent la paix et l'espoir à travers leur vision de l'Afrique du Sud d'aujourd'hui. Les izimfijoli, sifflets traditionnels Bhaca, servent à rassembler et guider la foule dans ce torrent musical déchaîné et ininterrompu. Jovi nous souffle à un moment que "le soleil ne viens qu'après la nuit" et cette transe crue fait alors écho à celle de Dead Can Dance, ce groupe australien qui chante des paroles dans une langue qui n'existe pas et qui s'en retrouve support pour guider l'auditeur dans l'obscurité de leur univers.
Au bout d'une vingtaine de minute, le ton redescend quelque peu et Jowee Omicil entre en scène. Ce prodige montréalais du saxophone apporte une ligne mélodique à l'ensemble, profondément free, qui vient s'imbriquer parfaitement au milieu des rythmes saccadés du BCUC. Cette nouvelle harmonie équilibre subtilement l'ensemble tout en conservant la rythmique saccadée, signature au son de laquelle le public tape du pied en levant les bras au ciel, en transe. Une heure et demie et plusieurs litres de transpiration versés plus tard, il est temps de revenir sur terre après ce voyage surréaliste entre le conte et le rêve psychédélique.
Claire Jalmain & photos Jazz-Rhone-Alpes.com
(Jovi: voix ; Hloni: chœurs, rap ; Kgomotso: chœurs ; Luja: basse, batterie,chœurs, rap ; Skhumbuzo: grosse caisse ; Thabo: congas ; Mosebetsi: bugle)
La galerie de photos de Jazz-Rhone-Alpes.com
Les concerts du vendredi 7 juillet 2017 à Vienne
La musique d'IAM par les écoles de musique de Chasse-sur-Rhône & d'Oullins ; 2pm 4tet ; TRI4TH ; Foehn trio ; The Bongo Hop ; Yaya Five ; CMD trio ; Angelique Kidjo ; Roberto Fonseca ; BCUC + Special Guest : Jowee Omicil
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