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ce qu'il s'est passé le jeudi 10 juillet à Vienne

Le croquis et la prose de François Robin

Soirée Brésil. La Zaza connection.

Eliane Elias & Graham Detcher

Pour tous les Français de ma génération ou presque, le dissyllabique "Zaza" évoque une bonne copine, avec ou sans tresses, grande ou petite, réservée ou malicieuse, rencontrée dans la cour de l'école ou du lycée à une période ou les Isabelles avaient la cote au Top 10 des prénoms les plus attribués. Mais dans le back stage du théâtre antique comme dans le monde du jazz Rhône-Alpin, « Zaza » c'est Izaias Desiderio Florindo, un adorable brésilien de trente quatre ans, une barbiche mutine encadrant un sourire lumineux, doux comme une caresse, coiffé de splendides tresses afro qui soulignent un regard qui pour être délicieusement espiègle n'en révèle pas moins une absolue et irrésistible bienveillance. Mais il y aurait erreur à s'arrêter à cette image de latin lover, car Zaza Desiderio est l'un des plus fameux batteurs percussionnistes que j'ai eu la chance de rencontrer. Né à Rio de Janeiro, encensé dans son pays, il a découvert la France à l'occasion d'une tournée avec le saxophoniste Idriss Boudrioua et posé ses valises à Paris, puis à Lyon. Tout le petit peuple du jazz lyonnais connait ce musicien subtil et spectaculaire, polymorphe et créatif, qui illumine les combos à la rencontre de tous les projets, ceux des stars comme ceux des copains.

Vinicius Cantuaria & Sergio Mendes

Rien d'étonnant, donc, à le croiser sur le festival, sur scène avec l'Amazing Keystone Big Band et Quincy Jones ou le projet Samba Sax de la soirée d'ouverture, comme dans le back stage avec l'un ou l'autre des musiciens du cru. D'autant plus lorsqu'il s'agit d'une soirée Brésil, avec les concerts de Vinicius Cantuaria, artiste inspiré et discret, l'un des pionniers de la musique néo-brésilienne - son titre « Lua e Estrela » en 1981, devient un classique du répertoire de Caetano Veloso - du septuagénaire Sergio Mendes - auteur d'un retour remarqué sur les charts planétaire - et de la sensuelle chanteuse et pianiste Eliane Elias. Ce qui est en revanche plus étonnant, tant nous nous sommes habitués à cet ami simple et sans façons, c'est de découvrir lorsqu'il me présente quelques uns des musiciens de ces stars, que ce sont tous des amis très proches - « lui, c'est comme mon frère », et un autre, « on s'est connu à l'école maternelle ». Le genre de discussions que nous avons entre Viennois sur le marché du samedi matin, à remettre cependant dans le contexte du Brésil, un pays qui fait quinze fois la France !

Vitor Gonçalves & Rafael Barata

Forcément, impossible de faire moins que de les croquer sur scène. Victor Gonçalves est un pianiste très raffiné, associé au concert presqu'intimiste de Vinicius Cantuaria. Rafael Barata, quant à lui, délivre toute la fougue de la samba dans le concert d'Eliane Elias. « Ça, c'est le Brésil ! » m'explique un Zaza qui ne cache pas son plaisir. Absorbé par le dessin de Rafael, je réalise que je suis seul dans le crash barrière : pas de photographes pour le concert d'Eliane Elias. Je glisse donc tout près de la blonde quinquagénaire pour faire un croquis de cette grande dame qui allie si bien le chaloupé de la bossa et la finesse de jazz, qualités qu'elle partage avec notre Brésilien d'adoption. Finalement, il n'y a que l'orchestre de Sergio Mendes qui soit privé des services de la « Zaza connection ». Qu'à cela ne tienne, je glisse mon ami à la place du percussionniste sur le croquis que je destine à Isabelle, la Zaza du gang des photographes. Le jazz, c'est souvent une histoire d'amitié.

Bien sûr, ceux qui ne connaissent pas Zaza Desiderio vont me reprocher de ne pas en avoir fait le portrait. Je vous joins donc une photo récupérée sur son site. Comme ça, vous pourrez vous faire mousser auprès des spécialistes de jazz et dire : « C'est qui le type à côté de Zaza ? »

(Le type à côté de Zaza, c'est Quincy Jones...)

François Robin

voir le site de François Robin

Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane

Houlala, fin de soirée, ça tourne ...

Sur la scène de Cybèle

Le Big Band de l'Ouest

Cette fois-ci le "Big Band de l'Ouest" nous propose un voyage travers le temps et les époques du jazz en grande formation avec Cute (Count Basie), Never No lament (plus connu sous le nom de Don't get much anymore) de Duke Ellington, Portrait of Louis Armstrong, The groove merchant (Thad Jones), Sing sing sing (Luis prima) un morceau très "jungle" destiné à la danse puis The sidewinder (Lee Morgan) un boogaloo et enfin le final sur Working in a coalmine avec Manouche Fournier à la voix.

Ce big band dispense ses morceaux avec une belle fraîcheur sous la conduite joviale de Nicolas Frache. Julien Chignier pilote les soufflants et "Tchou-Tchou" tient toujours son rang de saxophoniste baryton avec ses quatre-vingt-huit printemps.

Pascal Derathé

Jaal

Jaal formation composée de Alaoua Idir à l'oud, Jean-Luc Frappa à l'accordéon et l'harmonium, instrument qu'on a peu l'occasion de voir sur une scène de jazz, Bruno Mori, basse, Laurent Falso, batterie et invité pour ce concert Mohamed M'Sahel au chant et percussions proposent une musique que l'on pourrait qualifier de world bien que cela fasse un peu fourre-tout et que l'on désignera plus précisément par trans-méditerranéenne.

La sonorité de l'oud travaillée au travers de divers pédales à effets donne une tonalité très orientale à cet ensemble qui propose une fusion de genres où mélodie et sonorités traditionnelles sont portées par des rythmes jazzy-binaires. Abrité des perturbations météo sous la tente de la scène de Cybèle un large public était venu apprécier cette formation histoire peut être de laisser vaguer ses esprits dans les sables chaud d'un Sahara

Philippe Morel

University of Oregon

Du bon jazz de big band qui pousse, c'est toujours un plaisir de voir ces formations américaines qui font leur "European tour" en été et où la halte de Cybèle est devenue incontournable.

Niels Lan Doky Trio

Probablement ma belle découverte de cette édition (et pourtant le monsieur a trente trois CD à son actif depuis 1986!). Le pianiste danois, mais surtout citoyen du monde, Niels Lan Doky se présente à Cybèle avec deux jeunes musiciens Jonathan Bremer (contrebasse) et Niclas Bardeleben (batterie), redoutable d'efficacité et de talent. Niels n'hésite pas d'ailleurs à leur laisser de longues plages de liberté.

Ce projet "Scandinavian Standards" est une relecture du patrimoine de "là haut" avec la jolie patte du pianiste et arrangeur. Le public est tombé sous le charme de ce trio.

Pascal Derathé

Feeling Band

Béranger Magni & guests

Au Théâtre Antique : la soirée "Brésil"

Vinicius Cantuária

Est-ce que c'était de la grisaille et la menace de la pluie qui tracasse Jazz à Vienne depuis une semaine (cependant on a déjà vu bien pire que ce soir ! ) ou est-ce que c'était le théâtre rempli à seulement à moitié pour ce premier set, le public se méfiant de la pluie, qui a rendu triste Vinicius Cantuária ?

Pourtant, ce musicien/compositeur, né et grandi sous le plus beau soleil tropical brésilien (Manaus, puis Rio) , doit avoir l'habitude après plus de quinze ans à New York, où on voit plus souvent des anoraks et des impers que des bikinis (ah Rio ! "que saudades !"). En tout cas, sa mine triste et préoccupée a certainement déteint sur sa musique. Un set de chansons intimistes et fidèles aux origines, mais décidément il nous a manqué cette merveilleuse capacité brésilienne de trouver et partage le bonheur en tous moments.

Ses origines de batteur et son excellent album "Cymbals" étaient peu présents ce soir. Il n'a proposé qu'un auto-accompagnement à la guitare électrique assisté de Paul Socolow (guitare basse électrique), Vitor Gonçalves (piano) et Adriano Santos (batterie) . Des chansons typées et agréables mais chantées sans vraie conviction, ça frôlait le médiocre, des arrangements un peu flous, de longues intros peu définies. Les titres ne sont pas annoncés (sauf à la fin de Lidia de Jobim), pas moyen d'identifier ses propres compositions même avec une bonne compréhension du portugais sauf à être une grande initiée A un moment donné on a pu capter un parfum du "violão" et on aurait bien aimé entendre un chorus de cette guitare brésilienne à sept cordes, tellement présente dans la musique traditionnelle du Nordeste qui a eu une influence très importante dans le mouvement MPB ("música popular brasiliera") des années '70-'80s auquel Cantuária a eu une participation importante.

Je suis restée sur ma faim mais ceci a été réglé avec le set suivant !

Judy Rankin

Eliane Eiias

Madame Elias ayant refusé de se laisser photographier pendant le concert et pendant la "conférence de presse" (un comble), nous appliquons notre démarche habituelle dans ce cas.

Sergio Mendes : "Brasil 2014"

Compositeur, arrangeur, pianiste et chanteur Sergio Mendes nous propose une promenade musicale au travers des succès qui ont jalonné une carrière de 50 ans.
Au delà de ses propres compositions dont le tube planétaire Mas Que Nada qu'il jouait dans les années soixante au sein de night clubs à Copacabana, succès remis au gout du jour en 2002 sur le disque "Timeless" sur lequel plusieurs artistes internationaux interviennent dont Stevie Wonder ami et voisin (il habite actuellement à Los Angeles), Sergio Mendes et sa formation composée de dix musiciens interpréteront des reprises Baden Powell, Carlos Jobim Samba De Uma Nota Só, de Chico Buarque, un Qui sera chanté par sa compagne à la vie comme à la scène Gracinha Leporace. Versions données toujours dans des arrangements particulièrement enlevés et dansants.

Son registre musical s'articule essentiellement autour d'une musique populaire ayant pour base la bossa, la samba et autres rythmes chers au Brésil.
Le public sera au fil du concert de plus en plus nombreux à se lever et a gesticuler jusqu'à ce que l'ensemble du théâtre se transforme en samba déambulante

Sergio Mendes qui paraît pour la première fois à Vienne, s'exprime dans un français parfait qu'il a acquis au travers de la musique classique pour avoir étudié les compositeurs du début du XXeme Ravel, Debussy..., au travers de la littérature et de films il cite en particulier Godard. Il parle en outre plusieurs langues apprises de manière autodidacte par intérêt et par amour des langues.

Il aime les expériences et s'accompagne de jeunes talents brésiliens et américains comme ce soir le rappeur Harrell Harris "H2O ou les chanteuses Katie Hampton et Ayana Williams
Le night club du Pais Tropical a débarqué à Vienne gravant dans certaines têtes des thèmes de manière indélébile Plus d'une heure après ce concert je croisais en ville un couple qui chantait Mas Que Nada., Il y a des airs dont on arrive plus à se défaire, celui-ci a cinquante ans... Quand sera-t-il des thèmes One Nation ou Simbora, joués ce soir, issus de "Magic", dernier opus, de ce musicien sorti il y a un mois ?

Bernard Otternaud

(Sergio Mendes, piano ; Gracinha Leporace, Katie Hampton, et Ayana Williams : voix Harrell Harris "H2O", rappeur ; Kleber Jorge Pimenta/ guitare voix ; Scott Mayo, saxophone, flûte clavier voix ; Hussain Jiffry, basse voix ; Michael Shapiro, Batterie voix ; Marco B. Dos Santos "Gibi", percussions)

Au Club de Minuit

Vinicius Cantuara

On prend les mêmes ...

Au JazzMix

Mike Ladd présente "Satchmokovich - plays the ballad of Mr Four" + special guest Juice Aleem