Jazz-Rhone-Alpes.com

 

Une de plus ! Cette édition de A Vaulx Jazz vient de s'achever et comme à l'accoutumée elle nous a offert son lot de surprises et de découvertes. La fonction "festival" a joué son rôle à plein. Quelques belles claques avec le "Monk'n Roll" de Francesco Bearzatti, Das Kapital, le "Jazz et Cinéma" du Amazing Keystone Big Band avec Cécile McLorin Salvant, le duo entre Dianne Reeves et Gregory Porter ou encore la première avec Emile Parisien et Vincent Peirani. Au rang des surprises la première partie de la soirée de clôture avec "Sois patient..." (Mais qu'est-ce que c'était que ce truc attachant ?). Sans compter le niveau de qualité très élevée de cette édition. Seul bémol la soirée musiques actuelles qui n'a pas tenu ses promesses.

La page est tournée. D'autres festivals se présentent. Jazz à Vienne a dévoilé la semaine dernière l'intégralité de sa programmation 2013. Voir ci-dessous.

Cette semaine nous retournons à Montbrison et à Voiron. La semaine prochaine c'est au tour de JazzUp et des Détours de Babel de débuter.

Ce jeudi nous vous encourageons à découvrir le Château Talluy à Taluyers (22 km du centre de Lyon et de Vienne, 18 de Rives de Gier) qui propose le trio M'Bisha , l'endroit est cosy mais max quatre-vingt places, alors réservation conseillée.

Vendredi nous vous invitons à découvrir le big band La Substance qui se produit en début de soirée au Théâtre de Vénissieux en compagnie du rappeur Fish Le Rouge et de la fanfare Bumtchak.

 

Pour les amoureux de la batterie il ne faut pas louper le passage de G. Calvin Weston à Bron jeudi soir.

Deux soirées jazz au menu du Périscope : Chut! vendredi et Ursus Minor , samedi.

Les Melody Makers de Pierre-Jean Gaucher passent à La Ravoire samedi soir.

Enfin cette semaine se déroulent les dernières sélection du tremplin Allum'Jazz dans l'Ain.

Du côté des festivals

Jazz à Montbrison (du 15 au 28 mars 2013)

Seconde semaine pour ce Jazz à Montbrison qui sortira de ses murs des Pénitents pour visiter le Fil avec le trio Milteau / Walker / Galvin, ce sera jeudi.

Dès mardi vous pourrez voir le GMT Project d'Eric Téruel suivi du Baptiste Trotignon "Trio" (ils sont quatre en fait). Le lendemain The Amazing Keystone Big Band redonne "Pierre et le Loup" mais à guichets fermés.

Pour finir place au Stéphane Belmondo Quartet, vendredi

Voir le site du théâtre des Pénitents

Les Détours de Babel (du 2 au 20 avril 2013)

 

Pas à proprement parler un festival de jazz, mais un festival avec du jazz dedans en digne fruit des amours forcés des "38èmes rugissants" et du "Grenoble Jazz Festival".

Cetet année la thématique s'articule autour des musiques sacrées et spirituelles.

Au rayon jazz au sens large des concerts : Yom ; Renaud Garcia-Fons solo ; Djânân (avec le même Renaud Garcia-Fons) ; Le son du ciel et des ténèbres (de La Forge et Les Musiciens du Louvre) ; Charles Lloyd & Maria Farantouri ; The Campbell Brothers.

Et des master class et ateliers : Yom ; Renaud Garcia-Fons ; Maria Farantouri ; Raphaël Imbert & Laurent Lagresle : "improvisation entre jazz et musique baroque" ou un débat surprenant "La création musicale a-t-elle encore un avenir?" .

Bref un festival pour ne pas rester les deux pieds dans le même sabot.

voir le site des Détours de Babel

Jazz à Voiron (38) (du 27 mars au 13 avril 2013)

 

Les choses sérieuses commencent cette semaine pour cette troisième édition du Festival de Voiron.

Des concerts de formations locales, une master class (avec Benoît Sourisse) suivie d'un concert du pianiste, le  Michael Cheret quartet, Le jeu des femmes et du hasard en musique, le Duo Jöak, Miss White & the Drunken Piano, les Melody Makers de Pierre-Jean Gaucher, l'Union musicale voironnaise et l'ensemble de violoncelles du conservatoire de Voiron, Duo Yang Kodeko, About'souffle, Balkano Swing, un concert des ateliers jazz des écoles de Voiron et Voreppe, une" soirée labo" Georges Brassens. Un programme bien fourni !

Et pour finir en grand la "Nuit du jazz de Voiron" où Didier Lockwood interviendra avec les orchestres à cordes de Voiron et Voreppe puis avec son trio Globe Trotteur. Et pour finir la soirée et la nuit place à l'extravagant The Very Big Experimental Toubifri Orchestra.

Nous participons à ce festival avec notre exposition de photos "Vienne dans le viseur de Jazz-Rhone-Alpes.com" au Grand Angle (le bien nommé) de Voiron.

voir le programme du festival sur le site voiron.fr

JazzUp à Avoriaz, 6ème édition, du 6 au 12 avril 2013

 

Cette cinquième édition du JazzUp débute la semaine prochaine, avec comme chaque année une belle affiche, où Didier Lockwood sera à l'honneur et s'enverra en l'air. En effet il donnera un concert depuis une montgolfière le dimanche 7 avril. Il côtoiera sur la grande scène Denise King et Olivier Hutman, Shaï Maestro (le pianiste des débuts d'Avishaï Cohen), Alfio Origlio et son quartet, le Trio Elbasan, Médéric Collignon et le Trio Rosenberg.

Il y aura aussi le Jazz Emergence qui présente des formations issues de quatre écoles de jazz : APEJS de Chambéry, IMFP (Salon-de-Provence), Jazz à Tours (Tours) et Music'Halle (Toulouse). Les groupes programmés sont Made In, TLG Trio, Welder Bee, Tastty Granny.

Sans oublier les nombreuses formations de qualité qui animeront les restaurants et bars de la station, dont celle d'Olivier Truchot qui invite Marc Thomas.

Malheureusement nous ne pourrons pas vous rendre compte de ce programme, la station nous ayant informé qu'elle n'avait pas prévu de budget pour accueillir des support tels que nous.

Voir le site du Avoriaz JazzUp 2013

Jazz à Vienne 2013 (28 juin au 13 juillet 2013)

 

La programmation de Jazz à Vienne a été dévoilée jeudi matin.

Cette édition se veut un savant dosage entre monstres sacrés, nouvelle génération et scène française.

Elle débutera pour la première fois à Vienne par les Victoires du Jazz, un beau plateau en perspective.

Au rayon des "monstres sacrés" : Sonny Rollins, Chick Corea, Marcus Miller, Johnny Winter, Dee Dee Bridgewater, Chucho Valdes, Santana, Georges Benson. Nous sommes déjà en belle compagnie.

Toutefois Stéphane Kochoyan insiste sur le nécessaire renouveau que doit proposer un festival de la taille de Vienne. Il présente donc un paquet d'artistes de la "new generation" qui figurent au programme de cette année : José James, Youn Sun Nah, Keziah Jones, Roberto Fonseca, Ben Harper, Shemekia Copeland, Avishaï Cohen, etc.

Enfin il insiste sur la qualité de la scène française et l'effort naturel fait sur ces musiciens : Jacky Terrasson, Céline Bonacina, Jean-Charles Richard et Eric Prost Quintet, Pierrick Pedron, Guillaume Perret, Anne Pacéo, etc. et bien sûr la sublime Cécile McLorin Salvant. Cette dernière comme on le sait déjà sera l'artiste résidente tout au long de la quinzaine.

Et le coup de cœur du Directeur est Rodriguez le 5 juillet.

 

Petite nouveauté cette année, des "sets découverte" au théâtre antique en tout début de soirée à 20h00, avant le concert de 20h30 qui vont permettre de faire découvrir des artistes comme Les Doigts de l'Homme, Céline Bonacina, le Big Band de l'Oeuf, Guillaume Perret & The Electric Epic (un nom prédestiné pour Vienne), Cécile McLorin Salvant ou encore Imperial Quartet.

En dehors de la grande scène du théâtre antique le jazz sera partout dans la ville de 12h30 à tard dans la nuit. Les concerts de midi de Cybèle reprennent du service (un seul groupe à 12h30) et des concerts de 15 ou 16h00 à 22h00. Le Club de minuit et le Jazzmix ont également une jolie programmation. Sans compter les Jazz Parades, les Musaïques ou le Caravan Jazz.

Encore une édition qui va nous obliger à être disponibles quinze jours durant.

Voir le site de Jazz à Vienne

Dans les départements cette semaine

Du côté de l'Ain

• vendredi:
  • Tremplin Allum'Jazz (Chalamont) : sélection : Bal'kanard (Ain) + Thomas Ibanez new quartet (Rhône) + Trio Enchant(i)er (Isère)
• samedi:
  • Tremplin Allum'Jazz (Fareins) : sélection : Anne Quillier sextet (Isère) + L'appel du 5 (Ain) + First Page (Rhône) puis désignation du lauréat "Allum'Jazz 2013"

Du côté de la Drôme

• vendredi:
  • Art'Pêche (Romans): DarnoJazz

Du côté de l'Isère

• mardi:
  • Shag Café (Seyssinet-Pariset):Harlem Rythm Band
• mercredi:
  • Festival de Voiron : Séance de culture musicale avec la violiniste Agnés Peirera
  • La Soupe aux Choux (Grenoble): Lionel Grivet invite Bobby Rangell
  • Shag Café (Seyssinet-Pariset):Ubangi Men (New-Orleans)
  • Soirée Jazz & Polar autour de l'écrivain Olivier Turc à l'Esplanade Saint-Vincent
• jeudi:
  • MC2 (Grenoble): Laurent Dehors : Une petite histoire de l'opéra
  • La Faïencerie (La Tronche): [COMPLET] Youn Sun Nah & Ulf Wakenius
  • La Soupe aux Choux (Grenoble): A La Santé de Django avec Laurent Courtois
  • Jazz Club de Grenoble : Laurent Ragni Trio invite Bobby Rangell
• vendredi:
  • Le Coléo (Pontcharra): Youn Sun Nah & Ulf Wakenius
  • La Soupe aux Choux (Grenoble): Nicolas Dieudonné invite Jacques Schneck
  • Le Trolle (Echirolles): Clin d'œil à Fats Waller et Benny Goodman

Du côté de la Loire

• mardi:
  • Jazz à Montbrison : Eric Teruel : GMT Project + Baptiste Trotignon "trio"
• mercredi:
  • Jazz à Montbrison : [COMPLET] The Amazing Keystone Big Band : Pierre et le Loup
• jeudi:
  
  • Jazz à Montbrison au FIL (St-Etienne) : Milteau / Walker / Galvin
  • Jeudi du Château - RhinoJazz(s) (Saint-Chamond): Crouton's Club : Conservatoire école musique de Rive de Gier
  • Hall Blues - Jazz Club de Pélussin : Shar Baby (blues)
• vendredi:
  • Jazz à Montbrison : Stéphane Belmondo quartet
  • Hall Blues - Jazz Club de Pélussin : Rolf Lott "T4-2" (blues)

Du côté du Rhône

• mardi:
  • Hot-Club (Lyon 1er): Moka (world)
  • Le Sirius (Lyon 3ème): Manu Goodman Jazz Jam Session
  • Le Baryton (Lyon 1er): Jam Manouche
• mercredi:
  • Hot-Club (Lyon 1er): Happy Stompers (swing 40's)
  • Clef de Voûte (Lyon 1er): Capibaribe (jazz brésilien)
• jeudi:
  
  • Château Talluy (Taluyers): M'Bisha Trio 
  • Hot-Club (Lyon 1er): Jazz Délices (New Orleans)
  • Clef de Voûte (Lyon 1er): EYM trio
  • Le Toboggan (Décines-Charpieu): Le Quattuor Debussy fait son jazz
  • MJC de Bron : Trio G. Calvin Weston, Krzysztof Majchrzak, Henryk Gembalski
• vendredi:
  • La Substance et fanfare Bumtchak au Théâtre de Vénissieux
  • Clef de Voûte (Lyon 1er): Olivier Truchot Latin trio
  • Le Périscope (Lyon 2ème): Chut!
• samedi:
  • Caveau du Chien à 3 pattes (Belleville): Trio Enchant[i]er
  • Hot-Club (Lyon 1er): Notte quintet (jazz vocal)
  • Clef de Voûte (Lyon 1er): One Night Group
  • Le Périscope (Lyon 2ème): Ursus minor
  • ToïToï Le Zinc (Villeurbanne): The Very Big Experimental Toubifri Orchestra
  • B.L.O. Trio à Amplepuis

Du côté des Savoies

• mercredi:
  • Chateau Rouge (Annemasse): Youn Sun Nah quartet
• vendredi:
  • Jazz Club de Savoie (Chambéry): Boogaloo quintet
• samedi:
  • Espace culturel Jean Blanc (La Ravoire): Melody Makers
  • Salle Paul Battail (73 Chambéry le Vieux): Jazz au Village : Full of Jazz + Desvoizines + DoubleH

A la radio :

Le programme des émissions de la semaine est accessible ici (en partenariat avec Jazz à Paris)

L'équipe de Jazz-Rhone-Alpes.com

Ont collaboré à ce n° : Karine Descours, Chantal Hardy, Nathalie Jamais, Hélène Juillet, Florence Loslier,  Jean-Marc Aguirre, Dominique Assié, Elie Béraha, Jean-Pierre Brun, Laurent Brun, Gérard Brunel, Christophe Charpenel, Sébastien Cholier, Pascal Derathé, Christian Ferreboeuf, Martin Klebinder, Michel Mathais, Laurent Peix, Michel Perrier, Nicolas Pommaret, Niko Rodamel, Philippe Simonci,  et tous les musiciens cités ou montrés.
Merci à eux.

Tous les détails des concerts à venir dans l'agenda

 

Le Jazz Day à Lyon c'est parti, le programme commence à se remplir. 

20 lieux, 100 artistes, 30 acteurs culturels mobilisés, de la master-class au concert, en passant par des rencontres, des spectacles jeune public et des déambulations en fanfare...

A Lyon et ses environs, 24 heures de jazz pour célébrer à l'unisson de l'UNESCO toute la richesse du jazz !

Plus d'infos ...

 

 

Soirée hommage à Yves Bleton,

Samedi  20 avril, à partir de 18h

Yves Bleton nous a quittés brutalement, le  11 août 2012.
Fondateur  et artisan de l'association Agapes, il  a consacré toute sa vie à  la défense de ses idéaux. La musique et le jazz en particulier y tenaient une place de premier ordre.
Toujours, Yves a soutenu la musique sincère; elle se devait d'être innovante, festive, populaire engagée...
Des années durant, contre vents et marées, il a porté des programmations exigeantes dans des lieux parfois improbables. La communauté  musicienne française et internationale pleure cet humaniste d'exception.
Les Amateurs du Goût des Arts des Plaisirs de l'Esprit et des Sens vous donnent rendez-­vous le samedi 20 avril de 18h à 22h, aux Subsistances à Lyon pour un hommage à Yves Bleton.
Cet  événement sera  à son image : généreux, militant, créatif, ouvert, simple, convivial. Au programme : plusieurs  dizaines d'artistes musiciens seront conviés pour des formules inédites et diverses, du solo aux grandes formations, un grand banquet, des dégustations de vin, des prises de paroles et de nombreuses surprises...
Et pour terminer la soirée, un after aura lieu à partir de  22h au Périscope, pour une  nuit de musique et de souvenirs.

Les Subsistances 8 bis, Quai Saint-Vincent,  69001 Lyon
Le Périscope 13 Rue,  Delandine, 69002  Lyon
Entrée  sur  participation libre, réservation impérative  via :hommageayves@gmail.com
Plus d'information sur l'association AGAPES : www.agapes-jazz.fr

Théâtre de Vénissieux, vendredi 29 mars, 20h00

La formation La Substance est en résidence au Théâtre de Vénissieux du 25 au 29 mars et se frotte à des musiciens de hip-hop pour proposer un set décoiffant avec le rappeur Fish le Rouge. A découvrir vendredi 29 mars 2013 au théâtre de Vénissieux.

M'Bisha trio
Benoît Thévenot : piano
Jean-Pierre Almy : contrebasse
Andy Barron : batterie

www.chateautalluy.com - plan d'accès

 

Les pérégrinations jazzistiques

vu le mardi 19 mars 2013

Gregory Porter à A Vaulx Jazz

Comment ne pas se réjouir de l'arrivée tonitruante d'un nouveau chanteur sur le devant de la scène jazz mondiale. Ils ne font finalement pas légion face au beau sexe surreprésenté par quelque "Lolita" charmante mais pas nécessairement talentueuse. De la suprématie de Bobby McFerrin, mais n'est-il pas qu'un phénomène vocal ? Des crooners dont seul Anthony Bennedetto (Tony Bennett) continue à brandir le flambeau et avec quelle émotion dynamique bien que quelques jeunes blancs becs s'y soient frottés, il nous reste enfin, mais pas des moindres, Monsieur Kurt Elling outre Atlantique et Monsieur David Linx de par chez nous. Regrettons que Michael Franks et Mark Murphy ne se fassent plus entendre depuis une bonne vingtaine d'années, Al Jarreau est désormais bien essoufflé, George Benson n'émeut plus beaucoup, jeunes hommes il y a des places à prendre...

Ce soir, Gregory Porter, colosse cagoulé-casquetté et toujours aussi élégant, nous fait son show rodé, huilé, sans plus de surprises pour ceux qui le connaissent déjà. Ambiances soul, gospel, jazz, romance, les Worksong(s) s'enchaînent, souvent sur des tempi survoltés, permettant à Yosuke Sato, jeune ludion bouillonnant, casquetté lui aussi, d'en faire un peu trop avec son sax alto, mais c'est ça le fun du show et qui fait que le moment est plaisant. Il convient de ne pas cracher dans la soupe et d'écouter tout ce que notre Porter de ce soir a digéré de ses pères Marvin Gaye, Nat King Cole... sans redite avec personnalité, les thèmes sont bien choisis, le "spectacle" est composé et après le démonstratif, place à l'émotion avec deux très belles visions de I Fall In Love Too Easily puis Bye Bye Blackbird.

Le trio fait très bien son boulot pour soutenir le baryton même s'il n'a pas grand besoin d'être "poussé", ses moments a capella le démontrent parfaitement aussi, mais curieusement l'ensemble ne décolle pas vraiment, peut être que finalement notre géant est encore un débutant ? Restons quoi qu'il en soit à son écoute.

"Je suis intimement convaincu que l'art peut être plus puissant que l'artillerie d'une armée" - Gregory Porter

Philippe Simonci

(Gregory Porter: voix ; Chip Crawford: piano ; Aaron James: contrebasse ; Yosuke Sato: sax alto ; Emanuel Harrold: batterie)

Ça vient de loin

Du fin fond des entrailles

D'un chant de l'esclavage

Qui a traversé l'océan

Ça vient d'Amérique

Du côté de Harlem

Où noirs et blancs

Ont pactisé avec ce diable de Jazz

Ça vient de la tradition

Noire américaine ou

L'américaine tout court

Tant le noir a épousé

La conscience de ce pays

L'a façonnée

Revendiquant à la fois une place

Et sa liberté

Ça vient de partout

Des chants de travail

Des chants d'amour qui nous baladent

Des rythmes de l'Afrique

Des tambours d'Elvin Jones ou de Max Roach

Des débordements de Coltrane

Des accents rocailleux

De Marvin Gaye ou de Kurt Elling

Ça roule et ça emporte

Comme une vague magnifiquement timbrée

Ça divague ça ronfle ça explose

C'est joyeux comme une nuit

Dans la grande ville

On est à New York

Vaulx-en-Velin

A ouvert son cœur à l'Amérique

Au flot impétueux d'un chant ancestral

A un flux d'énergie contaminatrice

Au flow d'un géant porteur de l'étendard jazz

A Vaulx Jazz, prêt, Porter

Laurent Brun

Dianne Reeves à A Vaulx Jazz

Quand on parle de Dianne Reeves, on précède systématiquement le propos d'un "Madame" respectueux et c'est le moins qu'on puisse faire pour cette authentique diva du jazz, certainement la plus grande chanteuse jazz en activité, souvent comparée à Sarah Vaughan. Elle nous avait rendu visite en 2012 avec son amie Terri Lyne Carrington et son "Mosaic Project" symbole du jazz décliné au féminin. Elle nous revient ce soir dans le cadre de la nuit américaine d'A Vaulx Jazz avec son "wonderful backing band" formaté pour ses tournées mondiales : Peter Martin au piano et clavier, Romero Lubambo aux guitares, Reginald Veal à la basse électrique et contrebasse et Terreon Gully à la batterie. Dès l'arrivée de la chanteuse sur scène, après l'instrumental de chauffe Bachiao, on sait qu'il y aura du chant profond, puissant et du scat décliné sur tous les styles (latino, bossa, africain...)que ce soit sur un grand standard comme Stormy Weather dont elle donne une version bouleversante d'émotion et de précision ou sur un autre grand classique de son répertoire The Twelfth of never où elle est particulièrement rayonnante, à l'aise tout en gardant de la réserve.

Justement de la réserve elle va en avoir besoin puisqu'elle a choisi d'inviter sur scène l'autre tête d'affiche de la soirée Gregory Porter, pour une "battle" pacifique qui s'étendra sur une bonne vingtaine de minutes. Un peu groggy devant les premières charges de la dame qui l'entraîne sur les chemins des worksongs et du gospel à grand renfort de Freedom et Alléluia, Gregory Porter relève courageusement la tête quand on rentre sur le terrain du blues avec des Hookie Cookie Man, All Night Long, I'm a Man où ça devient beaucoup plus chaud et torride, sans qu'il soit toutefois nécessaire de faire appel au bon vieux carré blanc, tout juste à la promesse de donner son "number"...! Au final pas de vainqueur ni de vaincu dans cette joute qui recueille l'ovation du public et que certains trouveront suffisante pour justifier leur présence ici ce soir. Reconnaissons juste que cela devient trop rare à ce niveau artistique dans une musique faite d'abord d'improvisation !

Le concert s'achèvera sur Waiting in Vain une composition de Bob Marley dans une version apaisée, dénuée de ses accents reggae et qui servira aussi de cadre à Dianne Reeves pour son incontournable et jouissive présentation chantée des musiciens relativement allégée cette fois en compliments car l'heure tourne et que nous atteignons les cent minutes de concerts.

Finalement Dianne Reeves reste bien la diva : elle a une nouvelle fois réussi à nous surprendre par son chant et ses scats toujours aussi puissants et nuancés ; elle était particulièrement en verve ce soir, généreuse et prête à en découdre même avec la jeune génération soit-elle masculine.

Gérard Brunel

Soirée Jazz(s)RA à Montbrison

Après avoir présenté la série de concerts de Jazz à Montbrison et les deux concerts du soir, à sa manière chaleureuse et enthousiaste, Dominique Camard passait la parole à Jacques Bonnardel, président, qui présentait JAZZ(S)RA "plateforme d'action et de réflexion" * régionale et soulignait les liens entre celle-ci et les deux formations présentées ce soir. Ensuite, place à la musique.

OrTie

La prestation d'orTie à Vienne l'été dernier, nous avait favorablement impressionné. A Montbrison, l'impression est toujours aussi forte, l'expérience plus intense encore. La fusion musicale est totale et l'homogénéité du propos est parfaite.

D'Elodie Pasquier (clarinette basse, clarinette en mi bémol), on retrouve cette intelligence sensible et cette capacité à transmettre les émotions, on la sent plus libre, comme débarrassée de toute pression. Après un certain nombre de concerts, on sent que le duo a acquis une belle maturité, plus rien ne peut arrêter le voyage d'exploration qu'ils ont entrepris.

Quand à Grégoire Gensse, il ne faut pas se laisser prendre par les apparences, lorsque, comme sur le premier morceau, il provoque des sons à partir du piano, utilisant le clavier, puis frappant les cordes directement avec la main, des mailloches, ou d'autres objets déposés à l'intérieur. Si l'on se laisse pénétrer par ces sonorités parfois étranges du point de vue de nos habitudes musicales occidentales, on se rend compte très vite que si l'on n'entend pas le rythme, on le ressent, il n'y a donc rien d'aléatoire dans le jeu de Grégoire Gensse, bien au contraire, car donner la sensation du rythme sans les apparences nécessite une maîtrise rythmique hors du commun.

Le plus étonnant c'est de rassembler dans un même projet les percussions à la limite de l'expérimentation de Grégoire Gensse et la recherche mélodique et sonore qu'effectue Elodie Pasquier sur l'ensemble de la tessiture de la clarinette basse. Et pourtant ça marche, ça marche même si bien que l'on y prend goût, aussi guetterons-nous la sortie de leur premier album, d'ici quelques mois et leur passage au Rhino en octobre prochain.

C'était la deuxième sortie de L'Equilibre de Nash, formation qui regroupe autour de Jean-Charles Richard, saxophones baryton et soprano, et d'Eric Prost, saxophone ténor, Roberto Tarenzi, piano, Jérôme Regard, contrebasse et Stéphane Foucher, batterie. L'argument du projet qui consiste à mettre en évidence la notion d'équilibre nécessite la présence d'une section rythmique hors du commun. Il s'agit de rien moins que de pouvoir répondre d'égal à égal à l'énergie poétique de Jean-Charles Richard et au lyrisme envoûtant d'Eric Prost. C'est ce qui explique le choix de Jérôme Regard, le contrebassiste sans doute le plus en évidence à l'heure actuelle sur la scène jazz, et au-delà, en France et dont la notoriété dépasse allègrement nos frontières, notoriété qu'il ne doit qu'à la qualité de son jeu et de sa créativité. C'est ainsi qu'il nous offrira sur Calder une démonstration à vous couper le souffle. Quant à Stéphane Foucher, nous admirions, il y a quinze jours sa créativité mélodique, on peut y ajouter un sens de la nuance exceptionnel, l'ensemble révélant une personnalité musicale à la hauteur du projet. Il restait à découvrir le pianiste Roberto Tarenzi, dont la réputation commence à franchir les Alpes, c'est une vraie révélation, tant sa personnalité, sa verve, ses constructions sonores et rythmiques, sont la marque d'un grand talent. Et si, à son sujet, on évoque souvent Ahmad Jamal, comme influence revendiquée, on y retrouve également cette touche d'italianité à travers l'attention extrême portée à l'invention mélodique.

Le programme reprenait les mêmes titres que ceux qui étaient présentés à Saint-Fons **, avec, visiblement le même enthousiasme et le même plaisir, et un engagement total. Il n'est que de voir avec quelle concentration admirative chacun participe, même lorsqu'il ne joue pas, aux chorus des autres. Les phrases volent de l'un à l'autre, s'échangent et se forment en tourbillons de notes qui nous transportent. Toujours sur le fil, quand l'un penche d'un côté l'autre contrebalance, et inversement en un chassé-croisé de lignes mélodiques et rythmiques.

En équilibre donc, dynamique bien sûr et donc précaire comme l'indique la composition de Roberto Tarenzi, qu'ils nous offrent en fin de concert: Equilibrio Precario. Cette seconde sortie de l'Equilibre de Nash est une réussite, avec en fonction de la qualité des musiciens une marge d'évolution sans limites. Il sera intéressant de les revoir à Vienne le 2 juillet prochain à Cybèle et au Club de Minuit.

Michel Mathais

* voir le site de Jazz(s)ra

** Voir l'http://www.jazz-rhone-alpes.com/130204/#nash dans le n°410 de Jazz-Rhone-Alpes.com

vu le mercredi 20 mars 2013

La Nouvelle Orléans vaudaise

Soirée Cuivres & Nouvelle-Orléans nous promettait le programme ! Commencée sur le parvis, la fête avait débuté en compagnie de la fanfare de l'ENM de Villeurbanne qui avait eu pour mission de chauffer les oreilles du public du CCC Charlie Chaplin...

Mission accomplie, nous étions prêts à affronter la première partie !

Le quintet du Zozophonic Orchestra ouvrait, seul, les hostilités avec son soul-blues efficace et puissant emmené par la lapsteel ou la guitare soutenues par la basse et la batterie que relevaient les saxophones et les trombones. Un premier set puissant où l'on put reconnaître une reprise de Muddy Waters musclée... Difficile de résister à taper des pieds ou des mains !

Une courte pause pour déplacer les instruments et rajouter quelques pieds de micros permettait d'accueillir le trio néo-orléannais The Tin Men : un impressionnant sousaphone donnait le tempo à la guitare et au washboard des chanteurs. On restait dans la même ligne musicale... Un peu plus rock'n roll puisqu'on y reconnut un petit Chuck Berry de derrière les bayous !

Puis ce fut le bœuf final de cette longue première partie (près de deux heures...) où les huit complices nous offrirent le meilleur d'eux-mêmes avec une grande générosité quitte à changer d'instruments pour la bonne cause : celle de nous régaler les tympans ! Le programme avait donc tenu ses promesses...

Christian Ferrebœuf

(Zozophonic Orchestra : Manouche Fournier: chant, guitare, lapsteel, trompette ; Jean Joly: batterie, percu, chœurs ; Etienne Kermarc: basse, chœurs ; Fred Gardette: saxophone ; Nicolas Frache: guitare, chœurs | The Tin Men : Chaz: percussions, voix, washboard ; Matt Perrine: sousaphone ; Alex McMurray: guitare, voix)

Paolo Fresu Brass Bang

Outre le fait que Paolo Fresu est un grand trompettiste très sollicité, engagé dans un grand nombre de projets (PF Quintet, Devil Quartet, sans compter les nombreux duos comme ceux avec Omar Sosa ou Uri Caine ainsi que des projets liés aux musiques traditionnelles comme "Mare Nostrum"...), c'est une histoire d' opportunité, d'amitié et d'admiration réciproque qui lui a permis de convaincre le trompettiste américain Steven Bernstein dont il est un inconditionnel du projet "Sex Mob" ainsi que son condisciple italien le tromboniste Gianluca Petrella (Indigo Quartet et Cosmic Band) de monter un nouveau projet "tout éolien" sans le soutien d'une section rythmique traditionnelle. Pour apporter le son de basse indispensable à cette fine équipe, c'est Steven Bernstein qui a sorti un as de sa manche en la personne de Marcus Rojas considéré comme le meilleur tubiste du monde aussi bien dans l'univers jazz, rock que dans la musique contemporaine.

Deux italiens et deux américains, tous grands coloristes sur leur instrument en enrichissant leur jeu par de multiples effets : Paolo Fresu alterne trompette, bugle, électronique pendant que Steven Bernstein croise trompette à coulisse avec trompette classique et que Marcus Rojas complète son tuba par des voix, bruitages et percussions. Avec une telle distribution, les conditions sont réunies pour que le Paolo Fresu Brass Bang décoiffe et étonne agréablement nos oreilles.

Le démarrage se fait sur un thème de Lester Bowie traité par petites touches impressionnistes par chaque instrumentiste. Progressivement la succession de soli, les alternances entre bugle trompette trombone, enrichies de recherches sonores et saupoudrées par les taquineries de Marcus Rojas au tuba qui agit comme une véritable rythmique, produisent leurs effets sur un public qui n'hésite pas à témoigner de sa satisfaction d'entendre quelque chose qui est à la fois nouveau par le son mais aussi très classique par les thèmes qui apparaissent de-ci de-là comme le Black & Tan Fantasy d'Ellington, le Te Deum de M.A Charpentier, ou quelques citations de Miles ou de Nino Rota. Les moments free et déjantés sont toujours encadrés d'humour et de rigueur. On n'oubliera pas de sitôt le surprenant solo de tuba de Marcus Rojas qui exploite à fond toutes les circonvolutions de son instrument. Quant au bout d'une heure nos quatre compères quittent la scène à la manière d'une fanfare défilant acoustique, le public veut sa dose de rab ; il sera copieusement resservi en gravité et légèreté à travers un thème de Haendel et une chanson d'amour traditionnelle sarde, comme bien sûr Paolo Fresu les affectionne et sait les faire partager à ses compagnons.

Pour l'étonnement le contrat est plus que rempli et avec un supplément de magie, de rêve et de pure beauté musicale. Souhaitons que la renaissance annoncée du Sex Mob de Steven Bernstein autour des musiques de films de Fellini lui laisse encore du temps pour le Paolo Fresu Brass Bang qui devrait trouver plus de reconnaissance en enregistrant et en tournant régulièrement.

Gérard Brunel

vu le jeudi 21 mars 2013

Vincent Peirani / Emile Parisien Duo à A Vaulx Jazz

Un saxophone et un accordéon sur scène... Seulement ?

C'est un duo rare que Vincent Peirani à l'accordéon et Emile Parisien au saxophone soprano ont décidé de mettre au point.

Ce sont deux virtuoses maintes fois reconnus par leurs pairs qui ont mis déjà leur talent respectif au service de nombreuses personnalités du jazz international.

Parmi leurs nombreux projets personnels ils en ont un en commun celui du quartet de Daniel Humair. Aussi ils se connaissent fort bien et même si ce duo était encore inédit sur scène à ce jour leur conversation fusionnelle est impressionnante.

Vincent Peirani a joué avec Michel Portal notamment, et nous aurions pu l'applaudir au récent concert de Youn Sun Nah puisque c'est lui qui donne sa pulsation vitale dans le dernier album de la chanteuse : "Lento" (NDLR: meilleure vente de jazz du moment et dixième toutes catégories confondues).

A son talent de musicien s'ajoute une esthétique de l'accordéoniste sur scène; les deux musiciens ont une gestuelle très personnelle, mais ce soufflet qui s'ouvre et se referme tel la roue du paon : c'est particulièrement beau. Incontestablement Vincent Peirani représente un des renouveaux de l'accordéon jazz. Quel vitalité ce jazz français !

Emile Parisien, lauréat du Prix Django Reinhardt 2012, a été récemment aux côtés de pianistes comme Yaron Herman ou Jacky Terrasson, sa virtuosité associée a un entêtement du respect de la mélodie et de l'harmonie en fait un partenaire hors pair.

Au menu ce soir, des compositions des deux artistes, propices aux voyages. C'est comme s'ils nous proposaient les bandes originales de films inédits; une ritournelle qui aurait pu accompagner Amélie Poulain dans ses péripéties; une valse qui aurait pu faire danser les invités d'un mariage champêtre pendant un "été meurtrier"; une musique aux accents tziganes qu'Emir Kusturica n'aurait pas renié pour bercer "le temps des gitans".

Deux instruments seulement sur scène, mais des tonnes de possibilités, le saxophone peut percuter, l'accordéon peut assurer la rythmique ou la participation d'un séquenceur ; et tous les deux nous entraînent vers des voyages enchantés avec leurs soli enivrants.

Deux instruments seulement mais un monde offert à nos oreilles.

En fin de concert nous entendrons une reprise de Thelonious Monk I mean you et une pièce classique de Robert Schumann.

Un monde je vous dis !

Jean-Marc Aguirre

Le "Monk'n'Roll" de Francesco Bearzatti et "Tinissima Quartet"

Nous avions déjà entendu ici cette même fine équipe sur le projet "Malcom X" et en avions dégusté le côté brûlant et explosif, tout en n'arrivant pas ensuite à retrouver sur disque l'urgence et la transe du concert. Aujourd'hui avec l'énergie créative qui le caractérise, Francesco Bearzatti (saxophoniste, clarinettiste ) embarque son Tinissima Quartet (le trompettiste Giovanni Falzone, le bassiste Danilo Gallo et le batteur Zeno De Rossi) dans une nouvelle aventure dont le nom est déjà tout un programme prometteur "Monk'n'Roll". Parce qu'ils ont tous grandi en écoutant du rock avant de jouer du jazz, Francesco Bearzatti n'a pas eu de mal à convaincre son groupe de se lancer dans un télescopage iconoclaste associant la musique du pianiste hors norme Thelonious Monk avec de grands noms de la pop et du rock du type Pink Floyd, AC/DC, Police, Led Zeppelin, Mickael Jackson... représentés par quelques hits bien présents dans les oreilles de quasiment toutes les générations.

Si le concert de ce soir aurait pu ne pas tenir ses promesses compte tenu d'une mauvaise grippe qui avait obligé Giovanni Falzone à déclarer forfait la veille, il était maintenant suffisamment retapé pour que la qualité et l'énergie soit au rendez-vous avec même un surplus de motivation pour ne pas décevoir un public alléché.

Le concert débute calmement sur le thème monkien Misterioso joué à la clarinette avant que la rythmique n'installe progressivement les accords de Shine on you crazy Diamond de Pink Floyd de plus en plus appuyés au fur et à mesure que sax ténor et trompette se mettent en avant. De Pink Floyd il sera à nouveau question un peu plus tard avec le célébre Money associé à Green Chimneys présent sur l'album "Underground" de Monk et dont la célèbre pochette a été parodiée par Francesco Bearzatti pour la jaquette du CD "Monk'n'Roll"

Tout comme le grand standard 'Round Midnight se mélange presque naturellement avec le Walking on the moon de Police à grand renfort de basses profondes et de riffs cinglants de sax et de trompette, le Billie Jean de Michael Jackson s'entrelace sans vous lâcher avec le In a Walked Bud de Monk (thème également présent sur "Underground").

Le traitement réservé au PACS entre Brilliant Corners et Under Pressure (Bowie) surprend davantage dans la mesure où il fait largement appel aux voix des quatre musiciens et aux "effets humains" de Giovanni Falzone, complété d'un jeu de percussion vraiment minimal de Zeno De Rossi joué sur le devant de scène.

L'énergie est à nouveau à sa puissance maximale pour le couple hard-rock libéré I Mean You / Immigrant Song (Led Zeppelin) où Giovanni Falzone s'enflamme une nouvelle fois à la trompette pendant que Francesco Bearzatti arpente la scène dans tous les sens prenant son ténor pour la guitare de Jimmy Page. Tout aussi décalé est le mix entre Criss Cross et Walk on The Wild Side où le public sollicité par le groupe répond largement présent.

En rappel ce sera l'union libre entre Straight No Chaser et Walk this Way d'Aerosmith pour un final hard rock ou tout le CCCCC se déhanche debout dans un enthousiasme communicatif et repu.

Heureusement qu'on était prévenu car on a été copieusement servi et emporté par ce vent de jeunesse des plus rafraîchissants et énergisants.

Gérard Brunel

Leïla Martial Group & Pierre de Tregomain Quartet à Jazz Action Valence

Ambiance cosy et feutrée à l'Auditorium de Jazz Action Valence où le public brille davantage par la qualité que par la quantité. Et de la qualité, il en a été servi étant donné le plateau formé d'anciens vainqueurs du concours du Crest Jazz Vocal, partenaire de la soirée.

En première partie, la pétillante Leïla Martial (voix) et ses acolytes (Eric Perez à la batterie, Jean-Christophe Jacques au saxophone et Laurent Chavoix à la contrebasse) ont offert un voyage où l'on se laisse embarquer bien volontiers dans leur Caravan. Plus qu'une reprise du célèbre standard ellingtonien, le groupe effectue une réelle appropriation de l'oeuvre qui subit ici une véritable cure de jouvence teintée d'exotisme. Suit Quitte la Cape, composition de Leïla Martial où l'on retrouve une des belles particularités du groupe, à savoir l'osmose exercée à deux voix partagées entre la chanteuse et le saxophone de Jean-Christophe Charles, les deux partant successivement en improvisation, bien soutenus par une rythmique rodée.

La suite se veut plus expérimentale, musique contemporaine avec Toc, composition collective, enchaînée avec Petite Fêlure (composition d'Eric Perez) qui nous fait décoller vers un univers onirique où Leïla Martial joue de sa voix aidée de ses machines électroniques. L'atterrissage tout en douceur se produit avec Left Alone (composition de Mal Waldron & Billie Holiday), l'occasion de laisser de l'espace à Laurent Chavoix et sa contrebasse, et d'apprécier un solo très expressif et inspiré.

Le set se termine avec Dance Floor (titre éponyme de l'album sorti chez Out Note Records en 2012) où le club de jazz de JAV prend des allures davantage électroniques, de quoi valider le billet vers une autre planète où la nationalité jazzistique serait universellement distribuée.

La deuxième partie de soirée est assurée par le Pierre de Tregomain Quartet. Changement de style, on comprend très vite que la formule se veut plus classique dans le son. Le set est partagé entre de nouvelles compositions (Four hundred, No need to say, La baleine, Let me be voice) et des morceaux (Secret Garden, Chantier) issus du dernier album, "My Gold Song" sorti en 2010. Une belle homogénéité émane de l'ensemble du groupe composé de Pierre de Trégomain à la voix, Arnaud Grandsac au piano, Bruno Schorp à la contrebasse et Benoist Raffin à la batterie. On regrettera cependant quelques fragilités, un manque d'assurance sur la note (pas)tenue sur les pièces "en rodage". L'esprit de Klaus Nomi, présent dans le précédent album, ne disparaîtra pas dans le prochain, avec Let me be voice, belle composition fondée sur un ostinato rythmique, avec une succession d'accords au piano qui évoquent une certaine décadence, pendant que Pierre de Tregomain s'illustre vocalement dans un registre de contre-ténor.

La soirée se termine dans la générosité avec une improvisation offerte par les deux chanteurs de la soirée, Leïla Martial et Pierre de Tregomain, qui ravit l'assistance.

Nicolas Pommaret

Kellylee Evans à Jazz à Montbrison

A chaque nouvelle édition de Jazz à Montbrison, Dominique Camard nous réserve une belle surprise, nous concocte une sorte de parenthèse inattendue, pari parfois risqué, souvent payant, la découverte d'un artiste ou d'une formation dont on sent bien qu'ils deviendront rapidement incontournables dans le paysage jazzistique qui ne réclame que ça : du beau du bon du neuf ! Sans faire d'ombre aux concerts précédents (superbe "Equilibre de Nash") ni sans préjuger de la qualité des soirées à venir (les très attendus Trotignon et Belmondo), il semblerait que la saison 15 ait trouvé sa perle rare en la personne de Kellylee Evans.

A la veille d'une dernière date à Paris et avant de s'envoler pour une tournée dans son pays natal, la canadienne a littéralement fait le show jeudi dernier, dans un Théâtre des Pénitents sous le charme. En plus d'une apparente aisance vocale (technique, émotion, humour, tout y est) et d'une certaine facilité à s'approprier de nouveaux répertoires (écoutez son cd-hommage à Nina Simone sorti en 2010), Kellylee dégage une classe sans chichis ni fioritures inutiles et porte en elle une fraîcheur communicative qui rejaillit largement sur les garçons qui l'accompagnent.

Peu connue en France, elle n'en est pourtant pas à ses débuts. Récompensée en 2004 par Quincy Jones, Al Jarreau et Dee Dee Bridgewater lors du prestigieux concours Thelonious Monk International Jazz Vocals, la chanteuse vient d'enregistrer son quatrième album. Avec "I Remember When", Kellylee Evans reprend à sa manière des titres qui ont marqué la musique urbaine des années 2000, du rap américain de Eminem ou Kanye West en passant par le Français Stromae (étonnante version anglophone de Alors on danse') et même le groupe un temps controversé Sexion d'Assaut. La native de Toronto au français quasi impeccable ("Là-bas j'aime faire croire aux gens que je suis parisienne !"), enchaîne les titres sans laisser le public reprendre son souffle, les faisant danser tout au long de la dernière demi-heure du concert, ne semblant plus vouloir quitter la scène, jusqu'à un troisième rappel et ce touchant Hymne à l'amour'' a capella.

Puisqu'il est de coutume de faire un vœu lorsque l'on aperçoit une étoile filante, faisons celui de recroiser le plus vite possible la route de Kellylee Evans.

Niko Rodamel

vu le vendredi 22 mars 2013

Jean-Jacques Milteau avec Joe Louis Walker et Manu Galvin à A Vaulx Jazz pour la soirée Blues

Joe Louis Walker est avec Buddy Guy et B B King, l'un des trois plus grands du blues.

Ce soir, c'est Jean-Jacques Milteau, l'icône française de l'harmonica blues, celui qui en a probablement fait vendre des centaines de milliers d'exemplaires de la marque Hohner, qui nous le ramenait après quatorze ans d'absence.

Fin guitariste, excellent chanteur, à l'aise dans tous les domaines (blues, black rock'n'roll, etc.) Joe Louis Walker a développé au cours de ces dernières années un style de guitare très personnel doublé d'un don incontesté pour la composition. Son sens du show ravit tous les publics ainsi que les musiciens qui partagent la scène avec lui. Dix années passées à travailler sa voix au sein de groupes de chants gospels tels que : "The Spiritual Corinthians" ou encore : "God Will Provide" en ont fait un redoutable et efficace vocaliste de blues.

Le concert fut rondement mené de manière très professionnelle. Nous eûmes droit à un couplet sur Martin Luther King et l'influence positive de la musique sur le ségrégationnisme ainsi qu'un hommage posthume à Magic Slim décédé depuis peu.

Comme toujours le placement des soli à l'harmonica, premier interlocuteur du chanteur, est tiré au cordeau et, malgré la spontanéité du jeu, une grande cohésion se dégage de ce trio qui arrive à embarquer une salle bourrée à craquer. Sur Mercy, mercy, mercy (une composition de Joe Zawinul que l'on retrouve sur toutes les prestations de Jean-Jacques Milteau) Manu Galvin a même réussi à ravir la vedette à Joe Louis Walker admiratif.

A noter cependant, un certain manque d'enthousiasme de la part de l'harmoniciste, chagriné peut-être d'avoir eu à assurer la première partie de la soirée, ou était-ce simplement un petit coup de fatigue ?

Tout cela me fout un de ces blues. Vous savez quoi ?

La seule chose qui m'intéresse dans le jazz finalement, c'est l'utilité de ce mot au scrabble*.

Elie Béraha

*: joke

Strike Band à l'Esplanade Saint-Vincent à Vienne

Le Strike Band de Luc Nyamé-Siliki présentait ce vendredi un projet spécialement concocté pour l'Esplanade Saint-Vincent. A l'image du parcours du leader du groupe, il s'agit de retracer le chemin qui mène du gospel aux musiques actuelles. Depuis son apparition, le gospel s'est toujours nourri des tendances musicales de son époque, pop music, soul music, R'n'B, hip-hop ou rap, la dénomination de urban (contemporary) gospel faisant la distinction avec le gospel traditionnel.

Le Gospel Project du Strike Band s'inscrit dans cette mouvance ; six jeunes et vigoureux musiciens se partagent la scène et revisitent quelques piliers du répertoire : Oh when the saints (décliné selon les deux modes), Go down Moses, Let it shine, Down by the river side, Oh happy days, Amazing Grace, et j'en passe. A cela s'ajoutent plusieurs compositions du groupe : Love is ..., Come back to me, You lie, Saturday, ...

Si sur le papier, on peut s'interroger sur le résultat, les doutes sont dissipés dès les premières mesures. Pour commencer, comme on dit, y a du niveau ! et de la dynamique ! Chaque chanteur prend son tour de leader, chacun dans son style plus ou moins percutant, passant des graves aux suraigus sans accroc, dans l'harmonie, sans effort apparent (qu'ils sont insolents ces jeunes !) ; les harmonisations sonnent bien, la rythmique ne se fait pas remarquer, mais elle est bien là, toujours efficace. On s'extasie devant la maîtrise d'Hugo Crost derrière sa batterie en configuration minimaliste (caisse claire, grosse caisse, charleston et 2 cymbales) ; il pourrait avoir deux fois plus de fûts et deux fois plus de bras que ça ne serait pas mieux ! Pendant ce temps, Pierre Gibbe envoie discrètement, au détour d'un break ou d'un point d'orgue final, quelques rafales d'arpèges et quelques riffs qui font bien sentir que non seulement il assure "grave", mais que son potentiel ne s'arrête pas là. Si habituellement on considère que piano et guitare ont du mal à cohabiter dans une formation, qu'ils ont tendance à se faire concurrence ou à faire double emploi, ce n'est pas le cas pour le duo Clyde Rabatel-Zapata / Maxime Payan, soudés dans la rythmique comme dans les chorus ; on ne compte pas les 4x4, 2x2 et autres répliques impromptues.

Strike Band a réussi avec son Gospel Project, nous a fait joyeusement naviguer dans l'univers du "contemporary" gospel et de ses influences successives (sans en oublier aucune), et a certainement contribué à ouvrir nos oreilles vers des genres musicaux qui n'avaient pas toujours l'heur de susciter notre curiosité.

Michel Perrier

(Strike Band : Luc Nyamé-Siliki: voix ; Heritanjona Razakarivony "Tanz": voix ; Pierre Gibbe; basse ; Maxime Payan: guitare ; Clyde Rabatel-Zapata: piano, voix ; Hugo Crost: batterie)

Duets +1 à La Clef de Voûte

Encore une première ce vendredi en bas des terribles marches du club. Trois musiciens lyonnais connus et reconnus qui n'avaient encore jamais joué ici bas (ou il y a très très longtemps pour ce qui est du contrebassiste) donnent la première publique de leur dernière recherche. Avec pour point de départ un clin d'œil au duo magique qui n'a duré que l'espace d'un disque devenu mythique : DUETS réunissait en 1988 la chanteuse Helen Merrill, le contrebassiste et arrangeur Ron Carter avec pour ceux qui tendent une oreille attentive quelques touches de percussions diverses et variées par Victor See-Yuen (vu et entendu aux côtés de Sonny Rollins entre autres).

Nos trois amis décident que ce sera l'argument de leur DUETS +1. Et comme ils donnent systématiquement dans l'originalité, trois titres seulement seront réinterprétés et non rejoués : l'original de Ron Carter Little Waltz, les standards A Child Is Born et You And The Night And The Music. Pour le reste de la play list, Catali Antonini et Stéphane Pelegri redonnent régulièrement sous des formules diverses et variées, du quintet au duo, leurs souvenirs de voyages : évidemment la Corse, mais aussi l'Inde, l'Italie, l'Algérie, une touche de Brésil, le jazz et ses improvisations sont les liants.

La voix est première bien évidemment, Catali aime les scats, elle y excelle et y est particulièrement originale avec une sonorité, un phrasé, des rythmes et progressions parfaitement personnels et immédiatement identifiables, son aisance est certaine, la scène est son domaine, nous l'avons déjà souvent dit. L'émotion qu'elle communique c'est aussi par les mots, même si nous ne les comprenons pas tous et son évocation des chants corses en est l'une des illustrations.

Stéphane Pelegri fait partie de ces musiciens capables de saisir n'importe quel objet ou instrument et d'en tirer une musique, il nous dira avoir vidé la cave pour installer tout autour de lui des cymbales aux sons cristallins, des peaux tendues naturelles ou synthétiques sur des toms, des tambours, des tambourins, quelques cloches, gongs et autres crotales, des baguettes, des mailloches, des balais, etc. Il sera tout au long des thèmes à la fois le soutien rythmique et harmonique car avec tous ses jouets, mais oui, il dit la musique. Avec Stéphane Rivero, la fondation du trio, c'est toujours le son et la précision de la note juste et justement choisie, tirée sur la corde ou frottée avec l'archet joué à l'allemande.

En rappel ils rejouent Il Canto Di Sadonè de Nico Morelli, pianiste et compositeur italien bien trop mésestimé, composition envoûtante que l'on a l'impression d'avoir entendu mille fois, Stéphane Pelegri s'est installé au piano. Trio magique vous l'aurez compris pour quelques amateurs, les "cats", se sont éparpillés un peu partout car ce soir, la bonne musique était un peu dans toute la ville, à redonner en urgence donc...

Philippe Simonci

(Catali Antonini: voix ; Stéphane Rivero: contrebasse ; Stéphane Pelegri: percussions, piano)

Orphée Musique à la Soupe aux Choux

L'accueil est toujours aussi chaleureux à La Soupe. Pas de routine, pas de formalisme excessif. De la convivialité, des musiciens créatifs sélectionnés pour leur souci de qualité et de respect du public. Ce soir, un trio de professionnels passionnés bien connus dans l'agglomération grenobloise. Pas de surprise ! Ce sera une bonne soirée !

Quelques notes au piano, puis l'accordéon soupire. La contrebasse, discrète, renforce la nostalgie de la mélodie. Soudain, je les entends courir, frapper du pied, leurs battements de plus en plus marqués. Leur course s'accélère parfois lourde puis légère, avant de s'achever en douceur, langoureuse... C'était Migrations, un hommage de Stéphane Damiano à son grand-père italien.

Tout au long de la soirée, l'accordéon nous surprend ! Tantôt vif, entraînant, puis soudain harmonieux, vibrant et subtil quand les doigts de Micheline Hainque pressent ou tapotent l'instrument. Je ferme les yeux. J'entends une trompette en sourdine, puis une cornemuse vivante, ensuite un harmonica joyeux ou un clavecin puissant, mais aussi un accordéon jovial.... Qui disait qu'il était présent uniquement dans les fêtes populaires et les musiques folkloriques ?

Quand le piano raconte, quand l'accordéon réplique et que la contrebasse se pince et chuinte pour des interprétations jazz, le public ne masque pas son plaisir. On chantonne sur Plaisir d'Amour, on se rappelle avec nostalgie l'Ile Hélène chanté par Nougaro, on sautille sur La Truite de Schubert, on se surprend ravis sur la Sinfonia N°11 de Bach. On se laisse entraîner par la Ballade Irlandaise de Didier Lockwood au son de la cornemuse, on s'enthousiasme pour Canzonetta de Dusseck et La Moldau de Smetana ! En rappel, un concerto pour clavecin de Bach !

Du classique qui swingue, du swing qui "classique". Plus de barrières qui séparent les styles.

Jean-Michel Hainque nous a raconté l'histoire de ces thèmes arrangés (dérangés ?) pour les faire entrer dans le monde du jazz et de l'improvisation (pratique pourtant courante aussi dans le monde classique, il y a 300 ans !). Le public, tout en écoute, en oubliait de faire cliquer ses couverts. Dédé Wentzo, comme à son habitude y est allé avec ses petites histoires pleines d'humour. Micheline, en grande professionnelle, nous a offert sa maîtrise et surtout sa passion à l'accordéon.

Il parait qu'ils se produisent pour des concerts en appartement. Une belle opportunité de ravir vos invités !

Chantal Hardy

(Orphée Musique. Micheline Hainque : Accordéon ; Jean-Michel Hainque : Piano, Arrangements; André Wentzo : Contrebasse)

vu le samedi 23 mars 2013

Festival à Vaulx Jazz : soirée de clôture

Deux concerts qui mettaient à l'honneur la musique et les mots et les musiques de cinéma, deux concerts, le jour et la nuit.

Le jour : Sois patient car le loup...

Poèmes de Malcom Lowry avec Catherine Delaunay (clarinettes et accordéon), John Greaves (chant et ukulélé), Isabelle Olivier (harpe), Thierry Lhiver (trombone) et Guillaume Séguron (contrebasse).

A voir et à entendre. Du visuel dans la musique. Des mots incarnés qui chantent.

En premier, une fenêtre the Windows donnant sur la mer the Sea

Un bleu dans la musique une idée de bleu un ciel de traîne une idée de mer peuplée d'étoiles comestibles

C'est peut-être la mer intérieure qui se loge dans la caverne de l'âme

La musique et les mots ouvrent vers un rêve un délire

Ça bourdonne un bourdon de mer la mer est dans le free retenu petits cris de la harpe pensées qui volent the Rainbow contrebasse en accord sur clarinette à demi nue

Le chant lointain du trombone

Le chagrin remonte se saouler de mer Drunk Drank pour requinquer la pendule

Tirer sa conscience au soleil pour la sécher a Sailor in Spring

Entamer une seconde vie respirer le goût du contrevent...

Voyage intime, salutaire et revigorant au cœur de la mer

A entendre et à voir les yeux fermés.

Pour écouter la musique de Galliano et ses arrangements, petits et grands, avec ses musiciens, préférez les yeux fermés.

Nuit. Nino Rota fait son cirque. Les images défilent, fluides comme les doigts de l'accordéoniste sur son instrument. Les nombreux duos à l'intérieur de la musique, tantôt avec Mauro Negri, tantôt avec Sylvain Le Provost, rappellent les dialogues entre acteurs dans les films de Fellini. Du grand art.

Quand Richard Galliano se retrouve seul, la poésie s'échappe. Et nous pouvons fermer définitivement nos yeux pour la nuit, peuplée des stars du cinéma italien.

Laurent Brun

(Richard Galliano: accordéon, accordina, arrangements ; Mauro Negri: clarinette ; Nicolas Folmer: trompette ; Sylvain Le Provost: contrebasse ; Mattia Barbieri: batterie, percussions)

Maria Pia de Vito & Huw Warren à l'AmphiOpéra

C'était en décembre 2004, ici même, François Postaire eu la riche idée de laisser la carte blanche à David Linx pour trois soirées créatives. Le chanteur avait réuni à ses côtés deux voix féminines au moins aussi célèbres que la sienne, pour moi, elles devenaient réelles et n'étaient plus désormais un simple codage informatique enregistré sur un CDrom.

Première émotion forte avec Along Goes Betty en hommage à Betty Carter, David donne un duo avec Fay Claassen. Puis, c'est Maria Pia De Vito qui déboule littéralement sur la scène là au centre de l'amphithéâtre, toute de noir vêtue elle tombe la veste qu'elle jette là parterre, se saisit d'un micro, le trio démarre immédiatement sur un rythme vigoureux emmené par Stéphane Huchard, David et Maria Pia échangent quelques vocalises, nous sommes dans l'univers du scat, l'exposé du thème est très court et Maria Pia attaque immédiatement son solo : je suis scotché, abasourdi, je n'ai jamais entendu quelque chose de vocalement comparable, elle m'a eu je suis à terre (je saurais plus tard que le thème est de John Taylor avec qui elle l'a créé : Afterthought). A la fin du concert je ne peux m'empêcher de lui dire mon émoi, comme pour un premier rendez-vous galant, je bafouille en français, en italien, en anglais, je suis minable. Depuis j'ai recherché avec passion tous ses enregistrements, n'ai raté aucune de ses très/trop rares apparitions, consulté avec curiosité son site personnel (il est particulièrement original http://www.mariapiadevito.com/).

C'est avec Huw Warren, pianiste et compositeur gallois, qu'elle tourne depuis quelques temps, ils ont enregistré deux disques : "Dialektos" en 2008 et "O Pata Pata" en 2010, ce sera le répertoire de ce soir. Rencontre improbable de deux virtuoses de l'extrême, mais leur intelligence musicale fait que cette virtuosité n'est jamais démonstrative, qu'elle n'est qu'au service de l'émotion et du plaisir de leurs échanges. Maria Pia présentera les morceaux en français (un peu), en italien (beaucoup). And The Kitchen Sink, est une composition d'Huw, c'est avec cette mélodie, nous dit-elle, presque romantique que leur histoire d'amour musical a débuté. Maria Pia possède une culture vocale d'exception, lorsque les chansons ont des paroles, sa voix est douceur et sensibilité, son vibrato me/nous fait chavirer pour chaque mot dit, majoritairement en Italien ce soir, elles sont issues de la tradition populaire, elles sont chansons d'amour : Se Fosse n'Auciello d'Antonio "Toto" De Curtis ou encore Strummolo a Tiriteppola et Allirallena qu'ils cosignent. Avant la prochaine chanson, si elle boit une gorgée du verre d'eau posé à ses pieds, on sait qu'il va se passer quelque chose de "spécial" ; il va falloir s'accrocher : scatté, crié, susurré, chuchoté, hurlé, suraigu, sous basse, il n'y a qu'elle pour faire ça... Whistling Rufus, Um A Zero ou Miguilim de Rita Marcotulli. L'Italie est musique tout comme le Brésil dont elle adapte les chansons avec l'agrément de Chico Buarque lui-même pour Beatriz et Curre Maria, mais aussi Hermeto Pascoal pour Frevo.

Vous l'aurez sans doute deviné, je suis le président du fan club MPDV, je crois que ce samedi j'ai définitivement rallié quelques nouveaux adhérents.

Philippe Simonci

Anne Paceo Quintet à Jazz à Montbrison

Belle fin de première semaine à Montbrison, pour un festival dont la première partie n'avait pas été avare de belles surprises et de concerts hors du commun. Une petite baisse de régime aurait même été tolérable. Cela aurait été sans compter sans sur l'exigence du génie du lieu qui nous offrait ce soir, une pierre gemme sauvage en cours d'égrisage qui polit ses brillances depuis quelques années au fil de trois albums.

Anne Paceo, "batteuse", compositrice, leader et chanteuse à l'occasion, dont nombre d'entre nous ont entendu parler sans vraiment la connaître, n'a pas beaucoup tourné en Rhône-Alpes (en dehors de Lyon) il est vrai. Pour ceux qui hélas ont manqué son passage à Montbrison, elle sera à Vienne au Club de Minuit le 8 juillet prochain.

Le concert commence avec When the sun rises, une petite merveille comme une aube calme qu'évoque le piano puis la montée en puissance de la lumière et le jaillissement du soleil au-dessus de la ligne d'horizon par l'ensemble du groupe sur un chorus torride de la guitare de Pierre Perchaud. Enfin retour au calme du grand jour, la contrebasse enchaînant un long chorus et la reprise finale du thème.

Anne Paceo prend soin d'expliquer les titres qu'elle donne à ses compositions en fonction de l'ambiance ou de l'émotion qui préside à leur naissance, ce que le public apprécie car elle le fait avec un grand naturel. Ses courtes introductions permettent à l'auditeur de se projeter dans l'œuvre et d'en mieux percevoir l'émotion.

Les applaudissements sont beaucoup plus longs que ce que l'on entend d'habitude dans les concerts, comme si le public voulait marquer son adhésion et sa compréhension de façon tangible. Ce sera le cas plus particulièrement pour Maymar, un folk-song birman, collecté dans la rue presque par hasard avec un enregistreur de poche. Mais ce sera également le cas pour chacune des compositions d'Anne Paceo, qu'il s'agisse de Shwedagon dédié à la ville de Rangoon, ou Smile évocation d'une intervention dans une école de musique birmane.

Qu'elle nous parle de la Côte d'Ivoire avec Toutes les Fées étaient là, ou de la pluie avec Entre les Gouttes, Anne Paceo utilise à merveille la palette très riche que lui offre l'alto ou la clarinette basse, merveilleux Antonin-Tri Hoang en état de grâce, qui colore à merveille les paysages sonores qu'on lui propose et la guitare lumineuse d'un Pierre Perchaud extatique. Il ne serait pas juste de ne pas citer Leonardo Montana, toujours sur le qui-vive, en dialogue permanent avec la batterie et la contrebasse, il assure la base rythmique et harmonique du quintet, de même que Stéphane Kerecki dont la contrebasse, hormis quelques superbes chorus, porte le rythme libérant ainsi le jeu très coloré de la batterie.

Au sujet du jeu d'Anne Paceo, le Nouveau Dictionnaire du jazz parle de tambours cantabile et de halo de cymbales, c'est, me semble-t-il, la façon la plus précise de définir son jeu très musical.

Michel Mathais

Agathe Iracema: miel et piment à Montluel

Ça jazze dans l'Ain

Programmé lors de la Nuit des Musiques, ce 23 mars, au Théâtre des Augustins à Montluel, l'Agathe Jazz Quartet a eu droit a une standing ovation ...

Mais tout d'abord, la salle, comble, a vu arriver une jeune femme accompagnée par ses musiciens, elle a abordé son programme avec simplicité et grâce. Ceux qui ne la connaissaient pas ne pouvaient pas s'attendre à ce qui allait suivre.

Des ballades, tout en intériorité et retenue, soutenues délicatement par un Rémi Vignolo (batterie), Laurent Coulondre en douceur, au piano, et Samuel Hubert dont la contrebasse semblait faite pour Agathe.

Le jazz s'est fait suave, mettant l'accent, comme l'exprimait la chanteuse, sur son "côté fantastique et obscur" avant d'embarquer le public sur des rythmes plus soutenus. Agathe compose, certes, mais interprète également magistralement les standards, vocalement mais aussi visuellement. Et quand elle mêle ses racines, jazz et swing se combinent avec les tempi brésiliens pour arracher au public des soupirs de bonheur!

Tout ça donne envie d'en savoir plus... et Agathe, particulièrement accessible, a bien voulu répondre à quelques questions.

-Comment devient-on chanteuse de jazz?

• J'ai toujours baigné dans la musique, mon père est bassiste et j'ai eu la chance de rencontrer Sheila Jordan, une chanteuse américaine qui m'a beaucoup apporté.

-Vous reconnaissez-vous des influences particulières?

• Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Nat King Cole, Stevie Wonder, et bien d'autres. Je me suis nourrie de tous les styles et cela se sent dans mon répertoire très diversifié.

- Vous êtes très jeune, comment pensez-vous évoluer?

• Je ne me donne aucune limite, bien sûr, j'ai une grande marge de progression, de changement, aussi. Je peux évoluer, revenir sur mes pas éventuellement, changer... Je compose, crée des arrangements.

Cette chanteuse-là, on aimerait bien la revoir dans dix ans. Mais déjà, les récompenses pleuvent: lauréate du prix du Public Festival Jazz à Vienne en 2009, des Trophées du Sunside en 2010, programmée pour le tremplin national de la jeune génération jazz en 2011 (Jazz à Vienne). Son sens parfait du rythme et de la mélodie, sa voix, séduisent tout comme ce qu'elle donne à voir de sa personnalité, simple et chaleureuse. Une étoile du jazz est née, et nul doute que les amateurs du genre vont la suivre longtemps.

Prochains concerts le 9 avril au Sunside à Paris, le 4 juillet à Vienne,etc...

Profitons de cette chronique pour indiquer que ce concert fut l'un des concerts de cette Nuit des Musiques qui donnait à voir et entendre trois autres concerts dans des genres différents, conte musical avec Musicagone, classique avec le Quatuor Johannes ainsi que de la chanson jazzy avec Ginkgoa.

Cette initiative qui en est à sa huitième édition est conduite de fort belle manière par la MJC de Montluel et l'Office Municipal de la Culture de Montluel.

Aux dernières nouvelles ils pourraient rejoindre prochainement l'association Ain Pro Jazz qui est en plein tremplin "Allum'Jazz" actuellement. Nous vous en dirons plus sur cette magnifique action de promotion du spectacle vivant en jazz dès la semaine prochaine à l'occasion de la dernière date des sélections qui se déroulera chez l'ami Jacques Seigneret à Fareins.

Ça jazze de partout et de plus en plus fort dans l'Ain

Et

C'est tant mieux

Florence Loslier

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