37ème édition Jazz à Vienne :
Ce qu'il s'est passé le dimanche 2 juillet 2017
Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane
Tribute to Motown
Ce projet du conservatoire de Vienne est un hommage à la célébrissime maison de disques créée en 1959 à Detroit (Michigan). Elle contribué à développer auprès d'un large public la soul et le rythm'blues.
Bizarrement le set débute avec un reggae d'Asa (Jailer) et des reprises d'Amy Winehouse (Back to black), Ben l'Oncle Soul (Soul man) avant de s'attaquer à des monuments de la Motown : Street Life des Crusaders avec la voix fantastique de Randy Crawford et quelques reprises des Jackson Five : I'll be there et un medley de leurs tubes. Bien sûr les Supremes ne sont pas oubliées : Baby love, You keep me hangin'on et Stop in the name of love mais aussi les Temptations: Get ready et Dancing in the street dont la première version date de 1964 par Martha and the Vandellas (chez Motown) mais également reprise par David Bowie et de nombreuses autres stars.
Autant dire que la barre était haute et les deux chanteuses ont bien tiré leur épingle du jeu, aidées par une section de cordes, des cuivres bien dans le ton, un chœur d'ados dirigé par Frédérique Brun et une rythmique assurée par Nicolas Delaunay et Philippe Khoury.
Le public très nombreux pour un concert de midi a adoré.
Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com
"Fela Day"
Jazz à Vienne consacre cette journée au musicien et activiste nigerian Fela Anikulao Kuti (1938-1997).
Projection du documentaire "Finding Fela" d'Alex Gibney
On aurait pu craindre un "making of" de la comédie musicale de Broadway "Fela!", en fait ce documentaire bien que centré sur la création artistique est intellligement monté et bourré de reportages d'époque qui montrent l'évolution du "Black President", son combat, sa folie, sa grandeur. On retrouve entre autres son fidèle compagnon de route de Tony Allen, ses fils Seun et Femi et d'autres proches.
Après la projection du documentaire "Finding Fela" qui décrivait le parcours du musicien rebelle, Robert Lapassade recevait en conférence Kiala, ancien musicien de Fela, Ashley Kahn journaliste et James Stewart musicien-musicologue pour nous éclairer sur la vie, la musique et l'engagement de ce musicien qui symbolise l'Afrobeat (terme trop générique à son avis).
Après des études de musique au Trinity College de Londres il s'initie au Jazz avant de retourner à Lagos. Il s'inspire notamment de James Brown, Miles Davis..Géraldo Pino..
Il chante danse et joue du sax et des claviers et sur les conseils de sa mère va faire un mix de la high-life (jazz ghanéen en vogue) avec le jazz, la soul et les musiques locales de ses origines "yoruba" dont le juju avec la complicité du batteur compositeur Tony Allen.
Avec un groupe rebaptisé Africa 70 il fait salle comble tous les soirs à l'Arican Shrine qui reçoit de prestigieux invités dont Paul Mc Cartney qui sont éblouis par sa présence et ses performances scéniques. Il chante désormais en pidgin pour devenir plus accessible. Ses morceaux durent une trentaine de minutes avec de longues intros, un sax et ça démarre ...
Lors d'un voyage aux US ce grand amateur de femmes rencontre Sandra "Isidore" Smith qui lui fait découvrir la littérature contestataire de Malcolm X. Elle rentre avec lui au Nigéria ignorant qu'en plus de son épouse légitime il jouissait des charmes de nombreuses compagnes. L'enfant de parents contestataires devient un chanteur engagé et s'attaque à l'armée et aux régimes corrompus avec Zombie en 1976. Ce sera le début d'une guerre de longue haleine avec des emprisonnements, des violences policiéres et militaires qui ont marqué sa chair. Il a des ambitions politiques et se verrait bien président. Il vit dans une mini république auto proclamée Kalakuta entourée de barbelés électrifiés.
Cela n'arrète pas l'armée qui brule sa résidence, commet des atrocités, des viols et défenestre sa mère qui décédera des suites de ses blessures. Cela transformera sa lutte en une guerre personnelle avec l'état et le rendra plus virulent.
Une comédie musicale retrace sa carrière et les journalistes font des parallèles avec Bob Marley plus connu pour son engagement et Nina Simone qui a été également été meurtrie par sa lutte.
Celui qui ne pouvait périr de la main de l'homme décéde du SIDA en 1997 à l'âge de 58 ans.
Il refusait les traitements qui à l'époque n'en étaient qu'aux balbutiements, dans le déni de la maladie. L'homme qui aimait trop les femmes (il en avait épousé vingt-sept le même jour) leur a succombé.
Il laisse une musique puissante, rebelle, contagieuse. Quel politique serait -t-il devenu?
Chérif Meflah
NMB Afrobeat Experience feat. Sir Jean
Un hommage à Fela se fait forcément en musique, plusieurs groupes vont se prêter à l'exercice.
A commencer par NMB Afrobeat dont le chanteur Sir Jean a déclaré forfait au dernier moment, perdu dans les avions. Saluons la performance de Pat Kalla qui a accepté à midi de le remplacer. Un vrai tour de force. Le garçon a du talent et du charisme et a relevé le défi haut la main. Résultat une scène de Cybèle et des abords plains à craquer pour écouter et danser sur la musique de Fela ! Black man's cry ; Blackstar ; Never known ; Clap ; Take the time ; Fantan et un rappel très demandé sur Nice day.
Un vrai "Nice day" pour honorer la mémoire du visionnaire Fela.
Pascal Derathé & photos Nathalie Jamais
Kiala & Afroblaster
Où l'on retrouve Kiala, compagnon de route de Fela. On se rappelle la prestation de ce dernier dans l'hommage proposé cet hiver à la Confluence par Sangoma Everett. Le papi est encore bourré d'énergie et tire et pousse ses "Afroblaster" qui lui emboitent le pas avec fougue et décibels. Il reprennent bien sûr des titres de Fela et quelques unes de ses compositions. L'Afrobeat est bien servi avec cette bande.
Pascal Derathé & photos Nathalie Jamais
(Kiala: voix, guitare ; Hilaire Panda: basse ; Mathilda Haynes: guitare ; Franck Mantegari: batterie Lydie Alberto: voix ; Hakim Sulaiman: batterie ; Jean-Maximilien Mery: claviers)
DJs Set - Voilaaa sound system
Après la fête à Fela, la fête continue. Un DJ set a été installé sur le Kiosque de Cybèle et les festivaliers sont happés par l'ambianceur du Voilaaa Sound System, en la personne de Pat Kalla, décidément bien sollicité aujourd'hui. Le son est africain, forcément, de la Guinée, du Ghana, du Niger, tout est bon pour faire la fête et Pat s'y entend. Le son est assuré par James Stewart et ses assistants (car lui avec une jambe dans le plâtre il a du mal à tenir debout sans ses béquilles). La journée dédiée à Fela se ponctue ainsi par une fête populaire dans une bonne ambiance.
Encore !
Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com
Les Improvisations Picturales
Pendant le festival de Jazz à Vienne du 29 juin au 13 juillet 2017, SOLOSARY organise, en partenariat avec Jazz à Vienne, les Improvisations Picturales de Jazz les jeudis, vendredis, samedis et dimanches au pied de la Scène de Cybèle pendant le set de 16h00.
Les Improvisations Picturales de Jazz, c'est un concept :
- deux peintres,
- deux toiles de 0,80m x 0,80m,
- de la peinture acrylique... et le jazz.
Neuf après-midi, durant le Festival de Jazz à Vienne, pendant lesquels deux peintres différents sont invités par SOLOSARY à réaliser la performance d'improviser, en public et dans l'esprit du jazz, une toile en lien avec la musique exécutée sur la scène de Cybèle.
Les Improvisations Picturales de Jazz, c'est un objectif artistique et culturel :
Permettre au public de regarder la musique, de voir les sensations, les sentiments par elle provoqués, appliqués sur une toile, comme un miroir que lui tend le peintre...
...et de prolonger l'éphémère d'un son déjà disparu en exaltant sa mémoire...
Dans les rues de Vienne
Ce soir nous avons retrouvé le Hall Blues Band sur la place de l'Hôtel de ville
La galerie de photos de Jazz-Rhone-Alpes.com
Les concerts du dimanche 2 juillet 2017 à Vienne
Motown Tribute ; NMB Afrobeat & Pat Kalla ; Kiala & Afroblaster ; Voilaaa Sound SYstem ; Hall Blues Band
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