35ème édition Jazz à Vienne :

Ce qu'il s'est passé le vendredi 3 juillet 2015

 

f-robin-110x110 Le croquis de François Robin

 

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Les deux "monstres"


Un ami est parti, dans la nuit, sans bruit. Un doux qui posait sur vous un regard simple et malicieux ; qui savait aussi poser ses yeux sur le monde à travers l'objectif de son appareil. Habité par cette absence lumineuse, je prends place dans ce crash-barrière qu'il connaissait bien, cette jungle où les doux cèdent la place aux fauves, sans faiblesse ni amertume. Renoncer aux meilleurs angles de tir, c'est aussi partir à la recherche d'un autre regard, plus attentif, plus patient.

Les deux lions qui montent sur scène, eux, ont déjà mangé. Caetano Veloso et Gilberto Gil ont écumé toutes les jungles, enflammé tous les stades, fait danser tous les aficionados d'un tropicalisme planétaire. A Vienne, on se souvient surtout de Gil qui passe régulièrement sur le festival, chaque fois avec un projet différent. Le dernier en date faisait la part belle à une musique plus populaire, plus représentative aussi d'un Brésil dont il se fait le chantre. Nul doute qu'ils sont beaucoup, dans la fosse - les douces sonorités mouillées du portugais caressent mon dos tandis que je dessine - à attendre qu'il mette le feu, qu'il fasse se lever le vent, qu'il ouvre le bagage d'un pays voyageur.

Mais l'heure est à la brise du soir plus qu'à l'ouragan, à la lumière du feu plus qu'aux feux de la rampe, à l'échange tranquille plus qu'au déchaînement des foules. Les «"doux barbares"* fêtent cinquante ans d'amitié. Ce concert du soir, c'est un cercle familial qu'on agrandit - "prenez donc place" - l'invitation des regards à partager la douceur vespérale pendant que les deux frères** enchaînent les airs connus.

Derrière le crash-barrière comme dans la fosse, les ardeurs se sont lissées - sur scène, il n'y a finalement que deux pépés souriants de soixante-douze ans. Je sens un flottement, certains sont un peu décontenancés, coupés dans leur frénésie par l'immobile tranquillité des deux monstres sacrés. Derrière moi, une belle jeune femme fredonne, tout sourire, les paroles de ce tube en d'autre temps explosif et qui s'étire ici comme un chat, les voix presque murmurées dans cette douceur qui fit le succès premier de la Bossa Nova. Sans le joyeux chahut de carnaval des orchestres brésiliens, la musique parle au cœur plus qu'aux jambes, la danse se fait intérieure. On se souvient des instants partagés, des doigts qui s'unissent sur un moment de bonheur, des petits rires et des silences emplis de soleil. Les vagues se couchent en douceur sur nos âmes, laissant sur nos rivages des frisures d'écume, des souvenirs précieux qui nous habillent de dentelles fines.

À Jean-Louis

François Robin, texte & illustration

* Los Doces Barbaros ("les doux barbares"), quatuor vocal fondé en 1976 par Maria Bethania Velloso avec Gal Costa, Gilberto Gil et Caetano Veloso.
**Gilberto et Caetano sont beaux-frères.

Voir la page Facebook de François Robin

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daniel-peyreplane-110x110 Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane

 

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Fraicheur oubliée,
langueur ensoleillée,

La fontaine au poisson rouge,

Oasis de fraicheur...

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Sur la scène de Cybèle

Carte blanche au Conservatoire de Lyon

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Un concert en deux parties, tout d'abord le Big Band Junior sous la direction de Thierry Seneau

On commence avec un ultra standard Take the A train histoire de se mettre en oreilles suivront ensuite différents titres bien connus : On BroadwaySkyfall (B.O. d'un James Bond), Flight  of the foo birds de Count Basie et en final A child is born de Tad Jones. Excellent exercice pour ces jeunes du concervatoire de travaille rne big band et de se frotter à une vraie scène. On en retrouvera surement quelques uns dans d'autres formations dans les années à venir.

A commencer par LE Big Band du conservatoire sous la direction de Bastien Ballaz.

Il entame son répertoire avec Paris au mois de mai avec au chant Rachel Laurent, suivra New Orléans drunk party du Amazing Keystone Big Band (on n'est jamais aussi bien servi que par soi même) puis un autre James Bond : Live and let die repris avec une belle énergie par Rachel Laurent et pour finir le luxuriant Manteca de Dizzie.

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Stéphane Kerecki Quartet

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 Un avant goût de ce qui nous attendra un peu plus tard sur la scène du Théâtre Antique, voir plus bas la chronique de Denis Bouteillon.

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EYM trio

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Précédant le quartet de Rhoda Scott sur la scène de Cybèle c'est, tout auréolé de leur 1er prix obtenu la veille au concours national de Jazz de la Défense, le "EYM trio" du pianiste Elie Dufour qui nous donnait à apprécier sa musique d'une grande originalité, empreinte des cultures de la Mitteleuropa, avec des compositions et des arrangements de Mario Stantchev (entr'autres) tirées du folklore bulgare, des thèmes très modernes s'inspirant aussi de gens comme Esbjorn Svensson ou Chick Corea, avec une profusion de notes qui assaillent des tempos tourbillonnants, une musique qui sonne un peu quelquefois comme celle de Tigran Hamasyan, et c'est un compliment dans ma bouche, le tout exécuté magistralement par des musiciens à la technique ultra rodée.

Plaisir garanti donc, la scène blindée, le public aux anges malgré une température accablante. Mission accomplie.

Elie Béraha & photos Jazz-Rhone-Alpes.com

(Elie Dufour: piano ; Marc Michel: batterie ; Yann Phayphet: contrebasse)

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 Rhoda Scott ; Cory Henry ; Matthew Whitaker

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Que voilà une belle rencontre, trois générations d'organistes, trois styles différents, trois amours convergents pour cet instrument magnifique qu'est l'orgue Hammond B3 avec cabine Leslie et pédalier. La totale quoi. Rhoda Scott fête aujourd'hui ses soixante-seize ans et la magie opère encore et toujours. Elle a pris sous son aile le jeune Mathew Whitaker, découvert l'année passée lors de la soirée, un jeune prodige du clavier. Au milieu le très attendu Cory Henry, son statut d'organiste  du Snarky Puppy lui vaut une bande de fans digne d'une rock star. Pour les accompagner il fallait un batteur, le choix s'est bien sûr porté notre "smiling american drummer", Sangoma Everett. Bonne pioche !

Les quatre nous embarquent dans un set enlevé où il reprennent des standards sous forme de joute  en noir et blanc ou certaines de leur compositions.

Une réunion rare que l'on aura de la chance de retrouver plus tard au Club de Minuit qui fera bien sûr le plein.

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 Oléum Camino

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Les improvisations picturales

Chaque jour, à côté de la scène de Cybèle, deux artistes peintre se livrent à un exercice de style: ils disposent d'une toile de 80cm par 80cm. A eux de traduire avec leurs pinceaux ce qu'ils ressentent. Au total dix-huit peintres se livreront à cet  exercice durant le festival.

La cuvée du jour: Patricia Brunet et Bénédicte Chardin

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Au musée Gallo-romain

Thomas Enhco solo pour les Musaïques

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Thomas Enhco est un des artistes résident de cette édition alors avant de le retrouver sur la scène du Théâtre Antique le 6 juillet pour la soirée "French Touch" il est venu nous offrir un set en solo au musée gallo-romain.

Belle occasion d'écouter en live les morceaux de son dernier album "Feathers" un album solo.

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Au théâtre Antique

Stéphane Kerecki: "Nouvelle vague"

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Après une journée festivalière bien remplie et "mucho caliente" la soirée de ce vendredi 3 Juillet promettait d'être carrément torride sous l'effet conjugué de la température ambiante et du programme musical. Elle le fut !


D'abord Stéphane Kérecki, contrebassiste révélation de l'année 2014 nous proposa une relecture superbe de certaines musiques du cinéma de la Nouvelle Vague (titre de son dernier album) dont entre autres de très belles versions d'A bout de souffle de Godard ou Tirez sur le pianiste de Truffaut. Il s'était pour l'occasion entouré d'un quartet tout simplement éblouissant.

Posé sur la batterie bavarde mais pas trop, inventive et virtuose de Fabrice Moreau, cultivant rondeur, puissance et beauté du son, Stéphane Kerecki, maîtrisant parfaitement arrangements et improvisations, nous offrit un apéritif musical absolument grandiose.

Avec un John Taylor au piano très en verve, cultivant légèreté, subtilité du toucher et inspiration dans un jeu tout à l'écoute du saxophone soprano d'Emile Parisien celui pour qui le saxophone est l'équivalent d'un sport de combat tant son engagement physique est total, fait tout entier de glissements, d'esquives puis d'attaques et retraits au service d'un jeu d'une intensité inouïe, le public ne peut au final qu'être ...à bout de souffle et lui réserver une ovation !! Ce fut le cas et c'était juste superbe !!

Denis Bouteillon & photos Sébastien Cholier

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Caetano & Gil

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Dans la seconde partie de soirée sur un registre nettement plus calme et intimiste les "papys" tropicalistes Caetano Veloso & Gilberto Gil en duo remirent le couvert de leur histoire commune pour la première fois depuis vingt ans et pour notre plus grand bonheur : immanquable !!

Dès les premières notes, les premières respirations, les plus dures, la magie était là, intacte, simplement réactivée. La magie de deux voix, deux voix immensément célèbres du Brésil, si parfaitement complémentaires, douces et chaleureuses, unies dans une parfaite et totale complicité pour la relecture d'un répertoire commun fait de nombreux standards chers à la Musique Populaire Brésilienne née dans leur sillage à l'aube des années 70. Géant !

Alors qu'importe si pour certains fans nombre de morceaux et une partie du concert semblaient manquer de souffle et si les titres les plus rythmés arrivèrent un peu tard, au final nous avons vécu un moment d'une rare émotion où parfois, à l'écoute de certains textes les plus emblématiques datés de plus de quarante ans et chargés de l'histoire de chacun, pouvait s'échapper une petite larme.

Denis Bouteillon & photos Sébastien Cholier

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Chucho Valdés au Théâtre Antique : Irakere, un tributo en sus 40 años


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Chucho Valdés, notre Jésus de Cuba, avait toutes les bonnes raisons ( par exemple, cinq Grammy awards et trois Latin Grammys ) de se retourner afin de contempler tout le chemin parcouru depuis la fondation en 1973 de son groupe "Irakere", et de lui rendre un hommage au sein de son groupe actuel "Afro Cuban Messengers".

Sa discographie et les thèmes de ses tournées comportent de nombreux hommages similaires : à son père Bebo, au compositeur cubain Ernesto Lecuona, à l'Afrique...modestie des grands hommes ! Pourtant il est non seulement pianiste virtuose, mais encore compositeur et arrangeur au point d'être le socle de tout le jazz latin mondial actuel.

Et comme tous les grands il ne craint pas de s'entourer de jeunes qui cherchent à montrer leur talent ; c'est le cas des "Afro Cuban Messengers" de ce soir, proche de celui du dernier album magique "Border Free", moins la guest star Branford Marsalis, tout de même...

Le spectacle de ce soir "Irakere 40" est destiné à une longue tournée mondiale, aussi Chucho a peaufiné sa sélection de morceaux en puisant dans les onze albums produits avec Irakere ; la pièce maîtresse est Misa Negra, qui figurait dans le "Besame mucho" de 2004.

Irakere signifie fôret profonde en langage Yoruba ; des tambours yoruba occupent aussi la place centrale sur scène.

Tous les photographes le disent : " quand Chucho se lève pour faire l'albatros bras écartés, on a intérêt à avoir pris son grand angle".

C'est exact, mais encore plus vrai musicalement : déjà, au styles cubain et jazz hérités de papa Bebo, Chucho a ajouté les ambiances africaines, c'est pas mal.
Mais voici que sous moi donc cette troupe s'avance,
Et porte sur le front une mâle assurance ( c'est vrai qu'il n'y avait que des hommes sur scène )...Et qu'entends je, qu'ouis je , rêvé je ou dors je ?
Ce jeune (vingt-cinq ans ) bassiste Gastón Joya, très à l'aise à la contrebasse, est encore plus combatif à la basse cinq cordes ...une tuerie funk !!!
Et ce Rodney Barreto, lâché en solo de batterie, se révèle rock pur et dur.
Les jeunes soufflants ne sont pas en reste, sax et trompettes , le groove nous emporte.
Par dessus tout cela le sourire bienveillant de Chucho, fier de sa belle pépinière, avec tout de même quelques solos brillantissimes comme il en a le secret ; tiens je n'avais pas encore cité la musique classique : bingo il l'intègre aussi, comme dans ce diamant Fantasia Cubana, album de 2002 dans lequel il jetait mille ponts entre nos classiques et la musique cubaine, Ernesto Lecuona en tête.

Bon, on vous a beaucoup écrit de chroniques en comparant des morceaux à des voyages, mais quand même, ici on a eu droit dans un seul morceau à un départ dans la jungle africaine, une envolée lyrique au piano à la Rhapsody in Blue, suivie d'une escale à La Havane, avant un retour dans une savane ocrée .
Bref, le mot qui s'impose c'est la variété, la vraie ( pas la variétoche ! ) ...le jazz fusion, quoi !
Au final on a un public ravi et qui danse...rappels, bien sûr.
Gracias Chucho, fréquemment à Vienne depuis 1991, mais on en redemande ( prochaines opportunités : au festival de jazz de Barcelone dont il est parrain, ou à Paris pour un concert avec Michel Legrand ).

Patrick Van Denhove & photos Sébastien Cholier


 

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Au Club de Minuit

Rhoda Scott ; Cory Henry ; Matthew Whitaker

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On en a volontiers repris une belle dose, malgré la touffeur de la salle.

 

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La galerie de photos de Jazz-Rhone-Alpes.com

Les concerts du vendredi 3 juillet 2015 à Vienne


Carte blanche au Conservatoire de Lyon ; Thomas Enhco Solo ; Stéphane Kerecki Quartet (Cybèle) ; EYM Trio ; Rhoda Scott / Cory Henry / Mathew Whitaker (Cybèle) ; Oleim Camino ; Stéphane Kerecki Quartet (Théâtre Antique) ;Caetano Veloso & Gilberto Gil ; Chucho Valdés ; Rhoda Scott / Cory Henry / Mathew Whitaker (Club de Minuit) ; The Buttshakers

 

(Les photos publiées ici ne sont pas libres de droit et appartiennent à leurs auteurs qui seuls peuvent vous accorder un droit de reproduction. Si vous souhaitez en utiliser une ou plusieurs, prendre contact avec la rédaction de Jazz-Rhone-Alpes.com)

 

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n°45 : 18/10/2007

n°44 : 17/10/2007

n°43 : 15/10/2007

n°42 : 14/10/2007

n°41 : 13/10/2007

n°40 : 12/10/2007

n°39 : 11/10/2007

n°38 : 10/10/2007

n°37 : 08/10/2007

n°36 : 07/10/2007

n°35 : 06/10/2007

n°34 : 05/10/2007

n°33 : 04/10/2007

n°32 : 03/10/2007

n°31 : 01/10/2007

n°30 : 16/09/2007

n°29 : 30/08/2007

n°28 : 05/08/2007

n°27 : 04/08/2007

n°26 : 03/08/2007

n°25 : 02/08/2007

n°24 : 31/07/2007

n°23 : 30/07/2007

n°22 : 29/07/2007

n°21 : 27/07/2007

n°20 : 26/07/2007

n°19 : 14/07/2007

n°18 : 13/07/2007

n°17 : 12/07/2007

n°16 : 11/07/2007

n°15 : 10/07/2007

n°14 : 09/07/2007

n°13 : 08/07/2007

n°12 : 07/07/2007

n°11 : 06/07/2007

n°10 : 05/07/2007

n°9 : 04/07/2007<

n°8 : 03/07/2007<

n°7 : 02/07/2007<

n°6 : 01/07/2007<

n°5 : 30/06/2007<

n°4 : 29/06/2007<

n°3 : 28/06/2007<

n°2 (indisponible)

n°1 (indisponible)


Mis en ligne par l'association Jazz-en-Rhone-Alpes