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Jeudi 30 août 2007:

Lyon : Le Péristyle dans la dernière ligne droite

Encore quelques jours pour s'installer au "Café Jazz Le Péristyle" de l'Opéra de Lyon. Tout prendra fin le 8 septembre après un dernier tour d'honneur des finalistes du tremplin Suivez le Jazz 2006

Imaginez un lieu plus que central à Lyon. Entre l'Hôtel de Ville (les vitres du bureau du maire au premier en face à droite) et l'Opéra tout de noir vêtue, façon deuil fashion perpétuel. C'est là entre deux mondes, deux façons de se regarder et de s'abriter derrière des portes et des services de sécurité qu'élit domicile depuis cinq ans le jazz. Au Péristyle, sorte de narthex païen, passé du jour au lendemain du statut de lieu de passage à celui de site à part entière d'une vie lyonnaise dépoussiérée.

Le Péristyle ? Un havre de paix comme un sacré lieu de musique qui démarre petit bras par les cafés croissants le matin pour finir par trois sets de jazz copieux "live" en fin d'après-midi. 11 juin- 8 septembre. Pas mal l'amplitude. En gros, occupant l'espace pendant que le Hot Club de Lyon, installé tout près, fait relâche.

Une fois encore, sous la jolie toile italianisante qui recouvre l'espace, tout aura marché comme sur des roulettes. Au final, une trentaine de formations, régionales surtout, auront agrémenté les soirées du Péristyle. Tour à tour. A raison de trois sets par soirée (19 h - 20 h 15- 22 h) trois jours de suite. Soit près de 300 concerts jazzy. A raison de 100 à 150 spectateurs par set, on atteint en fait les dimensions d'un vrai festival.

Comme les années passées, ces concerts du Péristyle auront permis d'apprécier la vitalité du jazz régional, quels que soient les styles pratiqués. En fin de semaine dernière, c'est Ompa Bompa qui s'y est collé. Une formation familière qui n'en est pas à son premier Hot Club et qui cette fois, fort des quatre cuivres occupant l'avant - scène, s'est amusé à reprendre des standards - période Jungle du Duke et à les triturer à sa façon. Un tel exercice est exigeant. Les quelques solos pris par les quatre cuivres l'ont amplement démontrés, qu'il s'agisse de Vincent Perrier (sax + clarinette), de Ludovic Murat (sax), de Julien Bertrand (trompette et bugle), de Frank Boyron (tb), d'Emmanuel Deplaude (claviers), de Christophe Garaboux (basse) ou enfin d'Olivier Genin (dr).

L'octet n'en est pas à son coup d'essai. Mais on perçoit à travers le set l'immensité du travail du Duke et les difficultés à venir à bout de ces thèmes familiers et à les retranscrire.

Auparavant les formations venues occuper le Péristyle s'étaient ingénié à montrer la diversité du jazz qui pousse en région. Le choix aura été plus que large : Swinggones pour démarrer, puis Gare aux Fourmis, Jean-Luc Peilhon quartet, Bebey Prince Bissango, Trismus, Fayca Salhi Quintet et autre Matanga.

En début de semaine c'est le quartet Intervalle qui a occupé le lieu pendant les trois jours. Ils ont alterné entre compositions personneles (un amusant "Blues Serbo-croate" de François Cordas et un classique "Convergences" de Manu Scarpa) et reprises (Bill Evans entre autre) : François Cordas (Sax) Michel Samoïlikoff (piano) Jean-Pierre Almy (basse) Emmanuel Scarpa (dr).

Au passage, l'Opéra de Lyon, lieu de musique classique et de traditions s'il en est, fait la preuve que quand tout ferme ou fait relâche, le jazz est toujours là. Certains s'étonnent qu'un tel Péristyle ait pu voir le jour. C'est oublier la volonté de la direction de l'Opéra de Lyon "de se débarrasser de l'image des maisons d'opéra" et de "se tourner vers les formes de musique plus modernes". Bref, Coltrane après Les Noces.

Selon M. Postaire, qui préside aux destinées jazz de la maison, une telle démarche n'a évidemment rien de rentable, même si l'Opéra a su développer bar et restauration pour encaisser quelques royalties. Mais il faut savoir qu'ici tous les musiciens sollicité sont rémunérés au même niveau (185 euros brut par jour) et que certaines formations se composent de dix à quinze musiciens. Bref, "c'est une opération à plus de 100 000 euros" estime l'Opéra et il est hors de question, malgré la restauration et le bar, d'espérer "rentrer" dans ses frais. "Pour rentabiliser, il faudrait des salles beaucoup plus grandes" explique M. Postaire. Or, tout l'intérêt du Péristyle est de permettre aux spectateurs de se retrouver quasi dans un douillet club de jazz.

Côté musiciens, le Péristyle est une aubaine. "Je reçois de plus en plus de dossiers en provenance de toute la France, explique M. Postaire, ce qui prouve que le phénomène fait tâche d'huile".

Reste que la majorité des formations sont bien issues de la région. Une preuve de plus de la vitalité du jazz en Rhône Alpes.


Jean-Claude Pennec

* Concerts tous les jours sauf Dimanche. Entrée libre. Consommations payantes. Sets à 19 h- 20 h 15 et 22 h. Opéra de Lyon.

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