Les pérégrinations jazzistiques

vu le mardi 23 octobre 2012

Chromb! à Un Doua de Jazz

Noisy !

Oreilles sensibles s'abstenir. Chromb! a pris de l'assurance par rapport à ses premières sorties dans la région en mars dernier. Ils ont tourné le potentiomètre du volume dans le sens horaire. Ce jeune groupe déborde d'énergie et n'en n'est pas avare. Ce n'est pas le genre de concert auquel nous assistons en général, mais comme ils passent en première partie de l'Oeuf on y retourne.

Les premières minutes d'étonnement passées (alors qu'on les a déjà vus) on se prend à prêter l'oreille à leur construction parfois violente mais avec une réelle intention musicale. Des thèmes sont explorés, passés à la moulinette de la saturation, des effets et du vocoder pour donner un résultat original voire attachant.

Prenez ce colis où ils maltraitent un petit fait de rien du tout de la vie courante pour l'amener à un morceau où la transe exulte. Antoine Mermet fait le show au micro, aux machines et à l'alto soutenu à fond par ses trois compères.

Guillaume Gestin à la batterie envoie du bois et donne le ton au reste du groupe qui relance sans arrêt après de courts moments de répit presque mélodiques.

Ces quatre énervés nous ont fourni une première partie toniquissime qui ne laisse pas indifférent.

(Camille Durieux: claviers, voix ; Guillaume Gestin: batterie, voix ; Lucas Hercberg: basse, voix ; Antoine Mermet: saxophone alto, voix)

Le big band de l'Œuf à Un Doua de Jazz

L'Oeuf est un big band rare. Pas facile de synchroniser l'agenda de dix-huit solistes émérites, alors quand ils font une date ça ne se loupe pas. D'autant plus quand il s'agit d'une sortie d'album. Le deuxième en dix ans !

Ce soir l'orchestre nous présente son nouvel opus, "Cascade". Entièrement écrit et arrangé par le seul Pierre Baldy-Moulinier.

Le concert débute sur un solo de ... flûte à bec dont Pierre Baldy-Moulinier a le secret, vite rejoint par le reste de la bande.

Tout le reste sera une belle surprise. Les compositions sont superbement écrites et emmènent le spectateur dans de nombreux univers. Une musique écrite, sans être pesante. On passe de la tourmente de La vie ou la mort à des choses plus rigolotes comme La danse des ânes où le sax d'Antoine Bost fait des merveilles en guise de braiments, mais ceci est juste anecdotique au regard de la qualité de ses interventions en solo ou en duo avec Boris Pokora.

Dans cet orchestre chacun prend un ou plusieurs chorus toujours épaulé par le reste de la troupe. On assiste à une cohésion d'ensemble admirable. J'ai été bluffé par les dialogues entre le percussionniste, Fabien Rodriguez et le big band. Ça répond au millimètre comme si toute la formation ne faisait qu'un instrument.

Pierre Baldy-Moulinier fait de nombreux allers et retours entre son pupitre de trombone, coincé au milieu du rang et le devant de la scène pour diriger les passages les plus délicats (car sinon l'orchestre fait mine de bien se débrouiller). Ce devant de scène est d'ailleurs très occupé par les nombreux solistes qui vont s'y succéder. Trombones, trompettes, saxophones, guitare, tout ce qui peut se transporter y passe pour notre plus grand plaisir.

Le rappel se fera sur un ton beaucoup plus funky avec un 7 à nous repris du premier album "Eclosion"

Autant dire que cette intervention de l'Oeuf a été un vrai régal. Saveur prolongée par le disque qui témoigne de de la qualité et de la richesse de cette formation. Pas forcément la peine de lorgner Outre-Atlantique pour faire du bien à ses oreilles avec un grand ensemble.

Pascal Derathé

Pat Martino à l'AMR pour JazzContreband

Nous voilà enfin devant l'immeuble de l'AMR / Sud des Alpes au cœur de Genève pour le concert reporté d'une semaine (retard dans le trafic aérien) d'un guitariste de légende pour son trop court passage sur les terres de la vieille Europe (et un seul concert dans le coin...). Pat Azzara plus connu sous le pseudonyme de Pat Martino est désormais depuis le début des années '60, l'un des grands guitaristes de l'Histoire du Jazz. C'est sur les traces de son père Al Azzara, crooner italo-américain pas tout à fait anonyme puisqu' il est le chanteur du mariage dans le film Le Parrain 1... qu'il découvre la musique et le jazz. Quelques professeurs historiques comme Eddie Lang, puis une rencontre décisive avec Wes Montgomery dont l'influence reconnue et affirmée perdure. Des collaborations prestigieuses avec Sonny Stitt, Gene Ammons, Richard Groove Holmes, John Handy, Bobby Hutcherson, Chick Corea, Jack McDuff, Don Patterson, Stanley Clarke, Eric Kloss, Trudy Pitts, Willis Jackson, Lloyd Price, Woody Herman, Chuck Israels, Charles Earland, Barry Miles, Joe Pesci, ça suffit ? Une discographie imposante en leader pour une quinzaine d'albums et en sideman ou co-leader pour n+1 enregistrements officiellement référencés. C'est en 1980, il n'a que trente-six ans, que des problèmes de santé viennent bouleverser sa vie, il ne peut plus jouer normalement : un caillot de sang est décelé au niveau de son cerveau et menace de provoquer une rupture d'anévrisme. L'opération est nécessaire, elle aura pour conséquence la plus lourde une perte totale de mémoire à son réveil, il ne reconnaît même plus ses parents. C'est avec une véritable thérapie musicale qu'il réapprend à jouer de la guitare en écoutant ses propres disques et revient sur scène en trio quelques dix ans plus tard jusqu'à être élu "Guitariste de l'année 2004" par le magazine américain Down Beat, il enregistre aussi à nouveau.

Longue introduction pour resituer un peu le Monsieur et dire notre émotion à l'idée de le voir et l'entendre en direct, là dans ce club en haut des marches. Et oui en Suisse il faut monter pour découvrir une salle exclusivement dédiée au jazz pouvant accueillir presque deux cents personnes. Monsieur Pat Martino arrive sur l'espace scénique, impeccable, tout vêtu de noir, les cheveux presque tous blancs bien peignés en arrière, fines lunettes noires et guitare Benedetto "Signature" noire brillante à son nom, un gros ampli Marshall noir posé juste derrière le tabouret, aucune boîte ou pédale d'effet n'est connectée. Il dirige un trio qui nous ramène quelque part dans la tradition de ceux dont Jimmy Smith a sans doute été l'un des plus flamboyants représentants, avec à ses côtés Wes Montgomery himself ou Kenny Burrell. Pat Martino donne sa chance à Pat Bianchi un jeune organiste pas manchot qui sait aussi utiliser le pédalier, ce qui n'est pas si courant et qui a tout compris de la manière de faire monter la sauce d'un solo rentre-dedans, Carmen Intorre Jr. est derrière sa batterie. Le trio est parfaitement huilé sur un répertoire entendu, aux arrangements originaux, puisés dans le grand Real Book (Four on Six, Peace, Full House, All Blue, Round Midnight, Oleo, etc.), mais, et c'est là toute la différence, servi par un improvisateur de génie créatif et énergique. Technique exceptionnelle sans étal, médiator mais aussi les doigts pour les passages en accords à la Wes, des tempi rapides, un phrasé harmonique, fluide et nuancé et des improvisations aériennes parfaitement maîtrisées ; Pat ne cesse de jouer et lorsque c'est l'orgue qui chorusse, ses accords énergiques d'accompagnement sont redoutables d'efficacité et d'originalité.

Evidemment nous aurions préféré l'entendre avec des accompagnateurs plus sensibles, et chacun y va pour la composition du trio de ses rêves, mais Pat Martino est l'un des guitaristes majeurs du hard bop à l'instar de Joe Pass, Wes Montgomery, Kenny Burrel ou encore Jim Hall, c'était un privilège que de lui dire notre respect.

Philippe Simonci

merci à Yves Dorison pour ses photos : www.yvesdorison.com

Inception trio au théâtre de Vienne

C'est comme un retour sur les lieux du délit, le théâtre de Vienne qui accueille pendant le festival les concerts du "Club de minuit", fait de la résistance en plein mois d'octobre en proposant une soirée en co-production avec le RhinoJazz(s). Jean-Paul Boutellier, himself, ancien président de festival, présente la soirée. Au menu: la vision du jazz par deux batteurs américains d'exception.

Et ça commence par le Inception Trio.

Lorsqu'on a posé la question à Chistopher Nolan, le réalisateur du film d'anticipation "Inception", Croyez-vous qu'un jour nous pourrons partager des rêves ? il a répondu : mais c'est déjà le cas et ça s'appelle le cinéma.

Le propos du Inception Trio semble être de même nature, nous proposer de partager un voyage onirique avec une musique subtile et fluide.

Léon Parker, batteur américain, chercheur de sons, qui a partagé bon nombre d'émotions musicales avec quelques cadors de la scène jazz dont Stefano Di Battista, Herbie Hancock, Brad Mehldau, Madeleine Peyroux, Jacky Terrasson et j'en passe vient se frotter à deux jeunes musiciens en toute simplicité.

Avec sa batterie au format "minimum" il sort des sons et des rythmes incroyables, avec un raffinement qui signe sa singularité et le niveau de son talent.

Au répertoire, quelques-unes de ses compositions et des standards. Les morceaux swinguent où s'engagent vers des ambiances originales comme sur It is what it is où Mattéo Bortone à la contrebasse maintient le socle mélodique, le piano de Fred Nardin vagabonde avec légèreté et Léon Parker laisse aller sa créativité avec finesse et retenue. Le morceau est comme suspendu et nous restons un moment, trop court, en apesanteur.

Les deux jeunes musiciens en question, sont tout à fait au niveau et à leur place, les doigts de Fred Nardin glissent sur le piano avec tout autant de subtilité que ceux du maître à sa batterie. Mattéo Bortone apporte, lui aussi, beaucoup de créativité à ce trio, dans ses solos et dans ses accompagnements.

Le son de la contrebasse se fait léger, léger...léger. Mince je crois que c'est la fin... la fin du rêve.

" Non rien de rien..."

Jean-Marc Aguirre

Sangoma Everett quartet au théâtre de Vienne

Autre vision du Jazz, par un autre grand batteur américain : Sangoma Everett.

Installé en France depuis quelques années il a été le batteur du Golden Gate Quartet, et a collaboré lui aussi avec de grands noms parmi lesquels : Philip Catherine, Dizzy Gillespie, Liz Mc Comb, Dee Dee Bridgewater, Erik Truffaz ou encore Claude Nougaro.

Ce soir il est en quartet ou plutôt en trio plus un.

Le trio c'est celui qu'il compose avec ses vieux complices américains Kirk Lightsey au piano et Darryl Hall à la contrebasse. Ces trois-là semblent s'entendre comme larrons en foire, ils sont hilares en se relançant sur les échanges ou en se félicitant après un chorus.

Kirk Lightsey, n'est plus une jeune pousse, il a collaboré, lui, avec Dexter Gordon et Chet Baker, ça impose le respect. Il semble complètement rompu aux échanges musicaux "spontanés" de la scène devenus chez lui des automatismes ; un vieux de la vieille encore vert.

Le show est ainsi très démonstratif, peut-être aux dépens de la créativité, de la prise de risque et de la subtilité.

Le jeu de Sangoma Everett est très percussif, l'Afrique et l'Amérique du sud sont parmi les ambiances qu'il privilégie.

Le quatrième protagoniste, le jeune saxophoniste de vingt-six ans Jon Boutellier apporte de la fraîcheur à cet ensemble, ses interventions sont toujours à propos même s'il donne l'impression de chercher sa place dans ce presque quartet. Il rit beaucoup moins d'ailleurs.

Au répertoire des standards parmi lesquels In your own sweet way de Dave Brubeck ou Good bye M.Evans de Phil Woods.

Festival ou pas, ce beau théâtre à l'italienne de Vienne en aura encore entendu du bon Jazz à l'américaine.

Que c'est loin juillet 2013!

Jean-Marc Aguirre

vu le mercredi 24 octobre 2012

Smoky Joe Combo au Shag-Café

On se dit : "mince, on aimerait voir le septet !" mais quand on goûte à cette formation-là, on se dit encore, avec du tremolo dans la gorge : "Non, je ne regrette rien !" car le Smoky Joe Combo, en trio, cela swingue autant qu'un Nat King Cole Trio des meilleurs jours. La personnalité et la voix de David Costa Coelho (chanteur et guitariste) n'y est pas pour peu.

Parlons-en de cette voix-là !! C'est la quatrième visite du groupe à Grenoble et elle n'a pas changé (heureusement) : toujours cette gouaille dans le timbre, quelque chose qui est entre le nasillard et l'éclat de rire, sans doute cet accent du midi - bien qu'indolore ici, dans les textes anglo-saxon - qui colore les syllabes !!

Pas de doute, David met du soleil dans le swing. Alors, quand il s'agit du répertoire habituel du groupe, un I like to Riff ou Lulu's back in town ou autre, les orteils se mettent en branle, et les sourires se déclenchent, et les danseurs ... et bien les danseurs dansent !!!

Si la guitare (jaune !!), a un son bien vintage, et que notre chanteur-scatteur en use avec talent, l'ami Philippe Cauchi-Pomponi au piano n'est pas en reste. La complicité des deux - des trois même, car Romain Delorme (contrebasse) nous aura gratifié d'excellents moments - n'est pas un poncif, c'est un paradigme !

La vraie surprise, cerise sur le gâteau, c'est quand David annonce qu'ils vont bientôt jouer en Ecosse! On leur a, pour cette occasion, demandé des thèmes français... Et le groupe entame, pour une première, un standard de Boris Vian : Je peux pas m'empêcher.

Voilà donc une langue qui se prête bien au swing !!! Et la voix, là, est celle d'un titi parisien, avec cette espèce d'insolence joviale des gamins de rue d'antan : "Les poulets et les poules, ça m'rend dingue !" David est habité par le personnage, et le public en redemande.

Aucun souci pour la future performance outre-Manche !

Vous ai-je dis qu'en plus de cela il scatte comme Cab Calloway (il en aurait d'ailleurs presque un petit air! Il en a l'énergie) ? What else ? Non, je ne regrette rien.

Marc Tresve

Ben Wendel quartet au Périscope

Lors de la dernière édition de Jazz à Vienne, au Club de Minuit, le saxophoniste Ben Wendel et le pianiste Dan Tepfer s'étaient livrés à l'art délicat du duo, mettant en avant le fort attachement des deux musiciens à la musique classique. Ils nous reviennent tous deux ce soir dans une autre configuration, le "Ben Wendel Quartet" solidement étayé par le batteur Nate Wood (tout autant associé à Tigran Hamasyan qu'à Ben Wendel depuis "Kneebody)" et par le contrebassiste Joe Sanders repéré par le label Criss Cross où il a récemment sorti l'album "Introducing Joe Sanders" au côté d'un autre saxophoniste bien connu du public du Périscope Will Vinson.

Ici, plus loin des influences classique du duo, la musique du quartet prend des accents résolument jazz moderne en débutant le concert par une relecture inventive du Lonnie's Lament de John Coltrane où le son dosé mais aussi étoffé du ténor met d'emblée le public sous le charme. Dès le deuxième morceau, Ben Wendel fait appel à ses propres compositions notamment celles de son dernier album "Frame" (Sunnyside 2012) Jean and Renata et plus tard Frame et Leaving se révèlent des compositions particulièrement attachantes et pleines d'émotions où le piano de Dan Tepfer n'a aucun mal à prendre sa place (sur un morceau il jouera même conjointement du piano et du melodica ) Dans le seul morceau joué en trio sans piano, Ben Wendel propulse progressivement sa section rythmique dans un dialogue nourri et complice entre le jeu sec à la batterie de Nate Wood et les slaps à la contrebasse de Joe Sanders.

Dans chacun des deux sets il y aura aussi un morceau ou Ben Wendel utilise un basson, instrument rarement utilisé dans la musique de jazz et qui apporte une belle coloration intimiste, surtout sur le Come tu mi voi de Nino Rotta joué en duo avec Dan Tepfer au cours du deuxième set.

En résumé, un quartet de haut vol qui a tenu toutes ses promesses au cours de plus de deux heures de concert grâce à une savante combinaison de formules (quartet, trio , duo ) et l'originalité apportée par l'utilisation du basson.

Gérard Brunel

Julien Bertrand quartet avec Joel Holmes à Un Doua de Jazz

Le trompettiste Julien Bertrand a reformé son trio avec François Gallix à la contrebasse et Stéphane Foucher à la batterie pour en faire un quartet avec Joel Holmes. Ce pianiste est précédé d'une belle réputation et il ne passe pas inaperçu avec son imposante tignasse de dreadlocks.

Le répertoire est essentiellement puisé dans les compositions de Joel Holmes : Holly Spirit, Fatima, African skies et quelques-unes de Julien Bertrand et quelques reprises (Cinéma Paradisio et Four de Miles).

Le quartet finit ici sa tournée, la cohésion est parfaite, le groupe est bien soudé autour du pianiste. La rythmique lui amène une écoute et une disponibilité totale. François Gallix me dira après le concert le plaisir qu'il a eu à suivre un "tracteur" de cet acabit. Le pianiste conduit les débats avec une aisance plaisante. Les citations s'enchaînent, les doigts improvisent, la batterie et la contrebasse suivent. De temps en temps Julien vient accompagner ou relancer au bugle ou à la trompette. On ferme les yeux on se croirait au Smalls ou au Village V., c'est vif et vitaminé.

Un invité surprise, le chanteur new-yorkais Tony Hewitt, en transit à Lyon, viendra interpréter deux titres dont un Alone together très sympa.

Décidement, le Doua de Jazz tient toutes ses promesses cette année.

Pascal Derathé

vu le jeudi 25 octobre 2012

Sarah Prévost au Jazz Club de Grenoble

Sarah Prévost, originaire de Normandie, est arrivée à Grenoble il y a un mois après avoir navigué en Australie et en Grèce. Toute menue, seule sur scène, bien présente au piano, elle nous offre ses compositions. Ses doigts légers, rapides, accompagnent sa voix fine et néanmoins ferme. Ses textes, en Français, en Anglais, en Grec, ou en mélange de langues, témoignent de ses expériences.

Les bottes en caoutchouc, nostalgie de son enfance normande pluvieuse, est une jolie ballade, emplie de murmures. Des textes poétiques : "Elle chevauche sur l'arc en ciel... Nuages en forme de cœur... Peu importe où elle va... Jupe en dentelle... L'air sublime la rend charnelle... Elle porte des bottes en caoutchouc..."

De l'humour en l'honneur des nombreux hommes grecs qu'elle a croisés, de la gomina dans les cheveux. Sa voix sonore nous pousse à danser... On court, on s'amuse. En anglais, elle nous communique la bonne humeur contagieuse des Australiens. Son enthousiasme déborde.

Quelques chansons en partie en Anglais, en partie en Français, sa voix coule : I fall in Love puis plus dynamique, quelques petits pas sautés. Soudain, plus lent, plus grave, sa voix résonne comme une sourdine. Elle aime la mer, aussi belle que ses rêves, s'avoue charmée par la montagne. Un fantasme ? Un chant empreint de poésie en tout cas.

Elle termine à l'accordéon un hymne au temps présent. Des sourires, de la gaîté. On a passé un bon moment... Don't worry !

Sarah déborde d'activités : son dernier CD "Zéphyr" se vend bien au fond de la salle. Elle recherche maintenant un violoncelliste amateur pour de nouveaux projets.

Chantal Hardy

(Sarah Prévost (chant, piano, accordéon, composition, écriture)

Jazz Emotion au Jazz Club de Grenoble

C'est avec plaisir que nous retrouvons ce soir ces musiciens grenoblois de qualité, désireux de partager avec des amis, des musiques peu connues qui les font vibrer. Des morceaux de jazz, quelques œuvres classiques ainsi que des compositions personnelles.

Sur Ouro Preto, l'accordéon langoureux accompagné d'une contrebasse profonde, d'une batterie discrète et du piano subtil mais ô combien présent, célèbre cette ville brésilienne classée au patrimoine de l'Unesco et son compositeur Daniel Goyonne. Le rouge de l'accordéon illumine la scène pour notre plus grand plaisir.

Pas d'accordéon pour Quintessence de Quincy Jones. La contrebasse lance le morceau vite repris par le piano et bien soutenu par la batterie. Un pas nonchalant... Nous sommes impressionnés par le doigté d'Hélène Avice à la contrebasse et sa connivence avec Jean-Michel Hainque au piano. Puis Letter from Home de Pat Metheny nous transporte dans un rêve. Micheline Hainque à l'accordéon démarre fort sur un rythme marqué pour un Besame Mucho retravaillé. On se dandine ! La caisse résonne, l'accordéon se fait tendre et câlin. La contrebasse s'envole... Erwan Bonin à la batterie nous ravit par un beau solo subtil qui termine le morceau... mais non, l'accordéon relance la dynamique !

Quel bel équilibre des instruments où chacun s'exprime en harmonie avec l'ensemble : Where Breathing Start de Gustavsen ou encore Sail Away de Tom Harrel.

Jean-Michel nous lit Les Mots de Nougaro sur une composition de Daniel Goyone :

"Les mots divins, les mots en vain

Les mots de plus, les motus

Les mots pour rire, les mots d'amour

Les mots dits pour te maudire

.......................................

Les mots divins, les mots devins,

Les premiers mots

La fin des maux"

Que de tendresse, de force, de passion !

Puis aussi Golson, Piazzolla, ... Avec Libertango, l'accordéon s'élance, se précipite. Force, volonté, pas de charge décidé avant de s'abandonner, pleurer... Sanglots de la contrebasse et du piano auxquels répond l'accordéon. Puis à nouveau la force et la détermination de l'ensemble et l'accordéon qui nous entraîne dans sa course. Superbe !

Tous très longuement applaudis !

Chantal Hardy

(Jean-Michel Hainque: piano, arrangements ; Micheline Hainque: accordéon ; Hélène Avice: contrebasse ; Erwan Bonnin: batterie)

Balkan Lyon City Bang Bang à Un Doua de Jazz

Dernière soirée du Doua de Jazz 2012. Faut que ça envoie ! Ça se passe comme la veille à l'Espace Tonkin, dont le directeur Jean-Claude Ballet est tout heureux d'accompagner ce festival depuis ses débuts.

Ce soir c'est la fête avec des musiques à voyager

On ouvre le bal avec le "Balkan Lyon City Bang Bang" groupe improbable composé de jeunes musiciens d'horizons très différents : un Egyptien au oud, Mohamed Abozekry, un bassiste avec des racines laotiennes, Yann Phayphet, un carioca aux tambours Zaza Desiderio, un grand escogriffe de Violonie, Rémi Nouvelot et un pianiste qui se croit à moitié bulgare, Elie Dufour. Avec de tels profils il faut s'attendre à une rencontre riche. On va découvrir le "Sambalk" une musique métissée de samba et de balkano avec des zestes d'électronique.

Objectif du groupe, se faire plaisir en proposant des relectures de leurs compositions. Les échanges sont fructueux, les sourires version banane sont bien en place. On découvre Mohamed dans un registre où on ne l'attendait pas, ni lui ni son oud. Zaza fait le zouave derrière tout en assurant une rythmique impeccable. Le son laisse un peu à désirer et trouble parfois la fête. Qu'importe la cause est entendue sur le final avec une adaptation fun et funky de Frère Jacques qui remporte tous les suffrages du public.

Il s'agissait du premier concert de ce futur groupe mythique. A suivre ...

Pascal Derathé

New-York Gipsy All Stars à Un Doua de Jazz

La seconde tête d'affiche du Festival, les "New-Yorkais" du New York Gypsy All Stars (NYGAS pour les intimes). Beaucoup de nationalités différentes dans ce groupe, l'anglais est leur langue commune, avec la musique.

A l'origine du groupe le clarinettiste Ismail Lumanovski occupe le centre de la scène. A sa droite le bassiste et chanteur Panagiotis Andreou, l'ambianceur de la bande. A sa gauche, le joueur de qanûn, sorte de cithare à plat à soixante-douze cordes, Tamer Pinarbasi. Avec la clarinette il est l'âme du groupe. Un instrumentiste hors-pair dont on ne peut suivre les doigts du regard tellement ça va vite. On attendait Jason Lindner il est remplacé au clavier par le chilien Pablo Vergara aristrocrate romantique et dandy tout droit sorti du dix-neuvième siècle. Pour finir l'énumération il manque Engin Gunaydin qui s'occupe de la batterie.

Ces "New-Yorkais" reprennent le folklore des balkans et lui donne une belle touche de modernité sans pour autant être aussi barré que certaines fanfares balkaniques. Leur musique est world, jazz, rock, fun. En tous cas, c'est une musique de fête parfaite pour conclure ce festival estudiantin.

Pascal Derathé

(Pablo Vergara: claviers ; Tamer Pinarbasi: qanûn ; Ismail Lumanovski: clarinette ; Engin Gunaydin: batterie ; Panagiotis Andreou: basse)

vu le vendredi 26 octobre 2012

Marcus Miller à la Bourse du travail de Lyon

C'est un beau final que nous a offert le RhinoJazz(s) avec ce très beau concert de Marcus Miller en co-production avec Jazz à Vienne.

Le spectacle est articulé autour des titres du dernier album du bass master, "Renaissance" (2012). Un beau titre pour un projet totalement nouveau, le dernier album Marcus remontait à 2008, les albums "Thunder" (2008) avec SMV, "A Night in Monte Carlo" (201O) et "Tutu Revisited" (2011) étant plus des enregistrements de circonstance.

Pour cet album "Renaissance", Marcus Miller avait réuni une équipe de jeunes musiciens et quelques célébrités. Ce soir nous n'aurons que les musiciens. Mais quels musiciens! Il semble que le charisme chaleureux du leader soit sur eux du meilleur effet. Dans le documentaire "North Sea Jazz Cruise" Marcus Miller se définissait comme un bassiste "funk avec une immense connaissance du jazz". Le funk, il nous le propose d'entrée avec deux morceaux, Mr. Clean et Detroit, qui installent un groove impressionnant qu'il va tenir jusqu'au bout du concert. Mais contrairement aux musiciens funky qui ont plutôt tendance à ressasser des formules éprouvées, Miller, compositeur et musicien, innove et repousse les limites du genre. Suivront quelques-uns des titres de l'album dont Jekyll & Hyde où les musiciens évoquent les deux faces du personnage avec une verve et un entrain ébouriffants. Après avoir aligné quelques-uns des titres de "Renaissance", enfin viendra au final ce qui me semble être le cœur de l'album et du concert de ce soir, le titre Gorée.

Marcus Miller nous dit, dans un excellent français, que ce titre lui a été inspiré par la visite du site de Gorée, au Sénégal, d'où partaient les esclaves africains pour l'Amérique. Il a brusquement pris conscience que les conditions effroyables de détention marquaient la fin de l'histoire africaine de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants, mais qu'en même temps c'était le début d'une histoire africaine-américaine. Il veut donc célébrer par ce titre la capacité de l'homme à transformer une réalité horrible en une réalité positive.

Gorée commence par une longue introduction du piano, pleine de nostalgie, qui nous évoque le pays et la liberté perdus, la clarinette basse de Miller poursuit par ce qui pourrait être la traversée de l'océan, le soprano rejoint la clarinette, pour, dans un duo déchirant, nous dire l'effroi des conditions du voyage. Le soprano poursuit seule et hurle l'horreur de l'esclavage. Marcus Miller ébauche une danse qui pourrait représenter le blues, le gospel, la musique afro-américaine, seul moyen que trouve l'esclave pour dire, au travers de la musique et de la danse, le malheur et l'espoir malgré tout. Le moment où il pose sa main sur l'épaule d'Alex Han est une belle image de solidarité en général et de celle des musiciens sur la scène. Le morceau se clôt par une brève, mais retentissante reprise du thème comme une image de l'homme retrouvant son unité, suivie d'un final en forme d'improvisation collective, dans laquelle les cuivres riffent sur Get up stand up, stand up for your rights.

Bien sûr, ceci n'est qu'une perception d'un moment musical qui peut paraître simple et idéaliste. Mais l'un des rôles de l'art n'est-il pas de nous faire voir ou tout au moins imaginer des orientations idéales comme des réalités possibles à la destinée humaine, à partir de ce qui nous touche de près.

Ceci, Marcus Miller le réussit très bien en introduisant Gorée par un propos liminaire qui renseigne sur sa réflexion devant la réalité du site qu'il visite et sur la réflexion que cela lui inspire. Avec cette musique, mélange de jazz, de funk et de rock, qui peut paraître un genre léger ou mineur, il atteint à une gravité que l'on n'attendait pas. C'est une démarche que l'on peut rapprocher de celle de Sam Cooke avec A change is gonna come, ou bien encore Boris Vian et Le déserteur et Léo Ferré et Avec le temps, et bien d'autres, Dylan, Brassens, Leclerc, Cash et d'autres encore qui atteignent à l'universel à partir de moyens, soi-disant simples alors qu'il s'agit en réalité d'une alchimie complexe.

Marcus Miller occupe une position centrale au milieu de la scène, une position solaire, mais il n'est pas du genre à prendre toute la lumière et, si tout part de lui, il rayonne sur le groupe et illumine tous ses partenaires qui donnent alors le meilleur. Il les lance, les suit du regard, les encourage. Chaque fois que l'un d'entre eux prend un chorus, il le désigne au public comme pour dire "ne me regardez pas, c'est celui qui joue, qu'il faut voir et écouter." Marcus Miller invite les musiciens et le public à le suivre avec un grand naturel, créant ainsi une ambiance chaleureuse qui met le public en état de réceptivité maximale, la musique fait le reste. Ses concerts ne sont jamais des moments ordinaires, mais avec "Renaissance", ce soir-là, on a atteint sans doute un sommet.

Michel Mathais

(Marcus Miller: basses, clarinette basse ; Louis Cato: Batterie ; Kris Bowers: piano et Fender Rhodes ; Alex Han: saxophones alto et soprano ; Adam Agati: guitare ; Lee Hogans: trompette)

The Chouquettes au Toï Toï

Certains vont voir Miller moi je vais faire une cure de Chouquettes.

Ce groupe issu de la Clef de Voûte se propose de nous faire revivre le répertoire "doo wap". Des chansons des 50's et 60's aux frontières du rock, du Rythm n'blues, du jazz et en plein dans la bonne humeur. Au total pas moins de dix-sept morceaux.

Le look a son importance. Les garçons sont en costard, les filles en robes, maquillées, affriolantes et aguicheuses. Le jeu de scène aussi. Le groupe l'a travaillé cette semaine encore avec Noémie Lamour, une référence en la matière, et ça se voit.

Sylvain Félix a pris de l'assurance et on le retrouve de plus en plus au chant, délaissant ainsi son sax. Agnès Fournière est très à l'aise en meneuse de troupe, Marion Amirault apporte sa candeur et sa voix posée.

Derrière la rythmique s'affaire, impeccable. Lucas Verrière se voit même confier une partie en talk-over. Clément Vigné gratte et fait le beau gosse et Josselin Perier et Yann Phayphet donnent le tempo. Solide équipe.

Cette petite mécanique est bien huilée et nous fait passer un moment des plus plaisants. La preuve une partie du public abandonnera ses inhibitions et dansera.

Et comme le disent Les Chouquettes : ça "envoie le téflon et accroche immanquablement au cortex des amateurs de guinche". A bon entendeur...

Pascal Derathé

The Amazing Keystone Big Band invite Bill Mobley à la Clef de Voûte

Soirée mémorable et plus qu'excellente avec "The Keystone Amazing Big Band" à la Clef de Voûte ce jeudi 25 Octobre : une salle comble (il fallait réserver à l'avance pour pouvoir entrer) Ambiance "really hot" et de grande qualité. Aux arrangements du pianiste Fred Nardin (Alone Together, Dahoud...) ou du saxophoniste ténor Jon Bouteillier (Substitution, Take the A train, Blues in the Night ...) se sont ajoutés ce soir les arrangements de l'invité d'honneur Bill Mobley, trompettiste et chef d'orchestre (de grosses formations). Il avait eu l'heureuse idée d'envoyer un peu à l'avance ses partitions, car une seule répétition (compte-tenu des emplois du temps chargés des uns et des autres) était au programme. Mais quelques-uns déchiffraient ce soir les compositions et/ou arrangements de Bill Mobley: Farewell to magma, 49th street, Alex the great, 2nd Thoughts ...

Le résultat fut éblouissant (pour les oreilles bien sûr) : une mise en place impeccable pour des arrangements plus "new-yorkais", plus touffus, aux tuttis plus serrés, plus riches harmoniquement, avec des plages plus longues pour les solistes. Bref une musique stimulante pour les musiciens comme pour le public, un défi que le big band a relevé avec humour, bonne humeur, une joie gourmande de s'affronter à la difficulté. Nous avons pu apprécier ainsi de remarquables soli de Bill Mobley pour commencer et de quelques joueurs de saxophone soprano par exemple. Les hochements de tête significatifs, indiquait d'ailleurs assez l'estime réciproque.

Le public a été impressionné, c'est le moins que l'on puisse dire. Célia Kameni est venue chanter un air bluesy, avec le plaisir que procure le fait d'être accompagnée par une grande formation qui avait d'autres rendez-vous dans la région pour cette fin de semaine. Quelques aficionados ont décidé ce soir-là de suivre la tournée de The Amazing Keystone Big Band, à Vienne notamment. Gageons qu'ils n'ont pas été déçus.

Bernard Otternaud

Azzengo Quartet à la Ferme à Jazz

Ça jazze dans l'Ain

L'affiche étant alléchante et consensuelle, la soirée le fut tout autant et la balade avec les quatre musiciens jeunes et talentueux se fit de manière conviviale.

Dimtri Saussard, accordéon, Romain Baret, guitares, Josep Manresa basse, Sébastien Necca, batterie.

Ce sont tous d'excellents instrumentistes et compositeurs qui présentaient leur plus récent opus discographique qui au demeurant est le premier.

Si les thèmes qu'ils ont composés sont fortement influencés par les musiques d'Amérique du sud, leur créations sont résolument jazz et d'ici.

Le style de Dimitri Saussard est proche de celui du bordelais Michel Macias ou du haut savoyard Marc Berthoumieux en allant de temps à autres vers celui des poly-instrumentistes accordéonistes Alan Bruel ou (dans sa phase assagie) Bernard Lubat mais pour ceux qui sont des familiers de Daniel Mille ou Richard Galliano et même s'ils utilisent des instruments comparables c'était beaucoup plus acoustique qu'électro acoustique.

Bref ! Qu'il existe une filière de l'accordéon jazz en France nous le savions... depuis Gus Visseur et Marcel Azzola, que cette filière est riche et diversifiée nous le pensons, qu'elle est jeune et inventive aujourd'hui j'en suis convaincu. La preuve par Dimitri.

Les trop rares chorus ont permis d'entendre Josep Manresa qui est un superbe musicien créatif mais comme je suis fan de basse j'exprime un ressenti partisan assumé.

Ce fut une belle et sage soirée jazz à La Ferme à jazz

Le 9 novembre, pour le prochain concert, nous aurons une balade dans un autre style, le New Orléans, puis pour le 23 novembre le "Crescent quartet".

Que la musique soit avec nous......

Ca jazze fort dans l'Ain

Martin Klebinder

Tropical Jam à la Soupe aux Choux

C'est une salle comble .. qui attend "TropicalJam", sa chanteuse Michèle Burkey et surtout sa danseuse Joana Massato, pour cette soirée brésilienne festive faite de bossas novas et sambas avec improvisations et rythmes.

Michèle Burkey alterne les sambas avec des standards de bossa nova plus rythmés, avec son invitée, la danseuse brésilienne Joana, en tenues légères et sexy et notamment sa belle coiffe de chef indien aux plumes de coq noires et rouges, toutes digne du carnaval de Rio.

Applaudissements et cris du public .. qui se met à danser joyeusement avec elle et notamment le forro, sur une musique traditionnelle entraînante et gaie de la région nord est du Brésil.

Avec samba do aviao, samba em preludio, so danço samba, Michèle nous sert un vibrant hommage à Baden Powell guitariste et compositeur qui fait le pont entre le jazz et la samba, métissage de la musique afro-brésilienne et européenne où il introduit des modulations baroques qui lui sont propres.

Sans oublier les grands classiques brésiliens, Mas que Nada, Fio Maravilla chanson inspirée par le football et Cajuina, du compositeur de samba Jorge Ben. Son style distinctif, le samba-rock mêle la samba, le funk et le rock avec des paroles humoristiques, satiriques et parfois aux thèmes ésotériques.

Avec Chega de Saudade, véritable hymne à l'amour d'Antônio Carlos Jobim, Michèle surprend le public et le touche en lui proposant sa version française :

"Va ma tristesse,

Et dis-lui

Que sans elle "ça ne peut pas aller"

Dis lui vite

Qu'elle revienne

Parce que je ne peux plus souffrir.

Finie la nostalgie

La réalité c'est que sans elle

Il n'y a pas de paix,

il n'y a pas de beauté

Ce n'est que tristesse et mélancolie

Qui ne sortent pas de moi

Ne sortent pas de moi

Ne sortent pas

Mais, si elle revient,

Si elle revient

Quelle belle chose heureuse

Quelle belle folie

Il y a moins de petits poissons

Dans la mer

Que de baisers

Que je te donnerai sur la bouche"

Ambiance survoltée et festive .. jusqu'au rappel Bahianada.

Elise Bedot

(Michèle Burkey: chant ; Valéry Fiodorov: piano ; Thomas Burkey: guitare ; Daniel d'Aversa: batterie ; Stéphane Mercier: percussions ; Jean Philippe Crescence: basse ; Jérôme Nicolas (invité): saxophone ; et la danseuse Joana Massato)

vu le samedi 27 octobre 2012

The Amazing Keystone Big Band à l'Esplanade Saint-Vincent

C'est avec une certaine émotion et pas mal d'humour que François Robin, le programmateur des lieux, présenta la soirée. Un big band à l'Esplanade Saint-Vincent : Amazing !

Les musiciens du Amazing Keystone Big Band ont l'habitude des endroits confinés, ils se sont développés sur la petite scène de la Clef de Voûte. Ils y étaient encore l'avant-veille avec le trompettiste Bill Mobley en guest star. Donc ici, ils sont quasiment "au large".

Le Keystone va reproduire ici sa recette qui fonctionne à plein depuis bientôt deux ans, à savoir des reprises de standards des années 30 à 60 mâtinées de quelques compositions, le tout avec des arrangements super léchés qui permettent au différents pupitres de s'exprimer ou aux solistes de se lever pour prendre des chorus.

On apprécie particulièrement les annonces toujours savoureuses de Jon Boutellier qui évoquera quelques musiciens de l'orchestre tels "le Mozart du Bontempi", "Cet alto n° 2 qui est le n° 1 dans mon coeur", "Non la chirurgie esthétique n'y est pour rien, c'est bien David Enhco" ou qui pratique l'auto-dérision "Il y avait un solo magnifique de moi-même".

Au cours des deux sets nous aurons pu entendre quelques titres connus comme Stompin' at the Savoy, Alone together ou It Ain't Necessarily So ou encore un Body and soul "d'anthologie interprété par moi-même" qui vaut vraiment le coup.

Du côté des musiciens l'effectif est à peu près stable à l'exception d'un remplaçant de luxe en la personne de Pierre Baldy-Moulinier, ce qui fait que ce soir sont représentés les trois big bands de la région (hors écoles) avec leur directeur: Le Keystone ; l'Oeuf et Bigre. (Bigre qui fêtera ses cinq ans le 1er novembre prochain au Périscope... ça va être la fête).

Ceci démontre la vitalité des grands ensembles dans la région si l'on y ajoute l'Usine à Jazz, la Grande Forge, Micromegas, le Big Band de l'Ouest, RN7 Big Band, les Big Band de Villefranche et de Francheville et bien sûr les vénérables Happy Stompers (pardon pour ceux que je n'aurais pas cités) on constate que le genre défie la crise.

Le final du concert se fera avec Someone exactly like you sans Celia Kameni mais avec tous les musiciens du big band qui nous offriront de nombreux chorus et même une petite farce de Fred Nardin avec un effet "tuba" au synthé. Décontraction, bonne humeur et bonne musique sont toujours d'actualité avec The Amazing Keystone Big Band.

Pascal Derathé

vu le dimanche 28 octobre 2012

Jeremy Pelt quintet au Fil pour GagaJazz

New-York sur Loire ! Pour son premier concert au Fil de la saison, Gagajazz a frappé fort en invitant le quintet du trompettiste Jeremy Pelt. Le public est au rendez-vous, salle comble et bon jazz.

Jeremy Pelt est venu avec sa rythmique habituelle, à savoir l'imposant Dwayne Burno à la contrebasse (la contrebasse de Jeremy Magand semblait avoir rétréci) et le jovial Jonathan Barber à la batterie. Une belle équipe de choc complétée par David Bryant au piano et la jolie blonde Roxy Cox au sax ténor.

Ces cinq-là achèvent une belle tournée en Europe: Italie, Danemark, Espagne, Allemagne avec seulement deux salles en France le Duc des Lombards et le Fil. Heureux Stéphanois qui ont pu apprécier à leur tour ce prodige de la trompette (il était passé au Périscpe puis au Hot-Club en mars dernier). Un son pur, des bases archi-solides, un groove impeccable pour un jazz d'aujourd'hui.

Il reprend quelques compositions d'amis mais aussi quelques titres issus de sa déjà longue discographie. Deux beaux sets d'un jazz inventif et chaleureux qui nous fait oublier les premiers frimas qui nous attendent à la sortie.

Pascal Derathé

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