ce qu'il s'est passé le samedi 5 juillet à Vienne
Le croquis et la prose de François Robin
Apollo Theater. Où naissent les étoiles et se créent les légendes.
"Et maintenant, on va faire le plus de bruit possible pour... "
Je dois avouer avoir été quelque peu surpris par cette invite au décibel, très à la mode hier soir, entre autres par un Ben l'Oncle Soul qui poursuit cahin-caha une carrière déjà redondante, confirmant mes craintes d'il y a trois ans. Le plus de bruit possible, donc, c'est l'arbitrage du public des "Amateur Nights" de l'Apollo Theater, un des très rares hauts lieux du jazz préservés dans un Harlem phagocyté par les buildings ou autres parkings. Le principe - qui a inspiré nombre d'émissions de téléréalité depuis : ouvrir la scène à des jeunes (ou moins jeunes) talents inconnus. 80 ans de succès. Et toute une flopée de futures stars : Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Marvin Gaye, Stevie Wonder, Aretha Franklin, Smokey Robinson, Mariah Carey, The Jackson Five, James Brown, pour ne citer qu'eux. Tous ont fait leurs débuts dans ce vieux théâtre au rideau rouge et fauteuils de velours qui n'est pas sans rappeler - certes bien plus modestement - le petit théâtre à l'italienne qui accueille le club de minuit à Vienne.
"To be good or to be gone !"
Le slogan est clair et on ne peut plus stimulant. De toute évidence, Matthew Whitaker, 14 ans, a su y puiser la bonne énergie lorsqu'il a remporté le prix de l'Apollo Theater. S'il ne lui manquait le chant pour parfaire la ressemblance, le jeune virtuose aveugle fait forcément penser à Stevie Wonder dont il a assuré récemment la première partie. Pour sa prestation sur la scène du théâtre antique, le pianiste prodige a choisi l'orgue. Un groove ravageur au B3, cette capacité rare de tirer le meilleur du mythique Hammond, cette manière particulière qu'ont les non-voyants de visualiser l'espace au travers de la musique qui impose une écoute plus qu'attentive. Tout en lui parle d'une dévotion absolue à son art, une balise indestructible sur laquelle il construit son avenir. Et on se demande bien ce qu'il va pouvoir apprendre dans les cinquante années prochaines !
50 ans, c'est le temps qu'il a fallu à Charles Bradley pour trouver son public à Brooklyn. Celui qui avait été subjugué par l'énergie de James Brown - qu'il vit pour la première fois à l'Apollo à l'âge où Matthew trouvait la gloire - a sillonné les Etats-Unis au rythme de ses emplois de cuisinier. A 66 ans, il poursuit sa tardive ascension avec une référence absolue à James Brown qu'il a imité toute sa vie dans les bars et clubs avant d'être repéré par le label Daptone Records. Il est donc là, pour cette soirée célébration de la soul vintage qui voit défiler une pluie d'étoiles du genre. Voix rauque, voilée, appuyée par une solide section de cuivres, le cuisinier retrouve les danses qui firent la légende des 70's, tandis que les projecteurs balayent la piste de cercles psychédéliques.
Costume jaune... chaussures pailletées...
"Quand vous dansiez en ces temps-là... "
François Robin
voir le site de François Robin
Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane
Cat-Jazz Antique - Souvenir de Cléopatre
Sur la scène de Cybèle
La Junior Jam de Cédric Perrot
Cédric Perrot emmène sa jeune troupe sur la scène de Cybèle.
Que de chemin parcouru depuis les premières sessions à Jazz à Fareins puis la Clef de voûte . Des passages remarqués au Péristyle devant un public enthousiaste et puis au Rhinojazz(s) pour arriver sur la prestigieuse scène de Jazz à Vienne où le public a chaleureusement apprécié l'initiative.
Etienne Kermarc Septet
Benjamin Tanguy nous a concoté une après-midi "en résonnance" avec la soirée spéciale "Apollo Theater" .
Se succèdent trois groupes plus p^échus les uns que les autres dans des styles différents mais se référant tous à la soul music.
Avec le Etienne Kermarc Sextet qui invite Akli Bekouche on s'oriente vers un afro beat énergique qui puise ses racines au Mali et autour. Un set revigorant et qui donne envie de battre la mesure.
True Fantasy
Un jazz pluriel, rythmé qui met en avant la chanteuse Sheylla Barros.
Faada Freddy
Avec ce quintet on se prend une grosse claque. Apparemment peu de moyens, les seules voix et les corps délivrent un show vocal d'une grande qualité. Une maîtrise exemplaire des techniques vocales associé à une voix chaude (Made in Africa). Un gros coup de cœur du public qui s'enthousiasme pour leur prestation
Les improvisations picturales
Chaque jour, à côté de la scène de Cybèle, deux artistes peintres se livrent à un exercice de style: ils disposent d'une toile de 80cm x 80cm. A eux de traduire avec leurs pinceaux ce qu'ils ressentent. Au total dix-huit peintres se livreront à cet exercice durant le festival.
La cuvée du jour: Bruno Keip et Manel qui ont œuvré pendant la prestation du "Etienne Kermarc Septet".
Prochaines improvisations picturales : le 6 juillet.
Dans Vienne
Les Jazz Parades se poursuivent dans la ville et aujourd'hui c'était le Quincaillerie Orchestra
Au Théâtre Antique
L'Apollo Soul Night pour fêter les 80 ans de l'Apollo Theater
Quatre-vingt ans et pas une ride !
Bientôt 24 heures que je vibre Apollo... Il est 15h00 en ce dimanche et l'Apollo Soul Brunch vient de s'achever entre amis sous le musée gallo-romain (80 ans, ça les fait marrer les vieilles pierres !). Les gônes de Charlie & the Soap Opera ont bœufé avec le tout jeune Matthew Whitaker et nous nous sommes régalés, papilles et oreilles, papys et gamins !
Touche rewind... Samedi après-midi, nous visitions l'exposition "80 ans Apollo Theater" présentée à la salle des fêtes de Vienne et rencontrions l'un des gagnants de l'Apollo Amateur Night Winner : le jeune prodige du clavier Matthew Whitaker avant de le retrouver en ouverture de soirée sur la grande scène du festival. En trio organique (avec les jeunes rhonalpins Alex Lefko à la batterie et le très en forme Baptiste Ferrandis à la guitare), il nous a envoyé une poignée de standards de la soul avec brio et énergie. Certes, sa cécité et sa technique (14 ans...) évoquent immanquablement celui qui sera là le 14 juillet et dont il fit la première partie en 2011 et il pourrait bien prolonger la longue liste de celles et ceux qui ont remporté le concours puis gravé leur nom dans le marbre de l'Histoire de la black music.
Changement de plateau, les six Monophonics attaquent un set énergique et cuivré. Ben l'Oncle Soul les rejoint avec un répertoire assez éloigné de celui de son concert de 2011. Moins d'exubérance, moins de chansons en français, quelques inédits du prochain album, mais toujours ce talent d'entertainer, cette fougue et cette chaude voix que le public aurait aimé entendre plus longtemps même si les plus "jazzeux" d'entre nous ne chantaient pas avec les spectateurs... En tout cas, Ben a mouillé la chemise !
The Daptone Super Soul Revue peut commencer. Le guitariste Binki Griptit endosse le costume de Maître de cérémonie. Sans l'ombre d'un temps mort, les formations se succèdent, s'imbriquent, se superposent avec une technicité et une fluidité éblouissantes. Les Daptones donnent le ton avec cette soul funky qui est leur raison d'être.
Puis le saxophoniste Neil Sugarman et ses Sugarman 3 poursuivent dans le même esprit : le public est ravi et accueille le chanteur Charles Bradley en costume jaune et chemise noire.
Imitateur de James Brown, il n'hésite pas à esquisser quelques excentricités chorégraphiques et vocales. Une partie de la fosse et des gradins est sous le charme, les autres attendent que ça passe...
L'arrivée en lice d'Antibalas modifie un brin l'ambiance de la soirée. C'est un Afrobeat façon Fela qui s'empare de l'espace sonore, maintenant le cap et le haut niveau de cette revue peaufinée par le label Daptone.
Dès son entrée en scène, Sharon Jones conquiert son auditoire. Tout ce qu'on aime est réuni chez cette grande dame du rythm'n blues, enfin programmée sur la grande scène... Elle se promène allègrement entre un funk endiablé et des ballades envoûtantes, elle susurre, feule, crie son appétit de vivre avec une sincérité et une vérité de chaque note. La robe lamée parcourt la scène de long en large durant un set électrisant. C'est pieds nus qu'elle danse à la limite de la transe devant un théâtre antique pour qui le temps a suspendu son vol ! On est déjà dimanche quand toute la revue revient offrir un final fracassant.
Touche forward : Revenez quand vous voulez !
Au Club de Minuit
Zara McFarlane
Avec Zara McFArlane, on reste dans le R'n B et la soul, mais tout en douceur et finesse. La jeune femme nous emmène dans son monde de fraîcheur et on l'accompagne bien volontiers. A coup sûr on la reverra d'ici au maximum deux ans à quelques encablures plus haut.
Au JazzMix
Cody ChesnuTT
Un drôle d'oiseau qui a posé ses valises (et pas son casque) au JazzMix. Un touche à tout, hyper énergique qui convient parfaitement au public exigeant du lieu qui veut du vrai qui déboite.

La galerie de photos de Jazz-Rhone-Alpes.com
Les concerts du samedi 5 juillet à Vienne
Cédric Perrot Junior Jam Jazz ; Etienne Kermarc 7tet ; True Fantasy ; Faada Freddy ; Matthew Whitaker ; Ben L'oncle Soul ; Apollo Soul Night avec Binki Griptit, Sugarman 3, Charles Bradley, Antibalas et Sharon Jones ; Zara McFarlane ; Cody Chesnutt
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