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35^ème édition Jazz à Vienne :

Ce qu'il s'est passé le jeudi 9 juillet 2015

Le croquis et la chronique de François Robin

The Cookers. Le chaudron magique.

J'ai toujours considéré que l'apprentissage de la cuisine relevait de l'éducation, et pas seulement des filles. Lorsque nous hébergions les dix enfants à la maison, nous avions établi un tour de rôle autour des repas avec deux tâches qu'ils réalisaient en binômes : le service de table et la cuisine. Quel que soit leur âge, je les initiais donc autour du fourneau, adaptant le travail à leurs capacités, essayant de leur inculquer les bases les plus simples, poussant plus loin avec ceux qui montraient de gourmandes dispositions. Tous n'y mettaient pas le même entrain, mais des années plus tard, les premiers qui prirent leurs ailes nous racontaient comment ils avaient fait sensation avec les plus simples recettes. Faîtes rissoler quelques oignons et une poignée de lardons, ajoutez une lichette de crème et vous concoctez un riz épatant pour pas cher. Succès auprès des copains - et copines - garanti. Depuis, la tendance de la cuisine maison a pris partout une ampleur exponentielle, favorisée par un souci d'économie, boostée aussi par les émissions de télé qui ont changé le regard de notre société sur ce qui n'était considéré, il y a peu encore, que comme une tâche mineure et peu valorisante. Si cette tendance ne s'est pas étendue aux autres tâches ménagères - toujours pas de mythe de l'aspirateur sexy - c'est probablement parce qu'aucune d'elles ne permet un tel espace de création. Et cette création doit son potentiel à l'extraordinaire trésor dans lequel nous pouvons puiser : héritage culinaire, recettes partagées, ingrédients variés, aliments de qualité bio ou interlopes, métissage, ustensiles et robots intelligents, art de la table, la boîte à outils est immense et permet à chacun de perfectionner sa spécialité sans complexe, d'apporter sa contribution à cet espace de convivialité redécouvert. Dans cette scène ouverte, nous sommes tous des héros.

Le jazz fonctionne ainsi, ouvert à tous vents, qui permet toutes les cuisines et toutes les saveurs. "The Cookers" - le septet de rêve que le trompettiste David Weiss a réuni autour de lui - s'est choisi l'héritage du hard bop, et particulièrement celui d'un album "The Night of the Cookers", un fabuleux concert enregistré au Brooklyn's Club en 1965 pour le label Blue Note, avec entre autres une battle de trompettes légendaire entre Freddie Hubbart et Lee Morgan. On pourrait être tenté de traduire "cookers" par "cuisinier(e)s", mais ce terme argotique évoque plutôt le pot-au-feu, le plat mijoté dans une marmite où chacun vient mettre son ingrédient, un bouillon-de-culture culinaire qui gronde sur le fourneau. La "Nuit du bouillon", c'est tout d'abord un chaudron, un feu - le thème - allumé avec une extrême attention par une section de cuivre chatoyante et sophistiquée. On tapisse le fond de groove, de soul, de funk, de gospel ou de blues selon le morceau, et on assaisonne avec un extrême raffinement d'harmonies soyeuses. Une fois la cuisson démarrée, c'est la section rythmique qui prend les choses en main, avec George Cable, Cecil McBee et Billie Hart en commis de luxe. Tous les cuivres viennent alors plonger tour à tour dans le pot commun, Time & Time Again*, apportant leur contribution, développant à partir du thème d'expressifs et charnus chorus. Les autres, qui se sont écartés parfois même sur l'extrême côté de la scène, viennent régulièrement voir où en est la chose, ponctuant d'un riff polychrome la performance du cuisinier en attendant de prendre le relai. Cette ponctuation nous permet de suivre l'œuvre sans jamais se lasser, sans la regrettable sensation d'en être mis à l'écart par les envolées parfois franchement free. Chaque titre est un nouveau plat, de Slippin' & Slidin' - balade très bluesy du contrebassiste Cecil McBee - à Sir Glahad - une jazz-waltz très coltraniène du ténor Billy Harper. Sur Farewell Mulgrew, toute la finesse harmonique du pianiste George Cables sert d'écrin aux envolées du trompettiste Eddie Henderson. Sur le sax de Donald Harison qui multiplie les prouesses, la section rythmique reste insubmersible, enchaînant les variations avec une finesse que n'égale que le punch, un phrasé partagé, alterné, qui jamais ne disperse les arômes. Ça sent le jazz, avec une bonne bouffée de club newyorkais.

Le théâtre tout entier semble baigné dans cette musique de haute volée, élégante exigeante et généreuse, qui demande autant d'attention qu'une assiette raffinée, avec tout ce qu'il faut pour un plat de gastronome : l'équilibre entre le goût, la structure, la diversité des textures et l'équilibre des couleurs. Surprenant résultat que ce plat de roi tiré du chaudron. Il y a là une leçon de créativité à l'adresse de ceux qui prétendent créer ex nihilo : dans sa quête de renouveau, l'Humanité puise toujours avec bonheur dans son Histoire.

 François Robin, texte & illustrations

(The Cookers : Billie Harper: sax ténor ;  David Weiss, Eddie Henderson: trompette ; Donald Harison: sax alto ; Cecil McBe: contrebasse ; Billie Hart: batterie)

* "Time & Time Again" que l'on peut traduire par "Encore & encore", titre de leur dernier album.

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Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane

Difficile à meubler,
Vue imprenable,
Fenêtre disponible,
Faire offre ...

Sur la scène de Cybèle

Romain Cuoq - Anthony Jambon Duo

Le quintet se retrouve en duo pour ce concert de Cybèle histoire de nous prouver une fois de plus que les deux leaders et amis se suffisent à eux-mêmes.

Par cette après-midi encore chaude il ont décidé de nous jouer leurs compositions sur un mode calme propice à recevoir les bienfaits d'une légère brise bienvenue.
 

 A Bu Solo

Attention prodige !

On découvre enfin ce jeune chinois de quinze ans. Il a sorti cette année son premier album en trio "88 tones of black and white" avec des reprises de ses "maîtres" , Miles, Chucho, Jean-Sébastien, Bird...

Et le voilà en solo avec ses propres compositions certaines encore un peu kitsch mais dans l'ensemble c'est de la belle graine. Elle feront l'objet d'un prochain disque. MAturité,  virtuosité, technique. Il a tout déjà !

Soyons sûr que ce pianiste montera rapidement sur la grande scène du Théâtre Antique.

Stanford Jazz Orchestra feat. Jon Faddis

C'est un big band universitaire habitué de la scène de Cybèle et il est une fois de plus accompagné par le prodigieux trompettiste Jon Faddis, fils spirituel de Dizzie.

Fred Berry , le chef d'orchestre a choisi un répertoire autour des compositions de Thad Jones, il s'accompagne parfois de son bugle et invite donc Jon Faddis sur quelques morceaux. Il ne manque pas de nous réveiller par surprise à grands coups de sur-aigus dont il a le secret. Il interprètera Smoke get in your eyes et bien sûr en final le Manteca de Dizzie.

Calvin Coal Solo

Un apéritif à la soirée blues du lendemain. Seul avec sa guitare et sa voix, Calvin Coal assure un bon set bluesy et folk pour commencer la soirée.

The Chalkface Crackers

Second set version blues de la soirée. Le groupe est piloté par Samuel Ray aux guitares qui propose un blues très énergique quasi-rock. Sophie Despagne est très convaincante au chant.

Au théâtre Antique

"The Cookers" invite Chico Freeman

Pour cette soirée, Jazz à Vienne proposait une affiche exceptionnelle avec un plateau de légendes du jazz ayant fait briller le style hard bop des années soixante à aujourd'hui dans la mouvance des Jazz Messengers d'Art Blakey , la formation la plus formatrice et influente du jazz moderne. Deux groupes vont se succéder sur la scène du Théâtre Antique : "The Cookers" avec comme invité Chico Freeman et "The Messengers Legacy" avec le toujours actif Benny Golson.

Le septet The Cookers totalise à lui seul deux cent cinquante ans d'expérience dans le monde du jazz et ses membres ont participé à plus d'un millier d'enregistrements. La liste impressionne et évoque forcément des souvenirs à tout amateur de jazz : des trompettistes David Weiss (le catalyseur du projet) et Eddie Henderson, aux saxophonistes Billy Harper et Donald Harrison (le dernier arrivé), au pianiste George Cables, au bassiste Cecil McBee et au batteur Billy Hart. Depuis leur arrivée sur la scène musicale des années soixante, chaque membre du septet a été ou est encore leader de sa propre formation tout en ayant dans le passé participé aux groupes mythiques de Miles Davis, Lee Morgan, Freddie Hubbard, Dexter Gordon, Sonny Rollins, Herbie Hancock, Max Roach, Charles Lloyd et bien sûr Art Blakey...(liste non exauhstive)

Sous cette forme The Cookers existe depuis maintenant huit ans avec l'ambition de réunir des musiciens particulièrement expérimentés et complices pour apporter une touche résolument contemporaine au hard bop à travers de nouvelles compositions et de nouveaux arrangements. Le concert s'ouvre sur une composition de Billy Harper mettant au premier plan trompettes et saxophones, ça fuse, brille, pétille, étincelle de toute part et on montera encore d'un cran dans l'intensité et la mise en place avec le deuxième morceau une composition du contrebassiste Cecil McBee Peacemaker où prendront place un chorus particulièrement alerte et virtuose de la trompette d'Eddie Henderson, un chorus plus rond et apaisé du sax alto Donald Harrison et un chorus très propre de contrebasse de Cécil McBee. Une autre composition de Billy Harper Croquet Ballet initialement joué avec Lee Morgan prend la suite sans baisse de densité avec cette fois des chorus de Billy Harper, de David Weiss et Donald Harrison laissant ensuite la place à la section rythmique autour du piano de George Cables et de la batterie espiègle et assassine de Billy Hart. Sur Farewell Mulgrew  le pianiste George Cables rend hommage à un autre grand pianiste Mulgrew Miller.

C'est sur Slippin' and slidin' un thème de Cecil McBee qu'un autre saxophoniste de légende Chico Freeman vient rejoindre The Cookers . Il n'a jamais joué avec eux mais il les connait tous très bien et effectivement entre Billy Harper et Eddie Henderson il glisse un superbe chorus bien appuyé de sax ténor qui se marie parfaitement avec la rythmique des Cookers ou décidément Billy Hart impulse une tonicité et densité inégalée qui convient remarquablement à cette musique nullement marqué du sceau du passé.

Sur le sixième et dernier morceau (six compositions en quatre-vingt-dix minutes ! C'est dire la richesse des chorus !) tout le monde se lâche (surtout Billy Hart qui place son solo) ; chacun montre sa joie de jouer et des sourires complices s'échangent sans rien enlever à la remarquable cohésion d'ensemble.

Un set brillant de bout en bout et une formation à découvrir pour réentendre des légendes toujours au sommet.

Gérard Brunel & photos France de Stéfanis

 The Messengers Legacy feat. Benny Golson

Une soirée Jazz Légende à Vienne ! Et avec les derniers représentants et héritiers des Jazz Messengers s'il vous plait. Voilà une soirée très attendue par les aficionados du Jazz et du Hard Bop en particulier. On se souvient de l'époque ou Jean-Paul Boutellier, le fondateur du festival, déclarait en conférence de presse que le devoir de Jazz à Vienne est de programmer les légendes. Elles sont de moins en moins nombreuses et pour cause le temps passe inexorablement. Mais il reste encore des grands noms qu'il est urgent de programmer. Les musiciens "The Messengers Legacy" de ce soir ne sont pas les Jazz Messengers d'origine mais ils ont presque tous succédé aux musiciens fondateurs. Il faut dire que le groupe a eu une longévité d'une trentaine d'années et a été formateur pour de nombreux musiciens à tel point qu'il fut surnommé : "l'université du Jazz". La formation qui joue pour Jazz à Vienne ce soir n'est pas tout à fait celle qui était prévue.

Avec l'anniversaire de la trente-cinquième édition de Jazz à Vienne on peut mesurer l'évolution du festival et du jazz par le nombre de soirées qui lui sont consacrées. Les vidéos de l'INA projetées sur les écrans en interlude sont pertinentes surtout quand on pense aux nombreuses disparitions récentes des musiciens de légende. Et lorsque l'on se retourne face aux gradins à moitiés remplis la soirée devient nostalgique et intime, on se retrouve entre "amis et vétérans" et l'on comprend pourquoi la programmation évolue.

Allez ! On se retourne devant la scène : c'est du Hard Bop on va en profiter.

Le groupe de ce soir est composé d'une rythmique puissante avec Johnny O'Neal au piano, il a était Directeur Musical des Jazz Messengers dans les années 80'. Son jeu est lyrique avec une solidité rythmique, Essiet Essiet à la contrebasse et Ralph Peterson, qui en tant que successeur du Maître, Art Blakey, est un batteur énergique avec un swing et une frappe puissante comme son mentor. La section de cuivre est composée de trois souffleurs de haut vol avec Craig Handy au saxophone ténor avec son jeu intense a eu des engagements avec les Jazz Messengers dans les années 80, Brian Lynch à la trompette et Robin Eubanks au trombone.

Les trois premiers morceaux sont des compositions originales dans l'esprit du Hard Bop des années 60. Le sextet va poser l'ambiance dès le premier titre. Le batteur martèle un swing solide dès son attaque, il est dans l'héritage d'Art Blakey. La rythmique est puissante avec la contrebasse et le piano qui suivent le batteur. Les cuivres alternent les soli puis reprennent le thème ensemble. Là-dessus, plusieurs solos s'enchaînent : la trompette sur un solo très Hard Bop façon Freddy Hubbard, le piano avec un touché très lié et mélodique, le trombone avec un solo plus doux, la basse avec un son rond et chaleureux et le saxophone également sur un son chaud. Les présentations sont faites !

Le deuxième titre démarre par l'introduction d'un solo de batterie. Le tempo Bop est rapide sur la caisse claire avec des bords de caisses très swing. C'est cette solide base rythmique qui va permettre aux solistes de s'exprimer pleinement avec l'énergie et la modernité de cette musique des sixties. On a encore un tour de soli presque complets du sextet qui se ferme par un solo de batterie sur les fûts et les cymbales.

C'est le bassiste qui introduit par un solo le troisième morceau avec rapidité et dextérité. On repart avec une série de chorus de la part de chaque cuivre. Dès que l'un commence, les autres le soutiennent, on dirait que le maître mot est de ne laisser aucun répit au tempo. La batterie est omniprésente qui nous rappelle que le fondateur des Jazz Messengers était un maître de l'instrument. Mais aussi que la batterie a été inventé par et pour le jazz. Le batteur se lance dans un solo avec de la profondeur dans les timbres, alternant entre les fûts et la caisse claire. Le solo est dansant, il exploite les moindres recoins de l'instrument en faisant sonner toutes les cymbales et tous les fûts à la suite.

Pour le quatrième titre le pianiste va jouer et chanter en solo un morceau des Jazz Messengers. Ce morceau doux dans une ambiance de piano bar et de club en fin de soirée a un air de calme avant la tempête. En effet, à la façon d'un intermède il prépare l'arrivée de l'invité.

Nous avons à ce moment-là, la joie de voir Benny Golson se joindre à eux en invité spécial. Ce grand saxophoniste de quatre-vingt six ans aujourd'hui, est présent avec les héritiers du groupe car il a été Directeur Musical chez Art Blakey le leader historique des Messengers à la fin des années 50 c'est-à-dire au début du groupe. Il a également enregistré avec les Jazz Messengers au début des années 80. C'est sur  Blues March et sur les chapeaux de roue que cette partie du set commence. Benny Golson est visiblement ravis d'être là avec ses compagnons, il porte un sourire de plaisir quasi permanent. Les chorus des quatre souffleurs maintenant s'enchaînent, celui du compositeur du morceau a sa sonorité moelleuse habituelle. Entre chaque solo le batteur interprète le thème à la batterie comme un interlude, un indicatif... "ceux qui aiment le Jazz" sont là ce soir. Et la section rythmique enchaîne à son tour les soli.

C'est Whisper Not (Song), une autre composition du "Special Guest" pour suivre, avec le thème interprété par tous en introduction. Benny Golson fait sonner son large vibrato sur son solo. Le batteur swing et danse littéralement sur son tabouret en l'accompagnant.

Pour le troisième morceau avec Benny Golson ils interprètent Moanin' de Bobby Timmons, autre célèbre Jazz Messengers. Les soli se succèdent, le septet fonctionne à merveille maintenant. Benny Golson démarre son solo en premier, les cuivres suivent sur le célèbre morceau qui donna son nom à l'album sur lequel le saxophoniste a participé à l'enregistrement en 1958. Le solo de piano sera bien sûr à l'honneur sur le thème, puis l'instrument dialogue avec la contrebasse sur le soutien de la batterie.

Un thème court sur un tempo rapide va ensuite permettre de présenter les musiciens.

Les héritiers des Messagers du Jazz reviendront pour un rappel sans Benny Golson. Sur l'introduction par un long solo de batterie les derniers solos vont se succéder tous aussi swinguant pour chaque musicien.
Le public est assurément ravi de cette prestation historique. Les anciens Hard Bopper ne sont peut-être plus aussi vifs qu'il y a quelques décennies mais l'esprit, l'énergie et surtout l'envie sont toujours là. L'invité spécial, Benny Golson, est toujours très actif y compris dans notre région. Depuis septembre 2013, il est le Président d'Honneur du Club de Jazz La Clef de Voûte à Lyon. Nous sommes fiers en Rhône-Alpes de compter une légende comme Président d'Honneur d'un de nos clubs de Jazz.

Jean-François Viaud & photos France de Stéfanis

Au Club de Minuit

Chico Freeman Quartet

Lorsqu'au début des années quatre vingt Jazz à Vienne jetait les bases de ce qui allait faire la renommée internationale du festival isérois, c'était pour que se côtoient sur la scène "magique" du théâtre antique, les vieux loups et les jeunes lions, Chico Freeman faisait partie de l'aventure. Quelques trente quatre années plus tard, comme pour le blâmer de son absence prolongée des grandes scènes internationales, c'est dans la chaleur étouffante d'un théâtre/club clairsemé que l'occasion lui est donnée de faire entendre son nouveau projet.

Pendant cette longue pause, Chico a parcouru le monde, l'Afrique du nord au sud, l'Inde, la Vieille Europe... et a multiplié les rencontres, les expériences. C'est évidemment sans doute aussi pour ça que son quartet est désormais cosmopolite : c'est en Suisse qu'il a rencontré le contrebassiste Heiri Känzig, en Italie le pianiste Antonio Farao et sur les routes son ami compatriote et complice de longue date Billy Hart.

Chico Freeman nous offre ce soir quelques extraits de son tout nouveau CD à paraitre "Spoken Into Existence". Une grosse majorité des compositions nouvelles et personnelles du boss sont des airs, des mélodies douces, lyriques, simples et non simplistes aux harmonies recherchées, beaucoup seront dédiées à l'une ou l'autre de ces cinq filles ; une ou deux compositions de ses compagnons de route et un ou deux standards dont le célébrissime Seven Steps to Heaven métamorphosé.

En vérité je vous le dit ce quartet devrait être déclaré dangereux tellement il manie et sans aucune précaution mais avec une maitrise absolue, la dynamite et la nitroglycérine... Le quartet dont Chico est indéniablement le boss, dans sa structure et son fonctionnement, fait immanquablement penser à celui de John Coltrane avec un dialogue et une complicité privilégiée entre le saxophoniste et son alter ego batteur, Billy Hart donne là son deuxième concert de la soirée et y montre encore une énergie et une inventivité démoniaques et une nappe sonore volubile, en ébullition permanente, constituée d'une contrebasse au gros son « çacom » inébranlable, fondation indestructible de la formation et d'un piano énergisant mêlant de manière inouïe le lyrisme et la puissance, Antonio Farao est définitivement un pianiste à suivre scrupuleusement et avec la plus grande attention. Pour sûr, et souhaitons le, le come back du grand Chico Freeman est sur une voie royale...

Philippe Simonci & photos Jazz-Rhone-Alpes.com