Vienne : le jour le plus long
Pour cette seconde journée de Jazz à Vienne, munissez-vous de deux oreilles de plus au risque de louper l'inloupable.
Rassurez-vous tout de même, pour les matinaux, rien n'est prévu, si ce n'est d'oublier la semaine d'enfer qui vient de s'achever.
Du côté de Vienne, les évènements ne démarreront qu'à 16 heures avec les deux concerts Rezzo programmés sur la scène de Cybèle. Pour les formations engagées dans ce concours, les choses sérieuses commencent. Au programme l'Arbre à Trois Têtes, trio made in Rhône Alpes qui démarre donc ce concours 2007 et Julien Bertrand Quintet venu d'Auvergne.
Suivront au théâtre antique Manu Katché et ses baguettes, le Paris Jazz Big Band qui a déjà fait ses preuves enfantines jeudi et que l'on fait donc redoubler.
Enfin, pour les nuiteux, retenons que le Club de Minuit donne toute latitude à un certain Marc Richard pour triturer des standards célèbres du temps du Duke et de Johnny Hodges, son plus célèbre alto.
Pour ceux qui ont le don d'ubiquité, il faudra se transporter jusqu'au Jazz Mix. Autre ambiance, autre musique. Ce soir, sont sur scène Ceux qui Marchent Debout : on est évidemment loin de Johnny Hodges mais ça risque de décoiffer du côté du Rhône.
Fin des festivités vers 2 ou 3 heures. Pour ceux qui manqueront des épisodes, n'oubliez pas de nous confier vos emails (cliquez ici pour vous abonner) pour qu'on vous raconte ce que vous avez loupé.
L'équipe de Jazz-Rhone-Alpes.com
30 JUIN : LE PROGRAMME DE LA JOURNÉE
11 H 00 & 17 H 00: Jazz en ville : Dixieland Band
17 H 30: Scène de Cybèle : AZAD (Concours REZZO)
20 H 30 : Théâtre antique : Paris Jazz Big Band
suivi de Manu Katché en quartet
23 H : Jazz Mix : Ceux Qui Marchent Debout (CQMD)
00 H : Club de Minuit : Marc Richard Quintet : Hommage à Johnny Hodges (voir ici)
- Tous les concerts sont gratuits, excepté le concert du Théâtre Antique (voir tarifs par ailleurs).
Ce soir au Théâtre antique : Du Paris Jazz Big Band à Manu Katché
On pourrait s'arrêter sur chacun des musiciens qui composent le Paris Jazz Big Band, de Pierre Bertrand et Nicolas Folmer qui l'ont créé au détour du millénaire jusqu'à toute la "piétaille" qui les entoure.
En la matière, ce grand orchestre rassemble quelques-uns des meilleurs souffleurs de la scène hexagonale actuelle. Si on les retrouve périodiquement dans de multiples autres configurations - ainsi hier soir Stéphane Chausse en quartet au club de minuit- c'est tout de même en big band qu'ils sont censés pouvoir donner toute leur mesure.
Et ce sera le cas ce soir. Après avoir administré une leçon de jazz pédagogique jeudi matin aux écoliers et collégiens présents dans le théâtre antique, le Paris Jazz Big Band revient ce soir avec un seul but en tête : montrer les vraies facettes des talents qui le composent mais qui sont plus souvent en studio ou en tournée à accompagner des artistes non négligeables comme Jonasz, feu Nougaro ou Henri Salvador. Cette fois, il s'agira pour tous de démontrer le talent imparable de ceux qui le composent. Comme s'il en était besoin.
Suivra ce soir Manu Katché, batteur comme on n'en fait plus qui revient ici en quartet où l'on retrouve à nouveau Jérôme Renard (contrebasse), Franck Avitabile et Alex Tassel au bugle. De quoi être rassuré sur le ton jazzy de la soirée.
Ca s'est passé au Théâtre Antique (vendredi soir):
ROBIN MCKELLE AU-DELA DU TEMPS
La jeune américaine n'a pas eu à forcer son talent pour emballer le théâtre antique, largement aidé par un Big Band concis et puissant placé sous l'efficace baguette de François Laudet
Pour un festival placé sous l'orme de la voix et du vocal, Jazz à Vienne a frappé fort et bien et placé la barre à une hauteur non négligeable. Robin McKelle, une jeune femme tout sourire comme son prénom ne le dit pas forcément, en est l'auteur(e). Une Américaine presque inconnue, débarquée de son Boston natal sans réputation particulière. Pour corser la chose, elle débarquait à Vienne avec une formation bien frenchie drivée par le maître drums François Laudet : soit donc quelques répétitions ensemble à peine comme on peut l'imaginer.
De fait, lorsque la jeune femme entre en scène, on sent quelques hésitations. Pourtant la voix est déjà bien posée, mélange de force et de fragilité, déployant cette liberté de ton chaleureuse qui constitue presque immédiatement son empreinte.
Bref, il n'a pas fallu beaucoup de temps, une cascade involontaire, une nuit qui tombe, une baguette un peu plus magistrale, des trompettes un peu plus soudées encore pour que la machine s'épanouisse. Hasard de l'alchimie : peu de temps avant d'entrer en scène, Robin McKelle avait appris que les grandes Ella et Sarah avaient fréquenté cette scène. Et de fait , on l'a dit et redit ici et là tant ces voix nous manquent, Robin McKelle a avec elles plus d'une similitude. Ce n'est pas pour rien qu'elle reprend d'ailleurs un des thèmes chers à Ella Fitzgeral. On l'a particulièrement ressenti enfin lorsqu'elle a laissé aller son scat, sur un théâtre conquis. Oubliée sa petite chute sur un retour mal placé qui aurait pu faire plus mal.
Derrière elle, le Big Band sonnait de mieux en mieux, sur un répertoire qui sied à cette chanteuse qui a hier soir une fois de plus montré la vitalité vocale d'outre atlantique.
Le public en a redemandé, pensez-donc. Pour elle comme pour cet ensemble concis, puissant se repassant les impros avec un malin plaisir. Bref, pour Robin McKelle qui a fini sur une dernière ballade au piano, l'entrée est assurément réussie. Pour Vienne aussi.
J-C.P.
E.S.T. : Froid mais pas seulement
Le trio ne s'est pas si mal sorti de son concert nocturne même s'il n'a pas totalement convaincu
Le contraste n'était pas en leur faveur : entre une Robin McKelle radieuse, souriante, face à la scène et le trio EST retenu, recroquevillé sur lui-même , le jeu était inégal. Pourtant ainsi en avait-il été décidé, Esbjörn Svensson et ses deux alter ego étaient chargés de finir la soirée.
Dans ce type de concert, il y a de beaux moments, où la musique devient denrée rare, où chaque note est pesée, millimétrée avant d'être jouée, où le piano et la basse s'enlacent devant nous pour une danse sortilège.
Mais le sortilège ne marche pas à tous les coups. Certes, EST mérite sa réputation d'un trio abouti renouvelant en partie le genre grâce à une approche instrumentale peu banale.
Mais à l'inverse, la parcimonie de notes ou d'effets n'entraîne pas forcément l'adhésion. A mi-chemin des plus jeunes années de Keith Jarret ou de l'aventure Pink Floyd, le trio EST impose assez facilement une vision d'un jazz éthéré, où chaque note est quasi un arrachement, où piano, basse, batterie se liguent pour nous restituer un décor hors du commun, froid, peu bavard, essentiel. Certes, le pianiste quitte parfois cette retenue pour attaquer quelques rythmes d'une toute autre force. Mais la tentation est grande, trop grande de revenir à cette expression limpide. Trop limpide.
J-C.P.
Club de minuit (samedi 30): Marc Richard dans un sacré quintet
Il n'y aura qu'à se laisser guider par Marc Richard et ceux qui l'escortent à Vienne. Du très beau monde. Avec au centre, le souvenir de Johnny Hodges
Zut. A peine ça démarre et à peine le Club de Minuit va avouer ses minuscules dimensions. Pour cette seconde soirée, l'antre divine accueille en effet Marc Richard et quelques-unes de ses bonnes relations comme François Biensan à la trompette, Philippe Milanta au piano, Raphaël Dever à la basse et, once again, François Laudet aux drums, à peine sorti de son concert avec RobinMcKelle. Bref, un très beau quintet de musiciens dont on peut attendre un swing massif et constant.
Au menu du jour, un hommage à Johnny Hodges, ce sax alto éblouissant qui durant des années a repoussé les limites des interventions en solo sous la baguette du maître Ellington.
Bizarrement, après avoir duré durant des décennies au panthéon des grands souffleurs, Hodges qui a accumulé les apparitions, les disques, les carrières en sideman comme en solo ou en leader, a vu son image s'estomper. Le jazz aussi connait de telles pertes de mémoire inexplicables. C'est pourquoi le set de Marc Richard sera le bienvenu même s'il nous oblige déjà à des choix draconiens : rester jusqu'au bout au théâtre antique ou dévaler en douce quelques instants avant le final, vers le Club de Minuit. Mais c'est quand qu'ils mettent un toboggan entre les deux ?
Fort heureusement, Marc Richard a eu la bonne idée d'enregistrer un album déjà culte il y a une paire d'années consacré précisément à la musique du grand souffleur (Cooking the rabbit, chez Black & Blue). Les tirades de Marc Richard le disputent à quelques belles interventions de François Biensan. Comment faire autrement quand on dispose derrière d'une telle rythmique.
Jean-Claude Pennec
La galerie du 29 juin à Vienne
Robin McKelle, suivie de E.S.T. au théâtre Antique.
Club de minuit: Stéphane Chausse Quartet
Jazz Mix: La Fonction
Et demain ...
Journée GOSPEL
Cathédrale St-Maurice
- (10h30): Célébration avec Graig Adams et l'association Cathédrale vivante
Scène de Cybèle
- (16h30): Edouard Leys Trio (Concours REZZO)
- (18h00): Undertow (Concours REZZO)
Théatre antique
- (19h30): Liz McComb
suivi de
- Graig Adams & the voices of New Orleans
suivi de
- Cinéma The Spirit of Gospel
LES TARIFS
Entrée au Théâtre antique :
- Tarif normal : 30 euros
- Collectivités : 27 euros
- Etudiants :
- Jeunes 12-16 ans accompagnés : 19 euros
- Billet supplémentaire abonné : 19 euros
- Moins de 12 ans : gratuit mais le billet est obligatoire et doit être retiré au guichet le soir du concert.
- Billet espace réservé : 52 euros (HT)
Abonnements :
Abonnement individuel 7 soirées ;
- Tarif normal : 125 euros
- Collectivités, étudiants : 115 euros
- Billet supplémentaire abonné : 19 euros