Jazz-Rhone-Alpes.com

Edito (samedi 14 juillet 2007):

La longue nuit du 13 au 14 juillet 2007.

Traditionnellement la dernière soirée de Jazz à Vienne se transforme en "all night long", cette année encore la tradition n'a pas été bousculée et les conditions météorologiques furent très agréables.

Pour fêter ça nous mettons à votre disposition une galerie de plus de 100 photos (#diaporamaveille).

L'équipe de Jazz-Rhone-Alpes.com (qui a bien sommeil)

Au Théâtre Antique ce vendredi 13 juillet

Le Rezzo au charbon

En ouverture de la All night jazz, Jean-Paul Boutellier invite traditionnellement le vainqueur du concours d'orchestre du Rezzo de l'année précédente pour arpenter la scène en lever de rideau de la All night jazz. Hier soir, ce fut au pianiste nordiste Jérémie Ternoy accompagné des membres de son trio (Christian Mahieux à la contrebasse et Charles Duyschaever à la batterie), d'avoir le redoutable honneur de se produire devant 7 000 personnes.

Difficile, outre l'inévitable trac, avec une formation aussi intimiste,de couvrir la rumeur inhérente à une telle foule. Les musiciens doivent avoir la même impression qu'un orchestre jouant dans un salon de thé alors qu'aucune conversation ne s'est arrêtée.
Physique de mineur de fond, mais toucher de satin, Jérémie Ternoy donne l'impression d'avoir déjà réalisé la synthèse de ses différentes influences, sa musique se coulant avec fougue au sein de son creuset personnel, avec d'autant plus de vigueur lors des improvisations menées avec une belle sûreté. Une vraie mine !

Charol's

Site internet : jeremie-ternoy-trio.com

Papy fait de la résistance

En voyant arriver sur scène Clark Terry avec grande difficulté sur ses béquilles, on se sent mal à l'aise. Le quintet de George Robert qui l'accompagne aurait-il exhibé pépé à 87 ans pour se faire inviter plus facilement dans les festivals de France et de Navarre.
En fait, cette prévention tombe rapidement. Même s'il n'est plus doté d'un souffle de jeune homme, s'il s'économise, lançant ses riffs compme une bouteille à la mer, Clark Terry, 87 printemps qui est arrivé tout droit de l'Arkansas, recèle encore quelques belles pépites au fond de sa gorge. Sa voix éraillée qui ressemble incroyablement à celle de Satchmo, n'est pas celle d'un vieillard. La trompette à sourdine est l'instrument dans lequel il s'exprime de mieux lui permettant de doser ses effets au quart de tour. Il faut bien reconnaître que côté musical, la vraie vedette est le saxophoniste George Robert qui a mis néamoins du temps à s'échauffer restant longtemps en demi-teinte avant de s'exprimer au mieux en fin de concert. Entouré d'un Sangoma Everett hilare à la batterie et d'un Kirk Lightsey, pianiste démonstratif au swing efficace et créatif, l'orchestre a pu permettre au festival d'entrer avec élégance dans une nuit qui n'était pas alors prête de s'achever.
Un moment d'intense émotion se fit jour lorsque le public ému par une si belle résistance fit une double standing ovation à celui qui a fait ses débuts au sein de l'orchestre de Duke Ellington. L'impression forte d'avoir entendu un testament musical et d'avoir bouclé la boucle :
c'était lui, Clark Terry qui avait ouvert, en 1981 la toute première soirée de Jazz à Vienne avec le Basie Alumni All Stars. La musique de jazz ? La jouvence de l'abbé Terry !

Charol's

Archie s'égare

Musicien mythique des années soixante, Archie Shepp, soixante-dix ans, fut sans doute la déception de la soirée. Panama blanc, costume gris perle, il a proposé un peu avant minuit un patchwork musical sans ligne directrice, mélant rap avec Jallal Nuridddin, slam ( avec Rocé) et blues avec une démagogie qui ne rencontra pourtant que des échos mitigés et appuyé par une formation ne faisant pas dans la dentelle. Une mécanique tournant à vide, rapeuse, sans jeux de mot et inspirant bien peu d'émotion.
Mais la nuit n'était pas pour autant terminée !

Charol's

Manu Dibango, l’éternel saxophoniste

Qui plus que lui pouvait venir mettre le feu au Théâtre Antique en cette nuit « full jazz ». Le symbole de la World Musique reprend ici les titres de Sydney Bechet, après son album hommage sorti cette année. Après un demi-siècle de mélange de ces influences africaines avec les différents univers du jazz, Manu revient à ces premières amours : le jazz de la Nouvelle Orléans. Joyeusement naïve, cette musique permet au saxophoniste de nous faire découvrir les facettes peu connues de son talent.
Pour lui prêter main forte, son copain vibraphoniste Dany Doriz, tout droit sorti du Caveau de la Huchette ponctue les morceaux de son délicat doigté. Toujours prêt à défendre une certaine idée du jazz vivant, ce n’est pas un hasard si on le retrouve ce soir sur la scène pour cet émouvant hommage.
On n’attendait pas Manu reprenant les standards de Sydney, et pourtant c’est un réel moment de plaisir, humoristique et coloré, qu’il vient offrir aux aficionados du jazz présent dans le Théâtre Antique. Mais le maestro ne se limite pas là. Il n’hésite pas à glisser quelques morceaux plus rythmés tels que "Makossa", sa voix de bronze lui faisant même prendre des airs de crooners américain.
Fidèle à sa réputation, Manu a offert un concert plein d’une énergie dont lui seul a le secret. Ne pouvant renier son héritage africain, il propose une réinterprétation toute personnelle de l’œuvre de Sydney Bechet. Une prestation qui réussi sans mal a maintenir le public éveillé, parfaitement adaptée à cette all night jazz.

Pascal Percie du Sert

Boogie Wonderband: tribute to Earth, Wind and Fire

S’attaquant à un monstre de la culture américaine, la formation Boogie Wonderland essaie de remettre sous les feux de la rampe les titres du célèbre Earth, Wind and Fire. Plutôt fidèle aux participions du groupe américain, les 10 musiciens s’appuient sur une ligne de cuivre des plus solides, renforcée comme il se doit par la régularité sans faille de la batterie.
En revanche, malgré sa bonne volonté, le chanteur ne parvient pas à réveiller la magie qui sortait des micros du groupe originel. Sa voix aigüe ne possède malheureusement pas le timbre adéquat pour coller fidèlement à l’interprétation initial, ni même l’élargir de quelques manières que ce soit.
Cependant, tout ceci apparait comme de petits détails aux yeux fatigués des irréductibles de cette "All Night Jazz". Ravis de pouvoir danser jusqu’au bout de la nuit, les quelques spectateurs encore debout à l’approche du lever du soleil n’ont pas boudé leur plaisir.
Une clôture de festival très disco/funky qui semble faire recette, mais qui peine a recréer l’atmosphère si particulière des concerts d’Earth Wind and Fire.

Pascal Percie du Sert

N'oublions pas les improvisations picturales (voir ici...) qui ont tenu leur dernière séance 2007 vendredi après-midi ainsi qu'un "boeuf pictural".

La clôture du festival, c'est aussi l'heure d'un pré-bilan

En présence du Député-Maire de Vienne, Jacques Remiller, Jean-Paul Boutellier (Directeur de Jazz à Vienne) et Patrick Dussène (Président de Vienne Action Culturelle) ont dressé un premier bilan du festival 2007.

Bien évidemment l'invité surprise, la météo exécrable a été mentionnée en premier, obligeant même à interrompre un concert pour la première fois de puis 27 ans. Toutefois cela n'a pas altéré la fréquentation par rapport à 2006.

Le nombre d'abonnés est de 2300.
On constate une forte augmentation de la réservation des places via internet.
Le nombre de partenaires présents augmente de 15% (Jardins et Club Jazz Entreprises)

Le bilan financier n'est bien évidemmnt pas encore disponible, mais devrait être au moins équilibré.

Coté remplissage il y a eu moins de soirées "sold-out" mais un meilleur lissage de la fréquentation.

Sur un plan artistique, le programme était plus ambitieux que les années passées avec moins de "grosses vedettes". Cette programmation "niche" permet à Jazz à Vienne de résister à la concurrence des nombreux spectacles vivants offerts par les collectivités territoriales à leurs administrés.

J.P. Boutellier tient à rappeler que d'après lui et nombre de musiciens rencontrés lors du festival, le public de Vienne est "unique au monde". Notamment dans son apreté à rester sur place malgré la pluie.

J.P. Boutellier revient sur les différentes activités du festival: En commençant par le Jazz Mix dans son nouveau lieu : Le Magic Mirror, qui s'est révélé être un succès incontestable et qui sera reconduit l'a nnée prochaine. Le club de Minuit a continué dans sa fonction d'accueil accoustqiue et convivial. L'Académie s'est renforcé. Les liens avec la ville et la population ont été renforcés notamment au travers d'activités telles que Jazz en ville, avec ses déambulations et ses fanfares.

Jacques Remiller a confirmé que le partenariat entre la municipalité et V.A.C. fonctionne parfaitement et que pour la première fois cette année il n'a pas reçu de plainte significative de la part de Viennois par rapport au festival.

Enfin Patrick Dussène confirme que l'embauche d'un Directeur pour Vienne Action Culturelle est toujours d'actualité et que cela suit son cours.

Pas d'information sur la programmation de 2008 !