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Les pérégrinations viennoises

vu le jeudi 28 juin 2012 à Vienne

The Amazing Keystone Big Band, Pierre et le Loup et les enfants

Le 28 juin au matin, le Amazing Keystone Big Band joua au théâtre antique de Vienne face à un très jeune public, pour permettre aux enfants de primaire de découvrir différents styles de jazz, avec une version de Pierre et le Loup très spéciale. C'est l'équipe de Jazz à Vienne qui proposa au Big Band de prendre en charge ce concert. Ce groupe de copains sauta sur cette occasion de faire découvrir au jeune public le jazz. Jon Boutellier, Fred Nardin et Bastien Ballaz se sont occupés de réadapter en jazz la musique d'origine écrite par Prokofiev.

Nous retrouvons très bien les personnages classiques tout en reconnaissant les modifications.

Les instruments ont aussi changé, bien sûr.

Le quatuor à cordes, qui représente Pierre, est remplacé par la section rythmique, contrebasse, guitare et piano.

Les cors (le loup) par les trombones et le tuba,

La clarinette (le chat) par le saxophone ténor,

La flûte (l'oiseau) n'a pas changé mais est accompagnée par une trompette avec une sourdine.

Le hautbois (le canard) est remplacé par le saxophone soprano,

Les bois, cuivres et percussions (les chasseurs) par tous les instruments à vent plus la batterie,

Et le basson par le saxophone baryton, un grand-père très réaliste.

Si je devais décrire ce concert par un seul mot, je dirais que c'était un jeu. Chaque petite partie commençait par un personnage et sa mélodie, mais au bout du compte cela se terminait en une explosion musicale jouée par tout l'orchestre et les musiciens avec le sourire aux lèvres.

Ils nous ont fait partager ce jeu en nous invitant à chanter la mélodie de Pierre avec eux.

La plupart musiciens font de la musique depuis leur plus jeune âge, comme Jon Boutellier en classe musicale à Vienne, et trouvèrent passionnant pour eux, et intéressant pour les enfants, de jouer cette musique écrite pour les plus jeunes. Ils espèrent leur avoir donné envie de faire de la musique, ou avoir incité ceux qui en font déjà à continuer.

Le groupe a beaucoup aimé ce jeune public car on voit tout de suite quand cela leur plaît.

Eve Robin (13 ans)

voir aussi l'article de son papa : Le Pêle Mêle de François Robin

Bal a fond en ouverture des jardins de Cybèles : Tambours battants !

En collaboration avec la biennale de la dance, Jazz a Vienne et le Rhino jazz(s) ont offert la scène de Cybèle aux compagnies de danse africaine Sokan et Angata menées par Merlin Nyakam et Faby Gaggione.

Si l'on sait depuis longtemps que les racines du jazz se trouvent en Afrique, la force avec laquelle les musiciens exploitent leurs percussions nous emmène tout droit sur les rives du Sanaga, le plus long fleuve du Cameroun.

C'est a Faby Gaggione, sénégalaise de cœur, d'ouvrir les hostilités, avec sa compagnie Angata et ses nombreuses femmes de tous âges qui s'éclatent en déclenchant au milieu de la foule leurs déhanchement si particulier. Les mouvements répétés à outrance semblent simples, d'apparence primitifs, mais visiblement jubilatoires. Les bras se lancent vers les cieux au rythme effréné du fracas des mains meurtris des sept percussionnistes. Les sourires des danseuses croisent le regard amusé des spectateurs, et grosse chaleur aidant, le dépaysement paraît total.

Quand Merlin et ses pics en aluminium montent sur scène, le coté rigide qu'impose la chorégraphie de groupe vole en éclats. A travers de petites anecdotes sur des rencontres amoureuses et autres histoire de séduction, il apprend ses pas de danses à un public qui n'en demandait pas tant. Les corps se balancent dans une énergie communicative prompte à aguicher le plus réfractaire des jazzman.

Mais qui trop embrasse mal étreint. A force de pédagogie, il réussi a faire entrer le public dans cette transe quasi rituelle. Revers de la médaille, ce processus prend du temps, les pas se compliquent bien trop vite. Au final, les deux petits morceaux paraissent bien maigres face à l'orgie annoncée. A moins de suivre les ateliers de danse africaine prodiguée par Merlin Nyakam himself. Ou d'avoir eu la chance d'assister à sa performance quelques heures plus tard sur la scène du théâtre antique.

Pascal Percie du Sert

La soirée d'ouverture au Théâtre Antique

C'est encore une fois Jean-Paul Boutellier qui ouvre la soirée au Théâtre Antique. Il indique au public qu'après trente deux ans de bons et loyaux services il passe la main à Stéphane Kochoyan nouveau directeur de l'EPIC Jazz à Vienne, ce dernier est visiblement ému par cette passation. A leurs côté on retrouve, l'autre Jean-Paul, Chazalon, président du RhinoJazzs qui co-produit la soirée.

C'est a la compagnie Transe Express qu'est revenu la lourde tache de chauffer un peu le public du Théatre Antique avant l'arrivé de Blitz the Ambassador. Si sur la scène de cybèle on aurait put se croire sur le continent africain, c'est bel et bien a un charmant village de campagne que fait penser cette fanfare grand-guignolesque.

Grimés comme des artistes de cirque, ils déambulent à chaque changement de scène parmi les spectateurs, ce qui ne manque pas de faire danser les plus motivés.

Blitz The Ambassador avec Sandra Nkaké et la Compagnie Transe Express

Après une ouverture en fanfare, Blitz The Ambassador -rien que ça- exploite le filon de la musique festive pour chauffer le théâtre antique. Entre rappeur New-Yorkais et néo-Motown, le personnage n'a pas peur de s'engager dans un medley hommage à Miriam Makeba après un ska endiablé porté par les trois excellents cuivres qui l'accompagnent.

Il est un peu moins surprenant de la part du Ghanéen de se tourner vers l'afrobeat et le highlight de Fela pour un nouvel hommage un peu plus proche de son répertoire habituel. Tout au long de ce set éclectique, on retrouve l'ambiance du festival et le public qui danse (encore !) après toute une après-midi de préparation.

Pour le rappel, on notera l'apparition furtive de Sandra Nkaké, venue chanter un de ces derniers morceaux, histoire de nous donner l'eau à la bouche avant son passage en solo lors de la dernière soirée.

Claire Jalmain

La compagnie Transe Express et le bal africain

La seconde partie du spectacle s'ouvre avec quelque chose d'inédit. La compagnie de spectacle de rue Transe Express, dromoise, hérititère des Royal de Luxe remet au goût du jour le "tambour français".

Le spectacle de rue a ceci de particulier c'est qu'il est vite confronté à la foule et que les les acteurs disparaissent facilement sous la masse...

Son créateur Gilles Rhodes est à la fois batteur et amoureux de Calder. L'idée était donc évidente d'élever le débat au moyen de câbles. Le "Mobile Homme" était né. Un mobile à taille humaine constitué des huit tambours majors de la compagnie Transe Express. Une énorme grue à jardin (à gauche en regardant la scène) dotée d'une flèche maximum de soixante mètres et d'une capacité d'emport de plusieurs dizaines de tonnes soulève délicatement le mobile humain. Nos soldats de plomb en costume pseudo napoléonien reprennent leurs rythmes et tous les regards se tournent vers ce spectacle aérien. L'effet dans la nuit est saisissant et le public applaudi à tout rompre. Tout en haut une trapéziste effectue quelques mouvements, mais c'est bien les déplacement des tambours en l'air qui captive.

Cet interlude aura permit d'installer un ensemble de percussions sur scène qui reprendra en écho celles des airs. Arrive le maître des ballets de la journée, Merlin Nyakam qui entame un solo court mais vif repris ensuite par toute la compagnie de danseuses vue à Cybèle dans l'après midi.

La scène se transforme en une débauche d'énergie et de mouvement et les danseuses ont l'air particulièrement heureuses de participer à cette grande fête payenne.

On s'éloigne du jazz pour se rapprocher de ses lointaines racines africaines.

Pascal Derathé

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