Edito (jeudi 5 juillet 2007):
Dee Dee, Afrique, Mali, Terre Rouge, Racines ...
Jazz et Mali. Mali et Vienne. Vienne et Dee Dee. Tout ira de pair aujourd'hui à l'occasion de ce Voyage malien que refait sous nos yeux Dee Dee Bridgewater, vieille connaissance de Jazz à Vienne mais qui arrive ce soir avec un propos inédit.
Le temps d'une soirée en effet, le festival s'ouvre largement à la musique africaine : en compagnie de Dee Dee Bridgewater, le meilleur de la musique malienne emmené par l'homme orchestre de la soirée et de la première partie, Cheick Tidiane Seck.
Le festival se poursuit à minuit avec la fameuse Tenor Sax Generation, sorte de petit cours imagé et musical de l'épopée du sax tenor à travers le siècle. Côté Jazz Mix, ne loupez pas Franck Biyong & Massak venu jouer la musique de Fela Anikulapo Kuti.
Enfin, au "Ciel de Lyon", Jazz au Radisson accueille Samy Daussat. C'est beau le jazz dans les nuages, le bar étant en effet au 32° étage de la tour panoramique de la Part-Dieu.
Au programme le jeudi 5 juillet
Scène de Cybèle
- (16h00): Fabrice Tarel Trio
- (17h30): Trio Kl + Geoffrey Gesser
- (19h00): Hamilton All Star Jazz Band
Lettres sur cours
- (16h30): Musée de St-Romain en Gal : Aperçu de poésie d'Afrique du sud
Jazz en ville:
- (17h00): Tam Tam africains
Ciel de Lyon (Bar de l'hotel SAS RADISSON)
- (19h00): Samy Daussat
Théatre antique
- (20h30): Cheick Tidiane Seck
- (22h15): Dee Dee Bridgewater
Jazz Mix
- (22h00): Franck Biyong & Massak (Tribute to Fela)
Club de Minuit
- (23h30): Tenor Sax Generation
Les improvisations picturales (voir ici)
Ce soir au Théâtre Antique
Le voyage malien de Dee Dee Bridgewater
Amérique/Afrique. La star remonte le temps, le fleuve, les courants, ses origines et son histoire et atterrit au Mali. Son voyage est le récit d'une approche mais surtout d'une prise de conscience.
"La terre rouge m'a toujours interpellée, depuis l'époque de ma naissance à Memphis. Et quand je touchai la terre rouge de Bamako, quand je respirai l'air du Mali, quand j'entendis les tambours, écouté les griots, je sentis que mon esprit commençait à danser . (...) Mon âme était remplie d'une paix inexplicable. Ce projet est mon ode au Mali et à l'Afrique. C'est l'histoire d'une enfant perdue retrouvant le chemin de sa maison".
Dee Dee Bridgewater qui sera sur scène ce soir au Théâtre antique a déjà eu l'occasion d'expliquer longuement l'origine de ce spectacle, qui est tout simplement celui d'une redécouverte de ses origines maliennes comme de toutes ses origines. Elle dit en effet quelque part qu'elle a aussi du sang irlandais, indien et autres dans les veines et encore ne s'agit-il que de ce qu'elle connaît de l'histoire de sa famille.
Mais à chacun sa madeleine. Pour Dee Dee Bridgewater, ce fut comme elle l'explique plus haut (tiré de son site internet) ce contact avec le Mali. On se souvient peut-être du reportage TV largement diffusé de Dee Dee arrivant à Bamako, interpellé par un vieux cousin qui prétend l'attendre depuis des années. Ou cette remontée ou descente du fleuve bordé de familles entières venues à la rencontre de la star aux anges. "Cette paix inexplicable" sans doute.
Cette rencontre est surtout devenue une aventure commune musicale. Prenant ce qu'il y a de mieux au Mali en matière de musiciens, et Dieu sait que la concurrence doit être rude, Dee Dee Bridgewater a donc monté ce spectacle avec lequel elle tourne de façon intense (elle était hier soir en Italie, et demain est attendue en Norvège).
Au-delà de tout ce qu'on peut attendre de cette chanteuse énergique qui ne perd pas une once d'enthousiasme au fil des ans, un tel projet qui marie musiques africaines et toutes les musiques qui "font" Dee Dee Bridgewater est évidemment excitant. La chanteuse ne conservé de sa mémoire propre qu'un trio jazz familier. Pour le reste, elle ouvre totalement le champ à ces musiciens maliens conviés sur scène. Y figurent quelques perles dont évidemment Cheick Tidiane Seck (à répéter quatre fois pour apprécier la musicalité du nom), au CV long comme le bras.
Un tel projet est d'autant moins anodin que de telles rencontres ne réussissent pas à tout coup parce que, à force de tendre la main, les musiques concernées perdent ce qui les fait exister. Au mieux (cf d'ailleurs quelques concerts de Jazz à Vienne) on arrive à une gentillette juxtaposition avec moult congratulations convenues à la clef. Ici, il en va différemment.
Dee Dee Bridgewater aurait pu très naturellement prendre en charge toute la soirée. Elle en est largement capable et ne s'en est pas privée les années passées à Vienne. Mais, de la même façon qu'elle se met un peu sur le côté pour mieux vanter cette musique retrouvée, elle ouvre la première partie à son mentor malien, Cheick Tidiane Seck, à l'origine aussi du voyage malien. Du coup, en compagnie de quelques-uns des musiciens du "Voyage", il sera là en première partie à mener une initiation rythmée et prophétique à la musique qu'il propose.
Jean-Claude Pennec
Vu hier soir au Théâtre antique (mercredi 4 juillet 2007):
Brad Mehldau - Pat Metheny : marathon et apothéose
Au bout de plus de trois heures de concert non-stop, le théâtre antique a ovationné les deux stars et le quartet dans lequel elles se fondaient
Il a presque fallu retenir son souffle face à la petite avalanche que les deux musiciens ont accouché trois heures durant hier soir au Théâtre antique sans jamais donner l'impression de pouvoir être réduit au silence. Même si les disques qui les avaient précédés mettaient sur la voie de ce que cette rencontre est capable de donner, le long set donné devant un théâtre particulièrement attentif a été d'une particulière intensité entre deux ou quatre musiciens, au gré des moments et de la distribution arrêtée.
Passons d'ailleurs illico à ce quartet, en fait le trio de Brad Mehldau qui accueille Pat Metheny. Au départ, morceau chaloupé puis thème lent, les choses s'emboîtent peu. Tour à tour, le pianiste et le guitariste s'estompent, laisse l'autre passer devant. Bref, comme si se mettait en place un double trio, sage, soigné, qui se succède mais sans se fondre, et ce n'est pas ce qu'on attend. Déjà pourtant tout se met en place. Brad Mehldau, moue de citoyen romain, conduit les opérations. Espiègle, nonchalant, on savait, mais passer à quatre mains, et donc à une dimension supérieure, n'est pas automatique.
CET ART D'ÊTRE A QUATRE
En fait, et c'est bien cela qui fait de ce quartet une étonnante formation, c'est cet art d'être à quatre, avec bonheur, sans mièvrerie, ficelles ou redites. Ou si peu. Cet art de discourir joliment, de faire de chaque moment un instant particulier, qui fait presque à la fin redouter le silence, lorsque ce joli soufflé musical si simple et si facile en apparence, sera retombé.
Le mérite en revient sans doute à Brad Mehldau dont les interventions, sages en apparence, se débrident peu à peu, instaurant une tension croissant. Comme si une fragilité palpable laissait craindre que le pianiste n'aille pas plus loin. La parcimonie avec laquelle il use du piano est inversement proportionnelle à l'intensité des images qui traversent le théâtre. Pour l'heure, Pat Metheny semble plutôt une guest star guettant patiemment le petit signe.
Un si long concert permet des audaces ou des écarts. On ne se presse pas. Ainsi le solo démultiplié de basse mené à bien par Larry Grenadier comme rarement l'autorisent les sets écourtés. Cette basse fusionne l'ensemble, le rapproche. La musique se fait plus profonde, fait mouche. Piano et guitare tissent ensemble une jolie pièce, gracile au possible. D'où des instants rares ne nécessitant que peu de moyens, de gestes, d' attitudes ou d'effets, sauf le plaisir de jouer ensemble.
La longue soirée avait démarré bien autrement. Auteurs d'un album en duo, les deux stars de la soirée avaient démarré leur tour musical par un tête à tête quasi intime s'il n'avait eu lieu devant 7 à 8 000 personnes. Ecoute polie de ces petites pièces entre amis où l'on se laisse aller, attaque, réponse, attente, suite et fin. Déjà, chez Mehldau, cette aisance et cette faculté de capter l'attention et de transformer un thème simple en un morceau de quasi anthologie.
Au final, naviguant du duo au quartet, les deux artistes seront restés plus de trois heures en scène, acceptant avec un plaisir non dissimulé les rappels du public. On peut être sûr qu'on reverra à Vienne Pat Metheny et Brad Mehldau.
Jean-Claude Pennec
Ce soir au Club de minuit Jeudi 5 juillet 2007):
Ténor sax Generation
...ou petite histoire illustrée de l'art du sax ténor dans la planète jazz
Ce soir au club de Minuit, c'est moins un musicien ou une formation qui sera à l'honneur qu'un des instruments les plus représentatifs du jazz : le saxophone ténor. Le projet a quelque chose d'un peu irréel mais a un intérêt évident puisque, pour faire court, il confie à un saxophoniste actuel de la scène hexagonale le soin de revenir sur tel ou tel style spécifique de l'instrument.
On passera ainsi de Coleman Hawkins à John Coltrane puis à Sonny Rollins et à Wayne Shorter. Pour chacune de ces périodes, un sax actuel officiera : Nicolas Montier se chargera d'Hawkins, Franis Bourrec de Coltrane, Olivier Témine de Sonny Rollins et David Prez de Wayne Shorter.
Derrière eux, sera présente une même rythmique où l'on retrouvera Jérôme Regard à la basse, Emmanuel Duprey aux claviers, et Philippe Soirat aux drums. Mais comme l'histoire ne saurait se finir ainsi, le concepteur du projet Michael Chéret et Eric Prost conclueront le projet en abordant l'après Coltrane, des années 70, que symbolise mieux qu'un autre Dave Liebman. Ce courant est en effet au centre du Tenor Sax Generation 2007 et est suffisamment important pour ne pas craindre de l'épuiser durant cette longue soirée.
- A partir de 23 H 30 au Club (ou plus tard, le Club ne démarrant pas avant la fin du spectacle du Théâtre antique.
La galerie du 4 juillet 2007
B. Mehldau & P. Metheny / Steve Potts & Michel Edelin quintet / David Murray
LES TARIFS
Entrée au Théâtre antique :
- Tarif normal : 30 euros
- Collectivités : 27 euros
- Etudiants :
- Jeunes 12-16 ans accompagnés : 19 euros
- Billet supplémentaire abonné : 19 euros
- Moins de 12 ans : gratuit mais le billet est obligatoire et doit être retiré au guichet le soir du concert.
- Billet espace réservé : 52 euros (HT)
Abonnements :
Abonnement individuel 7 soirées ;
- Tarif normal : 125 euros
- Collectivités, étudiants : 115 euros
- Billet supplémentaire abonné : 19 euros