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ce qu'il s'est passé le dimanche 6 juillet à Vienne

Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane

Après

Sur la scène de Cybèle

L'atelier Gospel de l'Académie

Comme chaque année, Sabine Kouli anime un atelier Gospel qui rencontre un franc succès. Pendant plusieurs jours novices ou sachant forment un groupe dont l'objet est tout d'abord de se souder et ensuite  faire bouger Cybèle.

Ce fut encore le cas ce midi, où l'on a vu une belle partie du public répondre aux sollicitations de Sabine qui sait y faire pour "driver" du monde.

Micromegas

Cette formation, qui a dix-huit ans d'existence, mélange amateurs et professionnels. Le nombre conséquent de musiciens ainsi que les possibilités orchestrales que cela offre font de Micromégas un groupe qui a du charme. Selon les arrangements, il sonne comme une fanfare (à la manière des formations d'Eddy Louis ou de Serge Lazarevitch) ou comme un big band.

François Raulin aux commandes lance les riffs des différents pupitres par des signes de la main. L'orchestre groove, les musiciens répondent parfaitement et les solis sont de qualité. Quelques individualités se détachent. Les partitions peuvent être complexes (Le verbe, de Louis Sclavis), le groupe est toujours aussi à l'aise.

Ce qui est particulièrement réussi, c'est l'art de rassembler et de réunir les morceaux du répertoire, en soignant les transitions. Le chef d'orchestre donne du sens, fait des liens, entre les musiques d'horizon divers, et fait de ce temps de concert un moment coloré. Tout se tient. On en ressort content et conquis.

Laurent Brun

Jérémie Ternoy Trio

Benjamin Tanguy est un gars fidèle, alors il a décidé d'inviter deux anciens lauréats du tremplin Focal / RéZZo.

C'est toujours intéressant de voir évoluer ces groupes que l'on a vu à leurs premières passes d'armes.

On commence par le Jérémie Ternoy Trio (Lauréat 2006)

Sidony Box

Place ensuite au lauréat 2010 : Sidony Box.

Difficile au premier abord de rentrer dans la musique de "Sidony Box". Les musiciens donnent cette première impression d'être absorbés par leur musique et nous, spectateurs, de rester en retrait. C'est à force de riffs, d'arpèges, de boucles, induites par la guitare, soutenues puissamment par la batterie et répétées par le saxophone que progressivement on se laisse emporter par le mouvement interne de cette musique prégnante. Les trois acteurs suivent une ligne artistique qui finit par vous prendre et vous emporter, à force de persuasion.

Les morceaux, au départ très libres, se resserrent pour une écriture plus construite, où chaque instrument va prendre de l'ampleur, de la profondeur et dialoguer, jouer à l'unisson, scander un jazz à la manière si particulière qu'avait Thomas Chapin à la fin de sa vie de jouer le jazz : un jeu de saxophone très libre sur une rythmique basse batterie très compacte et très à l'unisson. Il n'y a pas de bassiste dans Sidony Box mais un guitariste qui a pris le parti d'une palette sonore très élargie avec sa guitare huit cordes (dont des graves très profonds) et ses effets multiples.

Energie, jeu très resserré, boucles méditatives sont quelques éléments qui ressortent à l'écoute de ce groupe qui a déjà pris son envol et qui vaut plus que le coup d'être entendu.

Laurent Brun

(Elie Dalibert : saxophone, Manuel Adnot : guitare, Arthur Narcy : batterie)

Les improvisations picturales

Chaque jour, à côté de la scène de Cybèle, deux artistes peintre se livrent à un exercice de style: ils disposent d'une toile de 80cm x 80cm. A eux de traduire avec leurs pinceaux ce qu'ils ressentent. Au total dix-huit peintres se livreront à cet  exercice durant le festival.

La cuvée du jour: Bénédicte Chardin et Florent Tosdu qui ont œuvré pendant la prestation de Micromegas.

 Prochaines improvisations picturales : le  9 juillet

Au théâtre Antique

La soirée "guitare"
They Cal Me Rico

Décidément le principe "homme orchestre" est, dû à la crise ou aux projets artistiques très personnels, en ascension. Déjà lvendredi dernier on a pu entendre le très convaincant Thomas Schoeffier Jr. en configuration percussion-guitare-harmonica-voix. Ce soir c'est le tour de Frédéric Pellerin aka "They Call Me Rico", québequois installé depuis un moment en Rhône-Alpes et déjà vu à Cybèle et ailleurs, qui nous propose son interprétation de la formule.

Avec un auto- accompagnement efficace de guitare type résonateur jouée slide ou une guitare sèche et une grosse caisse/cymbales/tambourin, et l'occasionel harmonica, Rico se jette dans ses chansons comme une nageur olympique dans une piscine. Sa rythmique persuasive et une voix rauque, avec une pincée de distorsion au micro, lui permettent de mettre en place immédiatement le principe de la soirée : un son musclé !

Il nous offre plusieurs de ses compositions de son dernier CD plus une reprise de Bruce Springsteen I 'm On Fire. Son énergie est sa marque de fabrique et fait le bonheur du public. Mais ceci est aussi un piège sur scène, la monotonie s'installe quand titre après titres sont déclinés de au même tambour, et par l'épuisement trop vite arrivé si l'effort n'est pas bien dosé. Déjà au deuxième morceau ce dépassement se fait sentir et c'était un combat pour gérer les titres suivants, malgré une belle conclusion du set mais au prix de perte de qualité de voix et une perte de la musicalité que l'on trouve sur le CD. Mais un CD c'est pour être écouté dans son salon , or ce n'était absolument pas le cas ce soir. Néanmoins "Rico" a bien réussi, et tout seul, à lancer la soirée, en préparant  bien le chemin pour les pontures à suivre.

Judy Rankin

Lucky Peterson

L'artiste de blues Lucky Peterson était un des invités majeurs de cette nuit de la guitare et remplaçait en dernière minute Jeff Beck qui a annulé sa tournée européenne. J'ai entendu dire dans l'après-midi "malheureusement". Peut-être. Toujours est-il qu'en véritable show man, il a su mettre l'ambiance dans le théâtre, malgré la pluie.

Son spectacle, mélange de soul, de blues, de rock, est très rôdé, mais l'artiste sait faire vibrer les foules, car il a ce quelque chose d'unique, un humour, un swing, une empathie pour le public qui le rend éminemment sympathique. Sa musique groove méchamment. C'est un très bon pianiste et organiste, très inspiré et il connait sur le bout des doigts cette musique et son métier. Il est accompagné d'excellents musiciens qui ont fait le show avec lui.

Cet artiste généreux a pris un bain de foule pendant le concert, déambulant dans les allées du théâtre, sur un medley des titres phares de la musique blues-rock noire américaine. Une fois sa balade terminée et le public définitivement à ses côtés, il s'est assis sur le bord de la scène pour un dernier blues lent. Comme disait un ami de Jean-Marc Aguirre, chroniqueur à Jazz Rhône Alpes, c'est un artiste qui n'hésite pas "à se mouiller".

Je garderai finalement l'image de cet artiste, dégoulinant sous la pluie, et promettant à son public le soleil à travers ses chansons et sa bonhomie.

Laurent Brun

(Lucky Peterson : guitare, orgue, piano ; Shawn Kellerman : guitare, Timothy Waites : basse, Marvin Hollie : clavier, Raul Valdes : batterie)

Joe Satriani

Show must go on !
Les intermittents du spectacles sont en lutte, la météo n'est pas clémente, soit! Mais heureusement le spectacle continue ! Et sur la scène du Théâtre Antique ce sera pour l'heure sans le traditionnel coucher de soleil.

Ce soir le concours des "guitar Héro" n'aura pas lieu, Jeff Beck a déclaré forfait, il a annulé sa tournée pour des raisons de santé, Stéphane Kochoyan, le directeur du festival nous a même montré son arrêt maladie. Mais Joe Satriani est là et bien là lui.

C'est en grande forme qu'il nous est apparu, guitare rouge et lunettes noires, malgré le temps et bientôt la nuit.
Et il envoie du lourd sans préavis, du gros son Rock qui met tout le monde d'accord : Alors c'est ça un guitar héro ?
La scène du Théatre Antique est à la mesure voire à la démesure de ce grand guitariste showman.
Le show est effectivement complet et bien maitrisé, les jeux de scène et les ballets de lumière sont au cordeau.
C'est un déluge de notes qui s'abat sur le théâtre en même temps qu'une pluie entêtante.

Malgré la pluie les spectateurs restent et participent à la fête, peut être subjugués qu'ils sont par tant d'énergie et d'efficacité.
Satch, ( c'est son surnom), n'a que l'embarras du choix pour constituer son répertoire du soir parmi les quatorze albums studio déjà enregistrés et notamment parmi les compositions du dernier en date : "Unstoppable Momentum".

La dextérité et l'expérience ne faisant pas tout, il m'a semblé que le tout tourne un peu en rond, mais peut être ne suis-je pas assez fan du maître.
Mais attention celui qui a déjà été le guitariste de Jagger, en solo, d'Alice Cooper, de Deep Purple et de bien d'autres peut encore nous étonner;

Alors à bientôt à "Rock à Vienne" .. ???  Non! c'est "Jazz à Vienne". (allez, un peu d'humour devant tant d'adversité)

Jean-Marc Aguirre