Jazz-Rhone-Alpes.com

Edito (mercredi 12 juillet 2007): Cuba

Cuba à l'honneur: Maraca puis Chucho Valdes

La musique cubaine sonne désormais de façon un peu différente dans le théâtre antique. Comment oublier que c'est là qu'il fut donné d'entendre l'un des derniers concerts d'Ibrahim Ferrer, si ce n'est le dernier, découvert et encensé avec le Buena Vista.

Pourtant, la musique cubaine est toujours bien présente à Vienne à laquelle elle fournit toujours une soirée chaude et très fréquentée. Ce sera d'autant plus le cas cette année que le Brésil fait défaut.

Pour entamer la soirée, place au Maraca Salsa & Latin Jazz Band, une belle formation nourrie de cuivres, de percussions et de voix emmenée par Orlando Valle. Ce dernier, vrai natif de La Havane où il a fait ses études musicales (section flûte) doit sa réputation au groupe Irakere, fondé alors par Chucho Valdes (voir plus loin) et Paquito D'Riveira. Le temps d'en assimiler toutes les leçons et il décide de voler de ses propres ailes en fondant le Otra Vision. Ce n'était qu'une étape. Depuis des années, Orlando Valle ne cesse d'enregistrer, de multiplier les projets tel celui du Maraca & Afro Cuban Jazz Masters qui réunissait comme son nom l'indique quelques - uns des meilleurs musiciens du genre.

Ce soir, il arrive bien entouré de quelques-uns des meilleurs instrumentistes cubains à même de mettre le théâtre dans l'ambiance, si la météo veut bien se mettre de la partie. Suivra donc l'un de ses mentors, Chucho Valdes, à ce point incontournable qu'on croit le croiser à peu près à chaque édition de Jazz à Vienne. Il sera quant à lui en quintet ce soir, pour distiller ce jazz cubain, musique à la croisée de tant de chemins qu'elle ne saurait se résumer à quelques thèmes ou arrangements. Chucho Valdes a de qui tenir mais surtout, a fait sienne tant et tant d'expériences que chacune de ses synthèses mérite la plus grande attention.

L'équipe de Jazz-Rhone-Alpes.com

Au programme le jeudi 12 juillet 2007:

Scène de Cybèle

• (16h00): Bi.bass
• (17h30): Atelier hommage à Eroll Garner
• (19h00): Glenelg High School Jazz Band

Ciel de Lyon (Bar de l'hotel SA Radisson):

• (19h00): Jack Bon

Théâtre Antique:

• (20h30): Maraca Salsa & Latin Jazz Band
• (22h00): Chucho Valdes Quintet

Jazz Mix

• (23h00): Melting Pot

Club de Minuit

• (23h30): Eric Legnini trio

Les improvisations picturales (voir ici...)

Tous les concerts sont gratuits, excepté le concert du Théâtre Antique (voir tarifs ici)

Vu au Théâtre Antique mercredi soir

Honneur au Gipsy Jazz : soirée des virtuoses (en)cordés

En ce mercredi soir, le théâtre antique de Vienne rend un hommage au fabuleux Django Reinhart, en invitant trois représentants de son vaste héritage : le crooner Lemmy Constantine, suivi des cinq guitares des Enfants de Django, pour enfin laisser le champ libre à la fougue du trio Rosenberg, accompagné ce soir du clarinettiste et saxo alto Koen de Cauter et violoniste Didier Lockwood.

Assumant jusqu'au bout de son chapeau de feutre son statut de crooner, le californien de Panam, alias Lemmy Constantine, propose son habituel mélange entre l'esprit "Rat pack" de Frank Sinatra et l'énergie du gypsy jazz de Django Reinhardt. Sous ces airs d'acteur américain calqués sur ceux de son père, le comédien Eddie Constantine, il ouvre cette grande soirée avec une réinterprétation très personnelle de "I got you under my skin" teintée par le violon de Mathilde Febrer, ôtant le coté clinquant propre au style de Sinatra. Quelques compositions se glissent dans son répertoire, montrant l'éventail musical du monsieur, fortement influencé par le jazz manouche.
Les nombreux spectateurs déçus par la sortie de scène de Lemmy, précipitée par sa programmation au Club de Minuit, se sont vite ravisés lors de l'entrée des Enfants (alsaciens) de Django.

Cette formation qui écume les festivals de jazz et de musique manouche fait de plus en plus parler d'elle, et de belle manière. Avec plus de trente cordes en action (cinq guitares et une contrebasse), ils possèdent les atouts pour mettre le Théâtre Antique en émoi. Reprenant les standards du professeur Django aussi bien que des titres moins connus, ils modernisent son héritage grâce à l'apport bénéfique de la guitare électrique de Mike... Reinhardt (il n'y a pas de hasard). Descendant en droite ligne de familles de musiciens manouches, les Enfants de Django baignent depuis leur plus tendre enfance dans les mélodies inventées par leur maître. Avec eux, cette musique conçue dans les années trente reprend des couleurs étonnamment actuelles.

Leur succède ensuite, le Trio Rosenberg, qu'on ne présente plus. Tous droits venus des Pays Bas, perpétuant la grande tradition de la musique tsigane, ils allient la virtuosité, la précision et la rapidité d'exécution, éléments caractéristiques de la musique de Django, à qui tout le monde fait référence ici. La clarinette de Koen de Cauter rajoute une touche de légèreté à cet univers rythmé uniquement par le grattement des cordes. Puis le niveau monte encore d'un cran (si c'était encore possible) avec l'arrivé de l'invité de marque : Didier Lockwood. Violoniste talentueux, constant, ce grand musicien a abordé tous les styles au travers d'une carrière éclectique, du plus classique au plus moderne. A la force de l'archer, il rajoute une pointe d'énergie, notamment lors de son duel de cordes avec Stochelo Rosenberg.
Le violoniste français a offert pour cet hommage une performance qui honore sa réputation, permettant à la musique de Django de découvrir des univers sans cesse renouvelés. Cette soirée aura offert à un Théâtre Antique plein à craquer un témoignage émouvant à l'inventeur du jazz manouche: Django Reinhardt. Un spectacle mélodique, varié et très swing, aux accents de compétitions entre guitaristes de talents.

Pour sûr, le jazz manouche a encore de beaux restes et surtout un avenir !

Pascal Percie du Sert

Ce soir au Club de Minuit (mercredi 11 juillet 2007):

Eric Legnini trio *

Faut-il encore présenter ce pianiste talentueux, énergique, enthousiaste, disert comme peu et qui fort heureusement enregistre à présent régulièrement. Plusieurs fois présent à Lyon récemment (dont une fois en résidence à l'amphi jazz), il est ce soir au Club de Minuit. Figure du jazz hexagonal, il aime confronter ses expériences avec de nombreux musiciens. Mais, à Vienne, il nous arrive en trio comme souvent, en compagnie de Mathias Alamane (b) et de Franck Aguilhon (dr).

• A partir de 23 H 30 au Club (ou plus tard, le Club ne démarrant pas avant la fin du spectacle du Théâtre antique).

Vu mercredi soir au Club de Minuit

Lemmy Constantine

Avec la même formation que sur la grande scène (le noeud papillon en moins), Lemmy a fini son tour de chant avec des morceaux de son disque "Meeting Sinatra & Django" et d'autres standards de ces deux références.

Le public connaisseur a salué la qualité du jeu de la violioniste Mathilde Febrer, le guitariste "Doudou" Cuillerier semblant lui en petite forme.

Bizarrement le Club de Minuit était étonnament peu rempli et sage. L'heure tardive ? La concurrence du trio Rosenberg ? Bref nous avons pu assister à cette seconde partie de Lemmy Constantine dans des conditions confortables ce qui était bien plaisant.

Vu au Jazz Mix ce mercredi 11 juillet 2007

Poum Tchack : un rock tsigane très rythmé

Reflet des sourires suggérés par l'accent de Marseille (d'où ils sont originaires), Poum Tchack rempli le Jazz Mix d'une ambiance tsigane métissée. Les six musiciens de ce vrai groupe de rock festif débordent d'une énergie propre à faire bouger les foules venues en ce jeudi soir.

Un violon, une guitare, une contrebasse et une batterie... il n'en faut pas plus au groupe Poum Tchack pour ouvrir les portes de leur univers festif. Humoristique jusqu'au bout des ongles (les musiciens se nomment Pim, Pam, Poum), ils offrent une évolution énergique du jazz manouche, dans la lignée du No Smoking Orchestra, le fameux groupe d'Emir Kusturica. Comme lui, ils vont puiser leur énergie au croisement des civilisations, jusque dans les musiques traditionnelles, l'utilisation du Oud en est le meilleur exemple.

Ils oscillent entre rock lourd, ska joyeux et mélancolie laconique ; une diversité des styles qu'ils revendiquent pleinement. Ce n'est pas un hasard s'ils ont assurés les premières parties de groupes aussi différents que Mickey 3d, les Ogres de Barbac ou encore du trublion Jacques Higelin. L'intervention de Didier Lockwood (himself) en fin de concert confirme les bonnes impressions déjà laissées par une très bonne prestation.

Une autre agréable surprise de la programmation alternative du Jazz mix, Poum Tchack trouve parfaitement sa place en clôture de cette soirée spéciale Gipsy Jazz. Très ouvert sur le plan musical, ils représentent sans rougir le coté "djeuns" de ce style déjà très énergique.

Pascal Percie du Sert

Club Presse du 11 juillet 2007 :

Interview de Harry Lapp(Directeur des Festivals d'Antibes et de Strasbourg) et de Jean Paul Boutellier (Directeur de Jazz à Vienne)

A l'approche de la conclusion cette 27ème édition, Robert Lapassade a tenu à recevoir ces deux directeurs des plus importantes manifestations jazz en France.

Plusieurs thèmes furent abordés: du rôle et du devenir des festivals ; de la manière de reconquérir du jeune public ; de la stratégie de la programmation.

1er constat: Nous disposons en France d'un grand nombre de jeunes talents (que ce soit en Jazz ou en musique dite classique); le rôle des festivals est d'être leur tremplin pour leur permettre d'accéder à "l'overground" (par opposition à "l'underground"). Or il se trouve qu'il y a 30 ou 40 ans le Jazz était une musique jouée par des "vieux" pour les jeunes , que le jazz était LA musique de la danse des jeunes. Depuis le jazz, toujours vivant et inventif ne touche guère le jeune public, bien que nombre d'interprètes appartiennent à cette jeunesse. Question : comment détourner les jeunes des "star'ac" et autres produits de mode ?

2ème constat: Le LIEU: Des grosses organisations comme Antibes ou Vienne pour le Jazz; Avignon pour le théâtre tirent leur épingle du jeu car elles bénéficient d'un lieu (Pinède Gould, Théâtre Antique, Cour des Papes) qui interpelle à la fois les artistes et le public et renforce le lien avec le festival.

3ème constat: Les dérive de programmation de certains festivals de jazz (ouverture à la "world music", voire à la variété) n'ont pas permis de recruter une clientèle suffisante ni surtout d'ouvrir la porte des télévisions. Cela conforte la stratégie de respect d'une programmation "jazz".

4ème constat: Les échelles ont changé. Il y a 30 ou 40 ans Ray Charles ou Ella se produisaient devant 1000 personnes, aujourd'hui il est rare de faire moins de 1500 personnes même avec des artistes n'appartenant pas à l'overground. Les festivals sont devenus des "grosses machines" et cela crée un paradoxe avec le besoin d'agilité nécessaire à la production de jeunes talents.

Synthèse par P. Derathé

LES TARIFS

Entrée au Théâtre antique :

• Tarif normal : 30 euros
• Collectivités : 27 euros
• Etudiants :
• Jeunes 12-16 ans accompagnés : 19 euros
• Billet supplémentaire abonné : 19 euros

• Moins de 12 ans : gratuit mais le billet est obligatoire et doit être retiré au guichet le soir du concert.

• Billet espace réservé : 52 euros (HT)

Abonnements :

Abonnement individuel 7 soirées ;

• Tarif normal : 125 euros
• Collectivités, étudiants : 115 euros
• Billet supplémentaire abonné : 19 euros