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37^ème édition Jazz à Vienne :

Ce qu'il s'est passé le samedi 1er juillet 2017

Le croquis et la chronique de François Robin

Pluie les soirs précédents alors nous avons été privé de croquis de François Robin. Papier Kraft et humidité ne font pas bon ménage.

Lorsqu'en 1865 Auguste Bartholdi propose pour la première fois aux Américains de construire sa Statue de la Liberté, le moins qu'on puisse dire est que son projet est fraîchement reçu. Au-delà d'un contexte politique défavorable, la toute jeune nation du Nouveau-Monde ne voit pas bien la nécessité de célébrer une liberté qui semble aller de soi, en ayant de plus la charge d'en financer le socle. voir la suite. . .

Voir le blog de François Robin

Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane

Sur la scène de Cybèle

Rendu de la résidence d'artiste au collège Ponsard avec Les Flextribu

Le collectif Flextribu piloté par le multiinstrumentiste et vocaliste Jean Andréo a travaillé toute l'année avec trois classes de quatrième et cinquième du collège Ponsard à Vienne, soit une soixantaine d'élèves.

Les collégiens sont accompagnés par les Flextribu ici en quintet.

Hasard de la programmation du jour il y est fortement question de scansion, de hip-hop et de slam. Il y aura même une reprise de Jean-Pierre de Miles avec des paroles "maison".

Le projet présenté ici se compose de créations réalisées avec les jeunes et quelques compositions du répertoire des Flextribu. C'est gai, ça sent le sud et la fête.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

(Jean Andréo: voix, percussions, direction ; Michel Chionchini batterie ; Tristan Vuillet: guitare, voix ; Romain Bouez: clavier ; Paco Andréo: trombone, voix)

Le tremplin RéZZo-Focal suite et fin

Il faut noter aujourd'hui l'importance du public à Cybèle, quasi impossible de trouver une chaise dès le concert de 16h00 et beaucoup de monde sur la plateforme.  Avec l'équipe technique on estime à plus de quatre cents personnes l'assistance aux concerts du soir (probablement un record pour une soirée à Cybèle). Ensuite le DJ Harry Cover a transformé le lieu en dance floor, dommage que la pluie ait dissipé la foule qui faisait la fête vers minuit et demie.

Hard Swing Mango

Le septième groupe de cette édition du tremplin RéZZo Focal est encore un Trio piano basse batterie.

Ils se présentent avec comme modèles Brad (encore lui !) et Yaron Herman. Bon choix.

Les musiciens nous viennent de la région Poitou-Charente, plus exactement de la "Nouvelle Aquitaine" puisqu'il faut dire comme cela maintenant.

Ils jouent leurs compositions et ont une histoire pour chacune.

Xavier Garnier, le contrebassiste, en profite pour bénir Elie Hoffman, le dynamique luthier de Vienne qui lui a sauvé la mise en réparant son chevalet cassé en deux à l'arrivée en gare de Part-dieu.

Il aurait été dommage qu'ils déclarent forfait. Leur set est bien équilibré. On retrouve les références à Yaron Herman évoquées plus haut dans certains passages du pianiste Julien Queriaud.

Un style romantique qui pêche un peu par le manque de dynamisme (à l'exception du dernier morceau) mais qui s'écoute agréablement.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

(Julien Queriaud: piano ; Xavier Garnier: contrebasse ; Arnaud Perrin: batterie)

Julien Marga Quartet

Un quintet centré autour de son leader Julien Marga aux guitares. C'est propre, mais ça ne me soulève pas.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

(Julien Marga: guitares ; Geoffrey Fiorese: piano ; Jordi Cassagne: contrebasse ; Lucas Vanderputten: batterie)

Daïda

Ce quintet s'est inspiré d'une légende japonaise Daïdarobotchi d'où son nom et de la musique de Joe Hisaïshi ou encore de Radiohead pour former ce projet.

Mais où vont-ils chercher tout ça ?

Toujours est-il que la surprise est belle.

Leurs compositions racontent des histoires et des paysages et ne nous laissent pas sans émotion.

L'énergie est palpable et maîtrisée même quand le tromboniste Simon Girard part dans un chorus survolté et qu'il envoie "du pâté". Tout son corps est dedans. Il est magnifiquement accompagné par la guitare d'Antonin Fresson.

Derrière le trio claviers, contrebasse et batterie (Joran Cariou, Samuel F'Hima et Vincent Tortiller) fait plus qu'accompagner il dessine les paysages sonores de l'ensemble.

Un vrai régal, une belle découverte. Ça sent le lauréat (je prends le risque d'écrire ceci avant le palmarès)

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

(Simon Girard: trombone ; Joran Cariou: claviers ; Antonin Fresson: guitare ; Samuel F'Hima: contrebasse ; Vincent Tortiller: batterie)

Les Improvisations Picturales

Pendant le festival de Jazz à Vienne du 29 juin au 13 juillet 2017, SOLOSARY organise, en partenariat avec Jazz à Vienne, les Improvisations Picturales de Jazz les jeudis, vendredis, samedis et dimanches au pied de la Scène de Cybèle pendant le set de 16h00.

Les Improvisations Picturales de Jazz, c'est un concept :

• deux peintres,
• deux toiles de 0,80m x 0,80m,
• de la peinture acrylique... et le jazz.

Neuf après-midi, durant le Festival de Jazz à Vienne, pendant lesquels deux peintres différents sont invités par SOLOSARY à réaliser la performance d'improviser, en public et dans l'esprit du jazz, une toile en lien avec la musique exécutée sur la scène de Cybèle.

Les Improvisations Picturales de Jazz, c'est un objectif artistique et culturel :
Permettre au public de regarder la musique, de voir les sensations, les sentiments par elle provoqués, appliqués sur une toile, comme un miroir que lui tend le peintre...
...et de prolonger l'éphémère d'un son déjà disparu en exaltant sa mémoire...

Dans les rues de Vienne

La musique est partout dans Vienne, Rue du musée, place de la Mairie, au Boog, place du Temple...

Nous nous sommes arrêtés chez Youssef qui tient le comptoir des Terroirs dans le bas de la rue marchande. Ce bistrotier a eu le courage de monter une programmation essentiellement jazz tous les soirs du festival (et sinon dans l'année il organise un apéro-concert-jam tous les quinze jours). 

Ce samedi il avait convié Marcos de Oliveira en duo avec son cousin Ewerton Oliveira.

La petite salle du Comptoir était pleine à craquer et le tandem a régalé l'assistance avec ses bossas, essentiellement des compositions de Marcos qui prend le temps de dialoguer à chaque chanson avec le public, créant ainsi une proximité bien sympathique.

Retrouver la programmation du Comptoir des Terroirs dans l'Agenda.

Cybèle en soirée

Sayalombe

Où l'on retrouve un tout jeune groupe découvert cet hiver lors du Voiron Jazz Festival. le Sayolombé Trio est composé d'une violoniste, Vanille Goovaert, d'une saxophoniste soprano, Clémentine Ristord et d'un batteur, Mathieu Imbert. Tous très jeunes mais comme le dit l'adage : "aux âmes bien nées...".

Comme promis ils nous emmènent dans un voyage musical métissé. Les oppositions des trois instruments sont intéressantes et riches.

Ils nous offrent un répertoire de compositions et la promesse de dépaysement est tenue.

L'esplanade du kiosque est pleine d'un public ravi et par la musique et par une météo enfin clémente.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com 

Alchimix project

Une belle surprise que ce trio de Montpelliérains. Ils revendiquent leur alchimie, le mélange d'un juif tunisien, d'un berbère et d'un martiniquais, tous trois avec des racines françaises (c'est ainsi qu'ils se présentent). Alchimie aussi des instruments que l'on voit peu ensemble : une paire de hangs, ce qui est rare, un guembri electrifié et un beat-boxer. A cela ajouter la voix cristalline de Selim Sami.

Ces trois-là proposent un set chaleureux, porté par des messages aux valeurs très humaines qui touchent la foule, car on peut parler de foule qui se laisse transporter.

Et ils finissent même par faire se lever le public qui termine en dansant.

Pascal Derathé & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

(Selim Sami: guembri , voix; Théo Poizat: hang, guimbarde ; Roland Carbety: beat-box, samples)

Au Théâtre Antique en soirée

Hip Hop Symphonique : MC Solaar, Ärsenik,Bigflo & Oli, Issam Krimi et l'ONL

Hier, au JazzMix, je vous parlais déjà de hip-hop et de la relation entre le beat qui se joue et celui qui se danse -enfin, c'était l'idée. Exit les b-boys & girls, out la musique pour les yeux, ce soir le "crew" est bien un "band" -un BIG band même.

L'ONL, sous la direction de Dina Gilbert, occupe la scène aux côtés du groupe résident du Mouv' : The Ice Kream, le tout supervisé par Issam Krimi. Le projet "Hip Hop Symphonique" est né à la Maison de la Radio en juillet 2016 et est soutenu par Radio France et l'Adami. Pour souffler sa première bougie, le show s'invite à Vienne avec dans sa team Arsenik, Bigflo & Oli, Les Sages Poètes de la Rue et MC Solaar en bon capitaine d'équipe.

Pas besoin de se donner trop de mal pour se mettre le public dans la poche, deux morceaux choisis méticuleusement parmi les tubes de chaque artiste, beaucoup de "yeahs", "ouai", "ça va ?" et quelques mouvements de bras et le tour est joué. Il est bon public ce Théâtre Antique, il connaît toutes les paroles par cœur ! Et ça tombe bien car le flow des rappeurs se perds parfois au milieu de l'orchestre, et du groupe, et des chœurs et... bref, à priori -face à l'engouement du public- j'ai dû manquer de saisir une ou deux des meilleures punchlines du rap français hier soir.

C'est pas très grave en soi, parce qu'en toute honnêteté, j'ai plus vraiment confiance en le rap français depuis Booba (et la victoire de la musique de Maître Gims). Et au fond, mon truc à moi, c'est la East Coast, le get down de Grandmaster Flash, les samples du Wu Tang, les freestyles made in le Bronx, c'est tout l'héritage de la Harlem Renaissance, du Black Arts, de MLK et de Malcolm X mélangé à celui de la rue. Le Hip-hop, c'est le Rock'n'roll du ghetto.
 

De La Soul

A la fin des années 70, sur fond de lutte des classes et de guerres des gangs, la drogue, la pauvreté et le chômage sont les pavés sur lesquels la nouvelle génération tente de trouver son équilibre. Au milieu des murs de briques, les graffitis s'érigent, les MC ambiancent la foule désenchantée et les DJ enchainent les disques en hommage à ce qui deviendra bientôt les dernières heures de gloire de la disco et de la funk. Le Hip-hop est né. Il est urbain, cru, réel et un poil insouciant -but just a little beat! (ceci est mon meilleur jeu de mot.)

En 87, le trio De la Soul se forme à Long Island. En 89, l'album "3 Feet High and Rising" débarque comme un ovni de réminiscence hippie au milieu de la violence du gangsta rap qui déferle depuis le côté ouest. La critique est unanime et bien des années plus tard, l'album est toujours reconnu comme une référence et un pilier du rap. Pour ma part, quand j'ai entendu pour la première fois Me, Myself & I, il n'en a pas fallu plus que le sample de (Not Just) Knee Deep de Funkadelic pour me convaincre. Mais leur génie ne s'arrête pas là. Parce que Gad Elmaleh n'a rien inventé et qu'ils ont été les premier à sampler une cassette d'un cours de français -au moins aussi ridicule que Brian dans sa cuisine- pour en faire une chanson (Transmitting Live from Mars) ou encore parce que personne n'avait pensé à se faire appeler yaourt sur scène ("Trugoy" est juste yogurt écris à l'envers). Du génie, je vous dis !

Trente ans plus tard, et après un hiatus de douze ans entre l'album "The Grind Date" (2004) et "And The Anonymous Nobody..." (2016) c'est un duo qui vient jouer à Vienne. L'absence de Maseo me déçoit un peu, des MC sans leur DJ, c'est un peu comme une guitare électrique qu'on aurait pas branchée... fade. Mais passons c'est De la Soul, la légende du hip hop, et le Rythm Roots Allstars qui les accompagne groove à merveille il faut dire et remplace les platines aux samples.

Oui mais voilà, moi je suis plutôt du genre nostalgique. J'aime bien quand c'est vintage et patiné et je suis un pur produit des années 90 -même si parfois j'assume pas trop, j'avoue. Alors à chaque nouveau morceau qui démarre, je croise les doigts pour entendre The Magic Number ou une version de All Good sans Chaka Khan mais il faudra se rendre à l'évidence, c'est une époque révolue et le set se concentrera sur le dernier album en date, fort de nombreuses collaborations prestigieuses mais pas tout à fait à la hauteur des succès d'antan que j'affectionne tant. Il faudra attendre la fin du set pour y redécouvrir les tubes qui ont fait la carrière du trio, comme Breakadawn,  Feel Good Inc. ou le mythique Ring, Ring, Ring qui déchainera le Théâtre Antique en guise de conclusion. OK, bien rattrapé les gars, au moins j'ai toujours confiance en la scène américaine !

Claire Jalmain & photos Sébastien Cholier