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Edito (samedi 7 juillet 2007):

Et voilà le Blues ……

Blues infatigable, blues incontournable

Voilà. C’est au moment où le festival passe le col que le Blues pointe le nez. Comme une ligne de partage entre une première semaine assez écartelée et une seconde qui s’annonce tonitruante.
Ce soir, est surtout attendu le révérend Al Green, pasteur avant de devenir star, déjà venu à Vienne il y a près de treize ans : ça situe les choses. Avant lui, c’est Magic Slim qui aura été chargé d’allumer le brasero dans le théâtre. Lui et ses Teardrops y arrivent généralement assez bien.
Enfin, pour ne pas changer de monde, on courra au Club de Minuit découvrir le Nico Wayne Toussaint Blues Band. Ou bien au Jazz Mix retrouver Mark de Clive-Lowe. Enfin, c’est une façon de parler : c’est sa première apparition française.

Au programme le samedi 7 juillet 2007:

Jazz en Ville

• (11h00 & 17h00): Mardi Brass Band

Cour des Carmes

• (12h00): Buffet littéraire
• (17h00): Lettres sur cours: Denis Hirson

Musée de Saint-Romain en Gal

• (16h30): Musaïques : Neal Black

Scène de Cybèle (Le RéZZO)

• (17h30): Lafé Bémé
• (19h00): Tricorde

Théatre antique

• (20h30): Nico Wayne Toussaint blues Band
• (22h00): Magic Slim
• (23h30): Al Green

Jazz Mix

• (23h00): Mark de Clive-Lowe

Club de Minuit

• (00h30): Nico Wayne Toussaint blues Band

Les improvisations picturales (voir ici...)

Tous les concerts sont gratuits, excepté le concert du Théâtre Antique (voir tarifs ici)

Ce soir au Théâtre Antique (samedi 7 juillet 2007 : 20h30):

Soul and Blues Night : Al Green et Magic Slim, deux légendes sur un plateau

Après le succès des soirées Gospel et flamenco, voici le tour de la nuit Soul and Blues. Le jeune Nico Wayne Toussaint est chargé de chauffer le public avant l’arrivée de deux piliers de la musique afro-américaine : Magic Slim, puis Al Green.
Nico Wayne Toussaint nous vient du Sud Ouest de la France. Largement inspirée de ses nombreux séjours au pays de l’oncle sam où il a déjà enregistré deux albums, le son plutôt tourné vers l’électronique contemporaine accueille des textes en anglais mais aussi, fait plus rare, en français. L’intérêt de cette grande soirée réside dans la venue de deux monstres de la culture soul américaine : Magic Slim et Al Green. Le premier est un habitué du Jazz à Vienne, et n’a rien perdu de sa superbe depuis son premier passage en 1981. Malgré ses 70 ans, une légende le prétend capable de jouer plus de 500 titres, sûrement glanés au cours d’une vie plus que mouvementée. Le second, le légendaire Al Green, peut se vanter d’avoir franchi la barre fatidique des cinquante ans de carrière. Il commence très jeune à chanter de la soul, pour ensuite basculer dans un gospel très religieux. Dix Grammy Hawards plus tard, il revient sur le devant de la scène avec un style plus profane dans un album sorti en 2005, accompagné son vieux complice Willie Mitchell.

Ces monstres sacrés de la musique Soul, qui ont bâtit un pan de l’histoire du R’n B avec deux approches bien différentes, offriront un spectacle qu’il est facile de qualifier d’encyclopédie du blues et de la Soul.

Pascal Percie du Sert

A noter que Nico Wayne Toussaint Blues Band rejoindra aussi la scène du club de minuit pour un second concert, à 00h30.

Ca c'est passé au Théâtre Antique hier (vendredi 6 juillet 2007): Kurt Elling puis David Murray et Cassandra Wilson

Comment Kurt Elling parvient à se lover dans le théâtre antique devenu silencieux

Du grand art. Démarrant son set comme il le ferait dans un club en revenant de la pause, le crooner impose son style, sa sobriété, son calme et surtout sa voix

Chapeau l’artiste. Comment en quelques instants, en chantant avec retenue, sans effets particuliers, ni dans la voix, ni sur scène, comme si on était au radio crochet, un chanteur parvient à se lover dans un théâtre antique devenu silencieux. Un théâtre sous le charme. Par peur de troubler, de rompre le fil ténu qui relie de plus en plus solidement 7 à ou 8 000 spectateurs à Kurt Elling et son trio.
Au bout d’une heure de concert, de rappels, d’a capella, d’efforts sincères pour speak en français, le chanteur a fait la démonstration que beaucoup espéraient : au pays si rare et si particulier des crooners, Kurt Elling occupe une place de choix.
Cela tient évidemment avant tout à une voix, à un timbre, qui ne cherche pas à s’imposer d’emblée. D’ailleurs, d’emblée, Kurt Elling n’impose rien. Il démarre comme il le ferait dans un club en revenant de la pause. On exagère à peine. Il sait que le temps joue pour lui et que les vents contraires qui l’escortent en entrant en scène (la lumière du jour, le public un poil dissipé, le bruit de fond) vont finir par se calmer.
Qui plus est, en rien, Kurt Elling ne cherche à forcer l’écoute ou à passer la rampe. A sa manière, le voilà plutôt anti star, la mise discrète, planté devant le micro, une main dans la poche à la rigueur le temps d’une première chanson.
Au fil des thèmes, l’intimité grandit, à coups d’émotions, de sourires, de petits riens. Le crooner se permet même le luxe de mettre son trio en chômage partiel, initiant avec l’un, avec l’autre des petits pas de deux où la voix et l’instrument prennent des reliefs insoupçonnés. La déambulation vocale sur un fond léger de contrebasse résonne encore dans les gradins du théâtre. Mais l’alliance forte qui le relie à son pianiste (Laurence Hogbood) demeure le fil conducteur du set à rebondissements qu’il propose.
Côté scène, Kurt Elling pratique la même sobriété : quelques gestes à peine, ici et là , et un éternel sourire aux lèvres, s’éclipsant de l’avant – scène dès que sa présence n’est plus nécessaire.
Mais n’en oublions pas l’essentiel, ces accents d’une voix unique qui aime tout faire, chanter, imiter, scater, jouer d’un instrument (cf un solo de guitare électrique) bref, devenir inoubliable.


La seconde partie était d’un tout autre registre puisqu’on y recevait David Murray et son excellent quartet qui n’allaient pas tarder à appeler Cassandra Wilson à la rescousse.

A la différence de ce qui arrive communément, le set conserva la même ambition musicale d’un bout à l’autre. Non seulement , le sax de David Murray est riche de ses milliers d’heures de jeu en partie transcrites en disques et d’un cheminement personnel hors norme, mais Cassandra Wilson eut le bon goût de se fondre dans le quartet qu’elle rejoignait en y apportant juste un petit peu de bonheur. Pour ne rien gâter, Lafayette Gilchrist est à rajouter sur la liste des grands pianistes ayant largement donné à la cause viennoise. Pour cela, le moment aussi fut exceptionnel.


Jean-Claude Pennec

La prestation de David Murray est celle d'un musicien maître de son art.

Au cours de sa longue carrière, David Murray a participé à nombre d'expériences en gardant toujours à l'esprit le sens profond d'une tradition où se mêlent Blues, Gospel et Jazz.
Fort bien accompagné par Lafayette Gilchrist au piano, Jaribu Shahid à la basse et Mark Jonhsson à la batterie, il a distillé quelques bons solos bouillonants d'une énergie magnifiée par la belle sonorité de son instrument.
Son invitée , Cassandra Wilson, qui a toujours ignoré les frontières stériles entre genres, s'est intégrée fort naturellement à l'ensemble.
Bien épaulée par David Murray dont la sonorité à la Ben Webster faisait merveille, elle a signé un blues de fort belle allure qui la classe parmi les chanteuses de Great Black Music.

Robert Monsarra

Ca c'est passé au Jazz Mix (jeudi 5 juillet 2007)

Frank Biyong & Massak: Tribute to Fela

Pour commémorer comme il se doit les dix ans de la mort de Fela Anikulapo Kuti, l’un des inventeurs de l’afro-beat, Franck Biyond et son groupe Massak ont investi la scène du Jazz Mix ce jeudi soir. Avec une vision toute particulière qu’il se plait à appeler "Afrolectic sound", Franck revisite les standards du genre, sa fougue donnant une dimension supplémentaire à ce concert déjà haut en couleur.

Les spectateurs regrettant le début du concert un peu tardif ont vite ravalé leurs critiques, l’entrée de Frank Biyong & Massak a été des plus spectaculaires. Quatre superbes jeunes femmes (les "Sœurs Kerma") toutes vêtues de blanc, envahissent la scène dans une chorégraphie empreinte de douceur et de volupté alors que le groupe commence à jouer. Toutes les quatre déposent alors une bougie sur le sol, avant de saupoudrer les abords de la scène de paillettes dorées. Un instant magique, qui prouve que Franck Biyong ne s’est pas trompé au moment de choisir ses choristes !
Epaulé par ses huit musiciens, plus les choristes, Franck nage comme un poisson dans l’eau, et peut ainsi faire partager son plaisir à enchaîner les titres de Fela, son mentor. On sent très vite le sérieux de cette formation parisienne, qu’il oriente tel un chef d’orchestre. La musique qui s’en dégage, énergique et métissée, fait apparaître de nombreux sourires dans le public qui pourtant a du mal à se mettre en mouvement, malgré les nombreuses invitations des musiciens.
Au fur et à mesure que l’heure avance, l’afro-beat pur jus laisse place à des moment plus rock avec de long solos de guitare électrique du maître de cérémonie, voire d’une pointe de Soul grâce au chant sensuel et envoûtant de la choriste principale. Entre rage et sensualité, sa voix de satin a conquis le public, sa prestation contribuant en grande partie à la réussite du concert.
La soirée se termine par un bœuf improbable où viennent se mélanger les talents de Taylor McFerrin au micro, mais aussi de Cheik Tidiane Seck au clavier ; ce musicien malien qui quelques heures auparavant enflammait le théâtre antique en première partie de Dee Dee Bridgewater.
C’est donc un hommage émouvant, où la bonne musique provoque une vraie chaleur humaine, que Franck Biyong et le groupe Massak ont rendue à l’un de leurs pères spirituels. Un spectacle grisant que le Black President lui-même n’aurait pas renié.

Pascal Percie du Sert

Line-up : Franck Biyong (voc lead, g, cond), Nicolas Baudino (s, fl), Loic Da Silva (kbs), Bruno Jean-Angèle (b), Jaya (perc), Auguste Manly (dms)
Site officiel : www.myspace.com/franckbiyongandmassak

LES TARIFS

Entrée au Théâtre antique :

• Tarif normal : 30 euros
• Collectivités : 27 euros
• Etudiants :
• Jeunes 12-16 ans accompagnés : 19 euros
• Billet supplémentaire abonné : 19 euros

• Moins de 12 ans : gratuit mais le billet est obligatoire et doit être retiré au guichet le soir du concert.

• Billet espace réservé : 52 euros (HT)

Abonnements :

Abonnement individuel 7 soirées ;

• Tarif normal : 125 euros
• Collectivités, étudiants : 115 euros
• Billet supplémentaire abonné : 19 euros