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ce qu'il s'est passé le lundi 30 juin à Vienne

Le croquis et la prose de François Robin

Où s'arrête le jazz ?

Eternelle polémique qui divise puristes de tous horizons, ou plutôt unidirectionnels, s'il faut en croire les lois de la géométrie. En effet, nous parlons volontiers de la "sphère du jazz", volume parfaitement circonscrit présentant l'avantage de la paresse intellectuelle puisqu'il suffit d'une dimension pour la définir entièrement : une multitude de points ayant le même rayon par rapport au centre. Nous gagnerions à revoir nos classiques : voilà plusieurs millénaires qu'Archimède, en offrant au monde le nombre Pi qui permet d'appréhender le cercle, a révélé combien l'étude des polyèdres ouvrait des espaces passionnants. Chaque point de la facette n'est pas à la même distance du centre, même s'il en est relié par la même intention. En lieu et place du rayonnement homogène et lisse de la sphère, le reflet du polyèdre ouvre un espace flamboyant, un scintillement hypnotique...de ceux qui firent la magie des dancefloors des années 70. J'aime cette idée d'un jazz à facettes.

En programmant Kool & the Gang pour sa soirée funk, Jazz à Vienne rend justice à cette génération noir-américaine élevée au hard bop, qui côtoya Thelonious Monk, Miles Davis, Mc Coy Tiner, Bud Powell ou Pharoah Sanders, du temps où la formation des frères Bell s'appelait encore The Jazziacs. S'il a beaucoup changé depuis - qui ne l'a pas fait ? - le groupe, servi par de très solides musiciens, garde cette qualité de cuivres qui fait les délices de la musique funk. Bien sûr, le disco est passé par là, et l'inclinaison vers une musique commerciale peut laisser à dire. Il n'empêche que la machine en dit long sur le creuset, une locomotive pailletée qui fait défiler les tubes dans une chorégraphie millimétrée.

Car chez ces groupes historiques, l'écriture scénique est indissociable de la partition. Un va et vient de taxi drivers, le reflet d'une facette qui court sur le mur, s'éloigne à l'infini puis revient au cœur de la sphère, la voix glamour qui caresse les mains tendues de la fosse puis s'éloigne d'une pirouette, laissant la place chaude au saxo. Dans cet exercice, Les Commodores excellent eux aussi. Et si J.D.Nicholas n'a pas l'aura de Lionel Ritchie, parti vers la carrière solo qu'on lui connaît, il forme avec Walter Orange et William King - deux autres des fondateurs - un trio de crooners ravageurs des plus efficaces de la planète funk.

Si grand écart prend le risque de la dispersion, il permet aussi d'attirer plus loin, de ramener sur la piste un public souvent méfiant vis à vis de l'élite. Paradoxe subtil qu'une programmation de festival. Hier soir, les seniors du funk, souriants et vitaminés, avaient remis leur costume argenté pour une relève de nuit. Un indémodable Nightshift qui scintille sur une des multiples facettes de la planète jazz.

François Robin

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Du coin de l'œil de Daniel Peyreplane

Dans tes pas

Sur la scène de Cybèle

Carte blanche au Conservatoire de Vienne

La scène de Cybèle accueille ce lundi quatre formations issues des classes jazz du Conservatoire.

Le concert de midi présente deux combos de jeunes. Celui de Nicolas Delaunay puis celui de Philippe Khoury. Le premier nous offre une relecture de quelques standards. Le second est très orienté "latin jazz". De la bonne musique interprétée avec une belle motivation sous l'œil d'un public étonnamment nombreux pour un lundi à Vienne. Signe que la scène de Cybèle continue à se développer.

Swing System

Autre formation du conservatoire de Vienne , celle du groupe vocale piloté par Frédérique Brun

Igor Gehenot Trio

Belle découverte dénichée par Benjamin Tanguy que ce trio belge qui contribue à hausser encore le niveau de la programmation de la scène de Cybèle

Axys

Formation rhônalpine au jazz très moderne, parfois déroutant, parfois attachant

Brazil Music Project

Prenez de la musique brésilienne, mettez quelques musiciens brésiliens, des chanteuses et une envie de faire chanter le soleil. Vous y êtes. Le public de Cybèle a adoré. Comment pourrait-il en être autrement ?

Le tremplin Focal / RéZZo

And the winner is "Uptake"

Le jury a semblé unanime à décerner le prix au groupe de jeunes rhônalpins, au passage, Sangoma Everett le président du Jury, a tenu à  souligner la qualité et la diversité des projets présentés.

Après le tremplin du Doua de Jazz l'automne passé, celui de JazzRa(s) cet hiver, c'est au tour du tremplin national Focal / RéZZO d'être accroché à leur tableau de chasse. A quand le prochain ? "Uptake" n'a pas gagné le prix de groupe de La Défense 2014 mais Robinson Khoury en est reparti avec le "prix du soliste".

Au théâtre Antique

La soirée disco-funk : The Commodores puis Kool & The Gang

Welcome to the Las Viennas dancing night, c'est un peu ce qu'on a pu entendre d'une voix grave et fantomatique couverte par des nappes de synthétiseurs et un fracas de basse et de batterie lors des introductions successives et très similaires des deux formations programmées pour cette soirée funk.

Deux shows à l'américaine avec une première partie assurée dans une ambiance funky-soul-pop par "The Commodores" qui faisaient leur première apparition en France après quarante-six ans d'existence.

Retour dans les années soixante dix, enfin des six musiciens originaux de l'époque, ils étaient huit pour cette soirée, desquels il ne reste que William King à la voix et saxophone et Walter Orange à la voix et batterie de la formation initiale, le répertoire reste toutefois inchangé. Ce furent quasiment deux heures d'un show ininterrompu durant lequels se sont succèdés les tubes, repris en cœur par un public venu très nombreux. Du Nightshift écrit en mémoire à Marvin Gaye à Brick House sur lequel nos chanteurs d'une autre génération, costume à paillettes, arrachent, par un "All ladies scream", des hurlements aux nombreuses midinettes venues dans ce théâtre antique archi-comble. Les Commodores ce sont aussi des ballades célèbres comme Three times a lady, sur lesquelles des couples se sont enlacés.

Pour le plus grand plaisir de nos oreilles pas de surcharge de décibels annoncée ce soir, les organisateurs de Jazz à Vienne auraient-ils choisi de faire des économies sur les bouchons d'oreilles ? Si c'est le cas c'est tant mieux.

La suite s'annonçait aussi chaude avec le funky disco de "Kool & the Gang" qui fête son quarantième anniversaire. Au programme Fresh, Too hot, Lady, Let's go dancing, Get Down on it, Hollywood swinging, avec au milieu de cette charge de tubes un énorme morceau instrumental.

"Allez, get up get on up, everybody clap your hands and scream !!!! " et sur le dance floor chacun s'agite, au rythme de ce qui se passe sur scène. A l'arrière plan cinq musiciens assurent une rythmique de tous les diables, deux claviers dont Curtis Williams l'un des membres d'origine du Kool & the gang qui s'active aussi aux percussions. On retrouve aussi Robert "Kool" à la basse, leader de cette formation. Guitare et batterie viennent compléter cette rythmique qui pulse un beat à secouer tout le Théâtre Antique, "break it down, break it down, break it down". A l'avant scène quatre chanteurs accessoirement trompettiste guitariste ou saxophoniste courent dans tous les sens, "Say Yeah !!!" A minuit la partie s'achève sur un Celebration survolté repris en cœur par un théâtre en transe.

"Celebrate good times, come on! (Let's celebrate)
There's a party goin' on right here
A celebration to last throughout the years
So bring your good times, and your laughter too
We gonna celebrate your party with you"

Philippe Morel